mardi 3 juillet 2018

Zoé Gatti de Gamond. Des devoirs des femmes, et des moyens les plus propres d'assurer leur bonheur (1836). Édition originale rare. "[...] dans les classes plus aisées et plus éclairées, le sort des femmes est dans leurs propres mains, et c'est à elles qu'il appartient de réformer leur position sociale."


Zoé Gatti de Gamond.

Des devoirs des femmes, et des moyens les plus propres d'assurer leur bonheur, par Mme Gatti de Gamond.

Bruxelles, L. Hauman et Cie, 1836 [imprimerie de L. Schapen]

1 volume in-12 (16,3 x 10,5 cm) de (2)-III-186-(1) pages.

Reliure de l'époque demi-basane caramel à petits coins, dos lisse orné de faux-nerfs dorés, roulettes dorées. Intérieur frais. Papier vélin. A noter 3 petites perforations qui ont été faites une sur le premier plat avec un objet pointu (aiguille ? clou ?) en bordure supérieure, dont 2 traversent la première moitié du volume, une dans la marge supérieure, l'autre en extrême bord extérieur des feuillets (les feuillets de la première moitié du volume seulement), sans gravité (voir photo de la page de titre ci-dessous). Coins légèrement frottés. Belle reliure décorative et restée fraîche.

Édition originale.


Cet ouvrage est dédié par l'auteur à sa sœur Aline. Il a été publié suite à l'accueil bienveillant qu'avait reçu son ouvrage sur la condition des femmes. Il s'agit selon l'auteur de l'application des principes posés dans ce livre. Elle traite ici comme dans l'ouvrage précédent de la condition des femmes et de leur éducation. "Mais dans le premier je ne faisais guère que l'exposé critique de leur condition, et des malheurs qui y sont attachés, , écrit-elle. Dans celui-ci j'y cherche le remède, et le trouve uniquement, comme je l'avais indiqué, dans une éducation qui nous porte à la vertu, soit qu'elle vienne de nous-mêmes ou d'autrui. [...]."


Zoé Charlotte de Gamond est née le 11 février 1806 à Bruxelles où elle est morte le 28 février 1854. Éducatrice et féministe belge, elle aura toujours prôné l'émancipation des femmes par l'éducation. Les préceptes qu'elle avance afin de libérer les femmes d'une servitude difficilement concevable aujourd’hui pourraient faire sourire nos féministes. Dieu est très présent tandis qu'elle estime que « les femmes sont faites pour être épouses et mères ». Elle suit tout d'abord les doctrines de Saint-Simon. A la fin des années 1830 elle commente Fourier dans un ouvrage intitulé « Fourier et son système ». Avec le soutien d'un riche fouriériste anglais, Arthur Young, elle acheta, en septembre 1841, un monastère en Bourgogne, à Saint-Nicolas-lès-Cîteaux, l'abbaye de Cîteaux, afin d'y établir un phalanstère dont elle avait imaginé l’aspect théorique dans la réalisation d’une commune sociétaire, d’après la théorie de Charles Fourier. Ce phalanstère qui fonctionna jusqu'en 1846, s'avéra être un désastre financier. En effet, le phalanstère était conçu pour accueillir 600 personnes, mais, début 1843, il n’en abritait que 167. Le couple De Gamond ainsi ruiné, retourne à Bruxelles où il vivra une vie de gêne et de privation. Zoé sera même amenée à demander de l’aide à son entourage pour subvenir à ses besoins essentiels. Néanmoins, elle n’abandonnera pas son projet de réformer la condition des femmes. Grâce au soutien de Charles Rogier, Zoé de Gamond fut nommée inspectrice des écoles maternelles, primaires et normales. Cette fonction mettra temporairement fin à ses difficultés financières. Elle meurt à l'âge de 48 ans.



Ses convictions religieuses fortes, la morale stricte et les vertus qu'elle demande aux femmes de mettre en oeuvre chaque jour de leur vie, ne doivent pas faire oublier que son objectif principal est de libérer la femme de l'ignorance qui la maintient alors en état d'esclavage total vis-à-vis de son milieu familial, aussi vis-à-vis la société qui l'entoure.

Elle précise elle-même que son livre ne s'adresse aux femmes de la classe du peuple : "Quelle est aujourd'hui l'éducation, la règle de conduite, la destinée commune des femmes ? nous ne parlerons pas ici des femmes de la classe du peuple, élevées dans l'abrutissement et la misère, exploitées, corrompues, sans soutien, sans recours, traînant péniblement la vie, et courbées jeunes sous le poids d'une vieillesse prématurée. Il y aurait trop à dire sur ce sujet, et comme la misère est le premier des maux de cette classe, c'est surtout au législateur à y porter remède ; tandis que dans les classes plus aisées et plus éclairées, le sort des femm   es est dans leurs propres mains, et c'est à elles qu'il appartient de réformer leur position sociale." (extrait).

Bel exemplaire en condition d'époque de ce livre rare.

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