mardi 14 juillet 2015

Les Campagnes Hallucinées de Emile Verhaeren, illustrées de 20 eaux-fortes par André Jacquemin. Exemplaire sur papier d'Auvergne avec deux suites des estampes. Reliure plein maroquin décorée par René Kieffer. Rare.



Emile VERHAEREN - André JACQUEMIN, illustrateur

LES CAMPAGNES HALLUCINÉES. Gravures de André Jacquemin. Gravure contemporaine, collection présentée par André Billy de l'Académie Goncourt.

Club du Livre, Philippe Lebaud, éditeur, 1962

1 volume grand in-4 (33 x 25 cm), 171 pages et 20 eaux-fortes hors-textes.

Reliure plein maroquin noir de l'éditeur, plats ornés d'un décor doré (maquette de René Kieffer), tête dorée, autres tranches non rognées. étui bordé. 2 suites de 20 planches (40 planches) sont conservées sous emboîtage (légèrement usé). Légers frottements. Excellent état.


NOUVELLE ÉDITION.

TIRAGE A 325 EXEMPLAIRES.

CELUI-CI, 1 DES 55 EXEMPLAIRES SUR AUVERGNE A LA FORME DU MOULIN RICHARD DE BAS, AUQUEL ON A JOINT UNE SUITE SUR JAPON NACRÉ ET UNE SUITE SUR RIVES.


Le détail du tirage est le suivant : 1 ex. unique sur Japon nacré contenant les dessins originaux et 2 suites ; 20 ex. sur Japon nacré avec suite et cuivres ; 55 ex. sur Auvergne avec 2 suites : 225 ex. sur Rives et 25 ex. hors commerce.

A la fin du volume on lit : "Les Campagnes hallucinées ont été composées à la main en Médiaeval Hollandais de corps 20 et achevées d'imprimer le 1er octobre 1962 sur les presses de Pierre Bouchet qui a également gravé les lettrines et les culs-de-lampe. Les eaux-fortes d'André Jacquemin illustrant l'oeuvre de Verhaeren ont été tirées sur les presses à bras de Georges Leblanc. Le décor de la reliure a été composé par René Kieffer. La réalisation a été assumée par Jean Paoli et Jean-François Fouquereau."


En présentation du volume on lit : "Le but de la collection "Gravure contemporaine" publiée sous la direction de Philippe Lebaud est de refléter les différents courants de l'art contemporain à travers la gravure. La plupart des grands peintres de notre époque gravent une partie importante de leur oeuvre : lithographie, gravure sur cuivre sous toutes ses formes (burin, pointe-sèche, eau-forte, aquatinte, manière noire) ou gravure sur bois. Si quelques-uns d'entre eux ont renoncé au pinceau et au crayon pour n'être plus que des graveurs, c'est qu'ils ont trouvé dans une matière, pourtant difficile à travailler, un moyen d'expression particulièrement riche et nuancé. Si l'on aime à donner à l'estampe un rôle décoratif dans l'ornementation murale, il semble, en définitive, que l'on éprouve un plaisir plus raffiné à la découvrir entre les feuillets d'un livre aux côtés des mots qui l'ont inspirée. En présentant tour à tour, avec l'éminent concours d'André Billy, les principaux graveurs actuels dans l'illustration de leur texte d'élection, nous désirons réaliser un panorama de la gravure contemporaine qui, nous l'espérons, servira la bibliophilie moderne et fera la joie de l'amateur d'art. Après Albert Decaris consacrant vingt burins au premier ouvrage de la collection Gravure Contemporaine, les "Maximes de La Rochefoucauld", Alexandre Alexeïeff vingt eaux-fortes aux "Contes d'Hoffmann", c'est maintenant André Jacquemin qui illustre de vingt eaux-fortes les "Campagnes Hallucinées" d'Emile Verhaeren."


André Jacquemin est né à Épinal le 3 septembre 1904 et mort à Paris le 18 septembre 1992, peintre et graveur. Il fut membre de l’Académie des beaux-arts et a été l’élève de Waltner et de Jean-Paul Laurens à l’École des beaux-arts de Paris. En 1929, André Jacquemin fonde, avec onze autres graveurs, la Société de la jeune gravure contemporaine et obtient, en 1936, le grand prix national des arts, attribué pour la première fois à un graveur. En 1937, il représente la gravure française à la Biennale de Venise. En 1953, il devient conservateur du Musée international de l'imagerie et du Musée départemental des Vosges à Épinal. Son épouse est décédée en 1991. On lui doit près de mille estampes, de nombreuses illustrations de livres (entre autres, L'Oiseau de Jules Michelet pour Les Bibliophiles de France). Ses œuvres figurent dans plusieurs musées français et étrangers.

"Le grand graveur français, fils de nos provinces de l'Est, a admirablement exprimé graphiquement la rare poésie du paysage lorrain qui connait sa plus grande beauté en hiver. Les vastes espaces neigeux, les grandes routes tragiques et désertes, les ciels lourds de l'hiver ont été magnifiquement évoqués par André Jacquemin..." André Dunoyer de Segonzac - Préface de l'exposition in "Galerie Nouvel Essor", 1971.

"Depuis toujours, Emile Verhaeren était l'un de mes poètes préférés. Illustrer son oeuvre me procura un profond sentiment de communion artistique. Pour traduire la force dramatique des "Campagnes hallucinées", les ciels lourds du nord, la triste beauté des paysages d'usines, j'ai employé les noirs puissants de l'eau-forte bien mordue..." (André Jacquemin)


Les Campagnes Hallucinées du poète belge Emile Verhaeren ont été publiées pour la première fois en 1893 à Bruxelles chez Edmond Deman. « Les Campagnes hallucinées » est un recueil de poèmes qui capte le passage d’un monde à l’autre, les hommes quittent les campagnes pour les villes, le caractère religieux du monde rural semble disparaître au profit d’une nouvelle religion : l’argent. L’exode rural semble le fil conducteur de ces poèmes qui soulignent le mal de l’homme moderne. La souffrance, la maladie et la mort sont les thèmes récurrents de ces textes. A ces poèmes témoins d’un changement radical, s'ajoutent des poèmes nommés « Chanson de fou » qui semblent complètement déraisonnables. On y frôle des univers cauchemardesques, hallucinatoires et profondément pessimistes. Dans ces poèmes, tout est très symbolique. On a volé les yeux du fou, le poète devient un épouvantail qui n’a plus aucune emprise sur le réel. Ce fou est en réalité bien différent des hommes, mais n’est pas si insensé. Il assène des vérités que l’on ne veut pas entendre, vérités qui demandent tout de même d’être déduites de certains symboles. Quand il évoque notre impuissance face à la perte d’êtres chers, nous sommes malheureusement et fatalement face à une réalité. L’écriture, moderne et musicale, reste admirable. Verhaeren fait des descriptions naturalistes, tout en y mêlant un caractère fantastique, comme dans ce poème où la mort devient une créature infernale et effrayante accompagnée de son cheval d’os. Son cœur est grignoté par des vers blancs. Au lieu de boire du vin rouge, elle boit le sang des villageois … On reconnaît bien ici l’esprit fin de siècle. Emile Verhaeren a un regard plutôt pessimiste et regrette ce monde qui change et condamne les campagnes. L’image finale de la bêche abandonnée souligne la mort du monde rural, cette bêche qui symbolisait auparavant la fertilité. (extrait de Critiques Libres).

TRÈS BEAU LIVRE, ICI DANS UN TIRAGE RARE COMPRENANT 60 EAUX-FORTES DE ANDRÉ JACQUEMIN.

VENDU