vendredi 14 décembre 2018

Rétif de la Bretonne. Le Nouvel Abeilard ou Lettres de deux amans qui ne se sont jamais vus. (1779). Contrefaçon suisse. Exceptionnel exemplaire non rogné dans son fragile cartonnage de l'époque.


Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretonne]

Le Nouvel Abeilard ou Lettres de deux amans qui ne se sont jamais vus.

En Suisse, Chez les Libraire associés, 1779

4 tomes in-12 (18 x 11 cm) de 448, (2)-464, (2)-472 et (2)-423-(1)-XXIV pages.

Cartonnage de l'époque plein papier peint à la colle, étiquettes de titre à l'encre au dos, cote de bibliothèque privée au dos du premier volume (étiquette et à l'encre). Ensemble décoratif et solide. Quelques légères traces et manques de papier au dos des volumes (voir photos), néanmoins excellent état de conservation pour une reliure si fragile. Entièrement non rogné. Quelques feuillets légèrement brunis. Rares et légères traces de mouillure. Papier le plus souvent superbe.

Références : J. Rives Childs, Restif de la Bretonne. Témoignages et Jugements. Bibliographie. p. 248 ; P. Lacroix, Bibliographie des ouvrages de Restif de la Bretonne, p. 151.


Contrefaçon suisse parue l'année suivant l'édition originale.

"L'idée de cet ouvrage disait Restif, est une des plus heureuses qui me soient tombées dans la tête ... il faut une muse à tout écrivain : Rose Bourgeois l'avait été pour la Famille vertueuse ; Cadette Forterre, pour Lucile ; Marie-Jeanne, pour la Confidence nécessaire ; une jolie personne de la rue Saint-Louis-en-L'Ile, pour le Marquis de T*** [...] Virginie pour le Quadragénaire ; Mlle Londeau, la charcutière, pour le Nouvel Abeilard. Elle passait un soir, par la rue de Bièvre, couverte d'une calèche, chaussée d'un soulier bien fait, à talons élevés et minces ; elle me ravit ; je commençais mon travail. Tous les soirs, je vins m'enivrer du plaisir de la voir et sa vue me mettait en verve : j'écrivais le soir et le lendemain matin, avec une inconcevable ardeur. C'est elle qui est cette Julie, dont il est si souvent question dans l'ouvrage. Mlle Parisot la fourreuse, Mlle Laurens la bijoutière, Mlle Poinot les menuisières, m'ont fourni le feu nécessaire pour faire l'Amour muet, l'Amour enfantin, la Partie carrée. Quant au modèle de A quoi sert le mérite, il me fut réellement inspiré par une belle dame de l'île Saint-Louis, de la manière dont je le raconte dans mon début. Cet ouvrage a d'excellents détails; mais le style en est quelque-fois prolixe." (Mes ouvrages, p. 147-148). "C'est néanmoins un ouvrage où tout est approfondi, beaucoup plus que dans les autres productions de l'auteur" (Revue des ouvrages, p. CLXXXII). 


"Les charmants contes de fées que le livre renferme nous fournissent encore des preuves du génie extraordinairement divers de Restif." (J. Rives Childs)



« Nous sommes dans le siècle des lumières et de l’ignorance, mais les ténèbres sont le lot des trois quarts de la nation ; il faut les combattre par tous les moyens possibles, même par l’amour », dit-il dans Le Nouvel Abeilard pour justifier l’intrusion de leçons de physique dans les lettres de l’amant à Héloïse. Le Nouvel Abeilard est encore un « Éducographe », mais le titre le situe davantage dans une lignée romanesque, celle de La Nouvelle Héloïse ; le sous-titre : « Lettres de deux amants qui ne se sont jamais vus » apparaît comme une variation piquante de celui de Rousseau : « Lettres de deux amants habitants d’une petite ville au pied des Alpes ». Mais ces amants, qui pendant longtemps ne se connaissent pas, échangent une correspondance essentiellement éducative ; Abeilard fait sa cour en faisant des cours (de physique notamment). Fort heureusement pour le lecteur, il transcrit aussi à l’adresse d’Héloïse de nombreuses histoires, intitulées "Modèles", elles-mêmes abritant des contes et des anecdotes ; le foisonnement narratif est ici étroitement lié au dessein didactique, puisque la multiplication des récits doit rendre plus complètes et plus convaincantes les leçons proposées. Malgré la fragmentation constante du narratif, l’ouvrage « veut être vu dans son ensemble », dit Rétif à la fin. (Pierre Testud, Rétif de la Bretonne et la création romanesque)


L'édition originale était ornée de 10 charmantes figures. Cette contrefaçon n'est pas illustrée.


Exceptionnel exemplaire non rogné dans son fragile cartonnage de l'époque.

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