Ernest RENAN
VIE DE JÉSUS par Ernest Renan, membre de l'Institut.
Paris, Michel Lévy frères, 1864. Imprimerie de L. Toinon et Cie à Saint-Germain
1 volume in-8 (21,5 x 14 cm) de LIX-462 page.
Reliure plein maroquin bleu nuit à gros grain, dos à nerfs avec auteur, titre doré et millésime, filet à froid en encadrement des plats, tranches dorées sur marbrure, doublure de papier peigne dans un encadrement de maroquin orné d'un jeu de filets et roulettes dorés, la couverture imprimée n'a pas été conservée. Reliure de l'époque non signée mais d'une belle finesse d'exécution. Reliure et intérieur très frais. A noter une infime cicatrice de mouillure à peine visible au bas de quelques feuillets seulement, infimes frottements à la reliure. Très bel exemplaire.
DOUZIÈME ÉDITION ET DERNIÈRE ÉDITION COMPLÈTE IDENTIQUE A l'ÉDITION ORIGINALE ET NON EXPURGÉE DE PLUSIEURS PASSAGES.
La première édition a été mise en vente le 22 mai 1863. La 12e édition (celle-ci) est de 1864. Elle a été mise à l'Index aussitôt cette douzième édition parue. Le tirage total est estimé à plus de 168.000 exemplaires dès fin 1864, ce qui en fait un véritable best-seller de son temps ! Les éditions qui suivront (1867, 1870 et suivantes) seront amputées de passages litigieux.
Ernest Renan aborde la vie du Christ en historien. Il le dépouille de toute son aura mystique et divine pour en faire un personnage de chair et de sang.
"Cette conception d'un Christ romantique, philosophe incomparable, avait été renforcée par le séjour au Liban et en Galilée où il avait trouvé dans la nature et les gens "un cinquième évangile" comblant les insuffisances de la documentation historique de Jésus. L'imagination du poète-écrivain a fait de son livre une œuvre d'art qui survit aux critiques des historiens plus radicaux qui l'ont suivi." (Roger Pierrot, En français dans le texte, 285).
Ce livre fit immédiatement scandale. Le pape Pie IX, très affecté, traita Renan de « blasphémateur européen », et en 1864, le ministre de l'Instruction publique Victor Duruy supprima son cours.
"Même ceux qui ne croyaient pas en lui étaient frappés de ces actes et cherchaient à en être témoins. Les païens et les gens peu initiés éprouvaient un sentiment de crainte, et cherchaient à l'éconduire de leur canton. Plusieurs songeaient peut-être à abuser de son nom pour des mouvements séditieux. Mais la direction toute morale et nullement politique du caractère de Jésus le sauvait de ces entraînements. Son royaume à lui était dans le cercle d'enfants qu'une pareille jeunesse d'imagination et un même avant-goût du ciel avaient groupés et retenaient autour de lui." in Vie de Jésus, Miracles, Chap. XVI.
On comprendra mieux la mise à l'Index par Rome dont cet ouvrage fit l'objet en citant cet extrait significatif de l'ensemble : "La vie de Jésus, pour l’historien, finit avec son dernier soupir. Mais telle était la trace qu’il avait laissée dans le cœur de ses disciples et de quelques amies dévouées que, durant des semaines encore, il fut pour eux vivant et consolateur. Son corps avait-il été enlevé, ou bien l’enthousiasme, toujours crédule, fit-il éclore après coup l’ensemble de récits par lesquels on chercha à établir la foi à la résurrection ? C’est ce que, faute de documents contradictoires, nous ignorerons à jamais. Disons cependant que la forte imagination de Marie de Magdala joua dans cette circonstance un rôle capital. Pouvoir divin de l’amour ! moments sacrés où la passion d’une hallucinée donne au monde un Dieu ressuscité !" (Extrait du chapitre XXVI, Jésus au Tombeau).
Références : Clouzot, 231 ; En français dans le texte, n°285 ; Vicaire VI, 1016.
Provenance : aucune marque d'appartenance
BEL EXEMPLAIRE FINEMENT RELIÉ A L'ÉPOQUE EN MAROQUIN PLEIN.
RARE DANS CETTE CONDITION.
VENDU