jeudi 5 septembre 2024

Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. La Confidence nécessaire. Lettres anglaises. Lettres de Lord Austin de N**, à Lord Humfrey de Dorset son ami. A Cambridge, et se trouve à Londres, chez Nourse & Snelling, 1769. 2 parties reliées en 1 volume in-12. Bel exemplaire en condition d'époque ce roman par lettres rare.


Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]

La Confidence nécessaire. Lettres anglaises. Lettres de Lord Austin de N**, à Lord Humfrey de Dorset son ami.

A Cambridge, et se trouve à Londres, chez Nourse & Snelling, 1769

2 parties reliées en 1 volume in-12 (16,6 x 10 cm) de XVI-248 et 215 pages. Titres imprimés en noir dans un encadrement typographique. Collationné complet. Les deux faux-titres sont bien présents.

Reliure strictement d'époque pleine basane marbrée caramel, dos à nerfs orné aux petits fers dorés, pièce de titre de papier orangé, tranches rouges, doublures et gardes de papier blanc. Reliure fraîche avec la coiffe de queue restaurée. Légers frottements et une épidermure atténuée au second plat. Intérieur frais.







Edition originale.

Ce sont les faux-titre qui portent le titre sous lequel cet ouvrage est connu : La Confidence nécessaire. Le tirage en a été de 1500 exemplaires selon la Revue des ouvrages de l'auteur (1784). Il y a des exemplaires avec une adresse différente pour la première partie. La seconde partie de notre exemplaire porte l'adresse de Cambridge (sans autre indication).






Ce roman par lettres, comme l'écrit Paul Lacroix, est dédié à miss Betty F**, jeune irlandaise, qui en aurait fourni les éléments, en racontant les aventures d'une de ses parents et en permettant à Restif de les publier, seulement après qu'elle fut retournée dans son île. Restif dit, dans une note de Monsieur Nicolas, tome IX (p. 2663), que la Confidence nécessaire fut sa première histoire déguisée. "Le sujet, dit-il ailleurs, tome XVI (p. 4553), était mes amours avec Marie Fouard, et mes velléités pour Marguerite Bourdillat, l'une brune, l'autre blonde. C'était l'extrait honnête d'un sottisier, que j'avais composé au Louvre (c'est à dire à l'imprimerie du Louvre, où il fut compositeur), dans mes moments d'effervescence. Ce n'est pas un historique de ce que j'avais fait avec ces deux filles ou avec Marie-Jeanne, qui souvent y était Alice, dans mes idées, mais un château en Espagne de ce qui aurait pu arriver." Cet ouvrage commencé pendant le voyage que fit Rétif à Sacy, en 1767, ne fut achevé qu'après son retour à Paris. C'est alors que l'auteur le mit au net et le porta au bureau de la police pour le faire examiner par la censure. Dans la déclaration du livre, un homme distrait ou malicieux inscrivit la Confession nécessaire, au lieu de la Confidence nécessaire, et le manuscrit fut envoyé à l'abbé Simon, bibliothécaire du comte de Clermont, abbé de Saint-Germain des Prés. L'abbé Simon ne devait pas être un censeur bien redoutable ; il se récusa pourtant et transmit le manuscrit à son collègue Marin, secrétaire de la librairie, lequel ne demanda que les changements convenables. Restif en garda une vive reconnaissance à Marin et confia son manuscrit à un libraire colporteur, nommé Kolman, qui le fit imprimer, mais qui ne donna pas un sou à l'auteur. « Je ne retirai rien de la Confidence nécessaire, dit Restif, ayant affaire à un coquin. » Restif s'était pourtant promis de vivre du métier d'homme de lettres, et il vécut, pendant quatre mois, avec les 3 louis que lui avait rapportés le petit roman de Lucile ! Le chevalier de Cubières, dans sa Notice sur Restif, fait remarquer que la Confidence nécessaire est une des compositions les plus erotiques de l'auteur. (Lacroix)

Il existe de ce texte deux autres éditions parues la même année 1769 (l'une d'elle est en réalité de 1778).







Cet ouvrage, l'un des premiers du jeune Rétif de la Bretonne devenu auteur depuis 1767 (La Famille vertueuse), parait la même année que le Pied de Fanchette.

"La Confidence nécessaire est une peinture de la situation de mon mon coeur lorsque, dans ma première jeunesse, j'aimais plusieurs filles à la fois : ce n'est pas une histoire véritable, mais c'est une situation vraie et un tableau fidèle. Cette production érotique (mots de Rétif) eut du malheur ; elle fut refusée du censeur, l'anné Simon ; je ne pus d'abord la vendre ... M. Lebrun fut le second censeur de la Confidence nécessaire ... Il n'était pas possible qu'un abbé approuvât un roman aussi gaillard. Je le lui présentai moi-même comme étant de mon domestique ; nous parlâmes de moi fort librement la seconde fois et je me desservis sans le vouloir. L'abbé renvoya mon manuscrit à Marin, secrétaire de la Librairie, dans l'intention de le faire supprimer ; mais ce censeur de la Police me le rendit bonnement en me conseillant d'y faire les changements convenables." (Monsieur Nicolas, tome X, p. 12 et 16).

Personne ne dit où a été exactement imprimé cette édition. D'après les ornements gravés sur bois présents dans le volume (filets, culs-de-lampe, bandeaux) il se pourrait que l'impression ait été faite en Suisse (Laussane ? Genève ? Neuchâtel ?). Une étude approfondie de ces ornements permettrait de s'en assurer avec plus de précision.

Références : Rives-Childs, IV, pp. 205-207 ; Lacroix, IV, n°1, pp. 92-95

Bel exemplaire en condition d'époque ce roman par lettres rare.

Prix : 2.000 euros