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lundi 17 février 2020
Guillaume-Thomas Raynal. Réponse à la censure de la faculté de théologie de Paris contre l'Histoire Philosophique et Politique des établissements et du commerce des européens dans les deux Indes. 1782. Bel exemplaire en condition d'époque.
[Guillaume-Thomas Raynal].
Réponse à la censure de la faculté de théologie de Paris contre l'Histoire Philosophique et Politique des établissements et du commerce des européens dans les deux Indes. Par M. l'abbé Raynal.
Londres, 1782 [probablement imprimé en France, en Province]
1 volume in-8 (20 x 13 cm) de 205-(1) pp. Les pp. III à XIII sont un "Avis au peuple". Le dernier feuillet non chiffré contient l'errata.
Reliure strictement de l'époque plein veau brun marbré à l'acide, dos à nerfs orné aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, tranches rouges, doublures et gardes de papier marbré. Excellent état de conservation, reliure et intérieur très frais.
Edition originale.
Ce volume a probablement été imprimé en province, en France contrairement à l'adresse de Londres qui est indiquée. La signature des cahiers n'indique pas une impression hollandaise.
L'Histoire Philosophique et Politique des établissements et du commerce des européens dans les deux Indes de l'abbé Raynal paraît en 1770. Les éditions se succèdent pour aboutir à l'édition de 1780 (troisième édition) qui est interdite et censurée par la faculté de théologie de Paris. L'abbé Raynal prenait des libertés avec la religion et la monarchie (la religion y est traitée de la manière la plus matérialiste qui soit et l'esclavage y est dénoncé de manière très ouverte). La Faculté de théologie de Paris repère ainsi les articles : De l'homme et de la loi naturelle - De la religion juive - De Jésus-Christ - De l'établissement de la religion chrétienne - Des martyrs - Des prophéties et des miracles - De l'église - De la morale - Sur le gouvernement (de l'origine de la puissance souveraine) - Des remèdes que l'auteur propose contre la tyrannie. On trouve à la fin du volumes une Lettre de la Veuve Bourguignon à M. G... ; etc., ainsi qu'une Lettre de l'abbé Raynal à l'auteur de La Nymphe de Spa.
Cette censure de la faculté de théologie de Paris eut pour principe de mettre en avant un résumé clair et concis des pensées de l'abbé Raynal, ce qui évita à de nombreux lecteurs l'investissement des volumes de l'ouvrage entier. Ces passages "subversifs" furent ainsi mis en évidence et pour ainsi dire sous les yeux de tous, plus facilement. C'est ainsi fait que dans la Préface de cette Réponse, le rédacteur de ladite Préface se félicite de cette mise à l'index terriblement utile à la diffusion des idées de l'abbé Raynal. Raynal, une fois la condamnation de la troisième édition de son ouvrage prononcée, avait du s'enfuir en Suisse, puis à la cour de Frédéric II de Prusse et celle de Catherine II de Russie. Il revint en France en 1784 mais était interdit de séjour à Paris. Il s'établit à Toulon puis à Marseille et continua à œuvrer pour la propagation de son ouvrage principal devenu immortel.
"[La faculté de théologie de Paris] qui sentant mieux que personne l'utilité de ce livre, et voulant soulager la partie la plus pauvre des hommes qui n'aurait jamais pu se le procurer, a pris le parti, sous prétexte d'en faire la censure, de nous en extraire le meilleur, et de le rendre public en vertu de son privilège. Ainsi, grâce à ses soins, nous aurons le suc des pensées de l'abbé Raynal, sans être obligé d'acheter dix gros volumes in-octavo [...] et pour la commodité de ceux qui ne savent pas lire [...] les curés ne manqueront pas d'en faire la lecture aux prônes & dans leurs sermons". (extrait de l'Avis au Peuple).
"Les prêtres ne sont point ce qu'un vain peuple pense ; Notre crédulité fait toute leur science." (épigraphe).
Bel exemplaire. Rare en condition d'époque aussi désirable.
Prix : 1.100 euros