NARKISS
Paris, Edition du Monument, 1908
1 volume petit in-4 (24,5 x 17,5 cm) de 34 feuillets non chiffrés (68 pages) avec un frontispice à l'eau-forte tiré en vert et or et 12 illustrations tirées en vert sur chine appliqué dans le texte et hors-texte. Couverture illustrée par Guillonnet imprimée en or sur fond vert et blanc (visage de Narkiss en grand entouré de fleurs de narcisses). Texte encadré en or avec attributs égyptiens.
Reliure plein vélin teinté marron avec grandes incrustations de papie-cuir japonais décoré en relief d'époque (fin XIXe siècle). Ces deux plaques de papier-cuir japonais mesurent 23,5 x 15,5 cm et sont en parfait état. La reliure a un dos lisse avec auteur et titre doré, petit fleuron doré (fleur art nouveau) et millésime doré en queue. Doublures et gardes de papier moiré or. Exemplaire relié sur brochure. Etui bordé de vélin teinté. (reliure moderne parfaitement réalisée dans le goût des reliures japonisantes fin de siècle). Parfait état de l'ensemble.
Première édition illustrée.
Tirage unique à 300 exemplaires.
Celui-ci, un des 50 exemplaires avec 2 états des estampes (l'état définitif dans le texte et un état sur Japon tiré en bistre (relié à la fin du volume), pour François Ferroud éditeur (numéroté à la plume et signé de sa main).
Il a été tiré 25 exemplaires sur Japon avec 3 états des figures et 225 exemplaires sur vélin à la cuve des papéteries d'Arches avec un seul état.
"Jean Lorrain (1855-1906) fut un écrivain prolifique et influent. Il tirera toutes les ficelles du décadentisme et sa culture de troubles dans les genres pour exprimer son amour tragique de la beauté. En 1892, il transpose le mythe de Narcisse en Égypte, ce sera Narkiss, publié comme conte d’été dans trois numéros du Journal. En 1902, il le fait figurer dans la section Princes de nacre et de caresse du recueil Princesses d’ivoire et d’ivresse. En 1908, Narkiss est réédité par les soins des Amis de Jean Lorrain aux éditions du monument à seulement 300 exemplaires." (Présentation de la réédition par les éditions Gay Kitsch Camp, Paul Cardon, en 2016).
Ce conte suit l'histoire de Narkiss, un jeune homme prince d'Egypte, d'une beauté troublante, dont l'existence est dominée par le culte de l'apparence et le narcissisme. Il évolue dans un monde d'artifice, de mondanités et de plaisirs raffinés, où le beau et le morbide se confondent. Comme son nom l'indique, le personnage évoque le mythe de Narcisse, condamné à l'adoration de son propre reflet.
La magnifique couverture emblématique de Guillonnet ainsi que les compositions tout au long de ce court texte, magnifient l'ensemble qui est d'une réalisation luxueuse et d'un rendu esthétique marquant. Le texte est imprimé en gros caractères majuscules entouré d'un filet doré avec attributs égyptiens. Le frontispice est grandiose de beauté symboliste et décadente, l'androgynie de Narcisse ne faisant que renforcer la préciosité du texte de Jean Lorrain.
"Isis ! Narkiss ne s'était jamais vu. Si Narkiss avait pu contempler son image, il aurait vu le visage d'Isis et les prêtres, qui voulaient gouverner par Isis et ne voulaient plus être gouvernés par elle, redoutant l'heure où Narkiss se connaîtrait lui-même, retardaient de jour en jour le moment de la révélation. En apprenant sa beauté le Pharaon apprendrait sa force, son origine et sa puissance; il fallait lui ôter toute énergie avant sa fatidique rencontre avec lui-même, il fallait faire une idole et non un roi du Pharaon. C'est dans ce but qu'on l'avait déjà enlevé à sa mère, soustrait au peuple et dérobé aux conseils des grands." (extrait)
Superbe exemplaire parfaitement établi en reliure japonisante du rare tirage sur Japon avec suite.
Prix : 4.200 euros