Emile ZOLA. Pierre-Auguste RENOIR (illustrateur).
L'ASSOMMOIR. Edition illustrée.
En vente chez C. Marpon et E. Flammarion, s.d. (1878). [Paris, Imprimerie E. Martinet]
1 volume in-4 (30 x 21,5 cm) de 466 pages.
Reliure plein maroquin rouge vermillon, dos à nerfs janséniste, dentelle dorée en encadrement intérieur des plats, double-filet doré sur les coupes, tranches dorées sur témoins (non rogné). Couverture imprimée tirée sur papier jonquille conservée (les deux plats). Rousseurs éparses très acceptables. Légères salissures aux plats de la couverture imprimée. Reliure fraîche avec quelques ombres et marques sans gravité. (reliure signée DAVID).
Première édition illustrée.
Un des 130 exemplaires numérotés sur papier de Hollande avec une double suite des gravures sur chine avant la lettre (intercalée), seul tirage sur grand papier.
Cette première édition illustrée a paru en 59 livraisons de mai à décembre 1878. Elle est illustrée de 62 grandes compositions gravées sur bois, dont une sur le titre, une dans le texte et 60 à pleine page, d’après André Gill, Frédéric Régamey, Bellenger, Clairin, Alfred Garnier, Maurice Leloir, Auguste Renoir, etc.
Les quatre compositions gravées d'après Renoir pour cet ouvrage sont fameuses – surtout celle du café-concert (p. 272). Elles sont ici en double épreuves. Ce sont les seules illustrations données par Pierre-Auguste Renoir pour un livre.
L'Assommoir a paru en feuilleton dès 1876 dans Le Bien public, puis dans La République des Lettres, avant sa sortie en livre en 1877 chez l'éditeur Georges Charpentier. C'est le septième volume de la série Les Rougon-Macquart. L'ouvrage est totalement consacré au monde ouvrier et, selon Zola, c'est « le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l'odeur du peuple ». L'écrivain y restitue la langue et les mœurs des ouvriers, tout en décrivant les ravages causés par la misère et l'alcoolisme. À sa parution, l'ouvrage suscite de vives polémiques car il est jugé trop cru. Mais c'est ce naturalisme qui, cependant, provoque son succès, assurant à l'auteur fortune et célébrité.
Gervaise Macquart, le personnage principal, une provençale originaire de Plassans, boiteuse mais plutôt jolie, a suivi son amant, Auguste Lantier, à Paris, avec leurs deux enfants, Claude et Étienne Lantier. Très vite, Lantier, paresseux, infidèle et ne supportant pas de vivre dans la misère, quitte Gervaise et ses enfants pour s'enfuir avec Adèle. Gervaise, travailleuse, reprend alors le métier de blanchisseuse qu'elle a appris à Plassans. Elle accepte d'épouser Coupeau, un ouvrier-zingueur auquel elle a fini par céder. Le bon cœur et la faiblesse sont des traits forts du caractère de Gervaise. Ils auront une fille, Anna Coupeau, dite Nana, héroïne d'un autre roman des Rougon-Macquart. Gervaise voit mourir Coupeau à Sainte-Anne — les crises de delirium tremens de Coupeau sont un des moments forts du roman. Elle se retrouve pratiquement à la rue, réduite à la mendicité. Elle meurt victime de la faim et de la misère, dans un réduit situé sous l'escalier de l'immeuble. Personne ne la voit mourir et c'est l'odeur qui alerte les voisins.
Quand le roman paraît en volume en janvier 1877, il est interdit de vente dans les gares.
Cette édition illustrée rend avec force l'ambiance du chef d'œuvre du naturalisme.
"il ne faut point conclure, que le peuple tout entier est mauvais, car mes personnages ne sont pas mauvais, ils ne sont qu’ignorants et gâtés par le milieu de rude besogne et de misère où ils vivent." (Emile Zola)
Provenance : de la bibliothèque Daniel Henry Jr. Holmes avec son ex libris portant la devise latine "solus cum illis nunquam".
Cette première édition illustrée (édition populaire diffusée en livraisons à prix très modique) mérite d'être recherchée par les bibliophiles, avec d'autant plus de ferveur que le tirage est comme ici sur grand papier de Hollande (les exemplaires du tirage ordinaire nous sont parvenus le plus souvent en médiocre condition de papier et de reliure) et luxueusement relié à l'époque en plein maroquin signé.
Très bel exemplaire luxueusement relié à l'époque du tirage en grand papier de ce monument de la littérature française.
Très rare dans cette condition.
VENDU - Prix : 4.200 euros