mardi 30 avril 2024

Les Charactères des Passions. Par le Sieur de la Chambre, médecin de Monseigneur le Chancelier. A Amsterdam, chez Antoine Michel, l'An 1658 [i.e. Daniel Elzévier, Amsterdam]. Ensemble complet des 5 parties reliées en 3 volumes petit in-12. Reliures signées THIBARON-JOLY (exécutée entre 1874-1885). Superbe exemplaire, complet de toutes les parties, parfaitement conservé.


CUREAU DE LA CHAMBRE, Marin

Les Charactères des Passions. Par le Sieur de la Chambre, médecin de Monseigneur le Chancelier.

A Amsterdam, chez Antoine Michel, l'An 1658 [i.e. Daniel Elzévier, Amsterdam]

1 fort volume petit in-12 (139 x 85 mm | hauteur des marges : 133 mm) de (24)-599 pages, avec titre-frontispice gravé à l'eau-forte.

Suivi de :

Les Charactères des Passions. Volume III et IV. Où il est traité de la Nature et des Effets de la Haine et de la Douleur : Par le Sieur de La Chambre, Conseiller du Roi en ses Conseils, et son Médecin ordinaire.

A Amsterdam, chez Antoine Michel,  1662 [i.e. Daniel Elzévier, Amsterdam]

1 volume petit in-12 (139 x 82 mm | hauteur des marges : 133 mm) de (8)-397 pages. Titre à la sphère armillaire.

Suivi de :

Les Charactères des Passions. Dernier Volume. Où il est traité de la Nature et des Effets de des Larmes, de la Crainte, du Désespoir. Par le Sieur de La Chambre, Conseiller du Roi en ses Conseils, et Premier Médecin ordinaire de sa Majesté.

A Amsterdam, chez Antoine Michel,  1663 [i.e. Daniel Elzévier, Amsterdam]

1 volume petit in-12 (139 x 82 mm | hauteur des marges : 133 mm) de 323 pages. Titre à la sphère armillaire compris dans la pagination.

Ensemble complet des 5 parties reliées en 3 volumes petit in-12.

Le premier volume contient les volumes I et II avec : L'Amour, La Joie, Le Rire, Le Désir, L'Espérance, La Hardiesse, La Constance, La Colère, et De la Connaissance et de l'Instinct des Animaux.

Le second volume qui contient les parties III et IV avec : La Haine et la Douleur.

Le troisième et dernier volumne contient la cinquième et dernière partie avec : Les Larmes, La Crainte et Le Desespoir.

Reliure uniforme plein maroquin vert sombre, auteur, titre et tomaison dorés aux dos, millésime dorés en queue des dos "ELZEV. 1658 | 1662 | 1663". Double-filet doré sur les coupes, dentelle dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne, tranches dorées sur marbrure. Reliures signées THIBARON-JOLY (exécutée entre 1874-1885). Exemplaire parfaitement conservé. Le premier volume est imprimé sur papier plus fort.


Nouvelle édition. 
Edition Elzévirienne.

Marin Cureau de La Chambre est né à Saint-Jean-d'Assé (Sarthe, Pays de Loire) en 1594 et est mort à Paris le 29 novembre 1669. Il fut médecin et philosophe, conseiller et médecin de Louis XIV. On ne sait rien de sa jeunesse et de ses études. On le trouve médecin au Mans vers 1630. Il vient ensuite à Paris où il se lie avec le Chancelier Séguier et devient son médecin. Il fréquente les salons de Madame de Scudéry et de la marquise de Sablé. Les Précieuses bénéficient de ses qualités de "psychologue" avant la lettre. Il devient l'un des premiers membres de l'Académie française en 1634. Il devient médecin du roi Louis XIV vers 1642 et achète la charge de médecin ordinaire du roi en 1650. Louis XIV lui témoigne une affection particulière. On rapporte que le roi « était si persuadé du talent de ce médecin habile pour juger du caractère des gens d’après leur physionomie, que ce monarque n’était souvent déterminé dans ses choix qu’après avoir consulté cet oracle. » En 1666, il devient l’un des premiers membres de l’Académie royale des sciences.

Parallèlement à ses activités médicales et mondaines, Marin Cureau de La Chambre mène durant toute sa vie une réflexion philosophique sur l’homme, sa physiologie et sa psychologie. Il dit à propos de ses Caractères des passions, paru en cinq volumes entre 1640 et 1662 : « [C’est un livre] où je veux examiner les Passions, les Vertus & les Vices, les Mœurs et les Coûtumes des Peuples, les diverses Inclinations des Hommes, leurs Tempéramens, les Traicts de leur visage ; en un mot où je prétends mettre ce que la Médecine, la Morale & la Politique ont de plus rare et de plus excellent. »

On doit à Cureau de La Chambre plusieurs ouvrages philosophies et scientifiques dont Nouvelles pensées sur les causes de la lumière, du desbordement du Nil et de l'amour d'inclination (1634), Nouvelles conjectures sur la digestion (1636), Traitté des libertez de l'Église de France (1639), Les Charactères des passions (5 volumes, 1640-1662), Nouvelles observations et conjectures sur l'iris (1650), Discours sur les principes de la chiromancie (1653), L'Art de connoistre les hommes (3 volumes, 1659-1664-1666), La Lumière (1662), etc.







Avec ses Charactères des Passions, Cureau de La Chambre s'inscrit en parallèle à Descartes et son Traité des Passions de l'Âme paru en 1649. Les deux ouvrages sont cependant très différents et Cureau se déclarait ouvertement l'adversaire de Descartes et des ses idées (Willems). Dans son épître au chancelier Séguier placée en tête du premier volume des Caractères des passions, Cureau de La Chambre présente l’ensemble à venir comme premier volet d’un art de connaître les hommes selon des règles empruntées à la médecine, la morale ou la politique et fondées sur une même loi de ressemblance (physiognomonie, morphologie humaine, animale, sexuelle, et « climatique » comparée…). Dès la toute première phrase, les passions sont définies comme langage : La Nature ayant destiné l’homme pour la vie Civile, ne s’est pas contentée de lui avoir donné la langue pour découvrir ses intentions ; elle a encore voulu imprimer sur son front et dans ses yeux les Images de ses pensées, afin que s’il arrivait que sa parole vînt à démentir son cœur, son visage pût démentir sa parole. (in Topologie des émotions. Les Caractères des passions de Marin Cureau de La Chambre par Florence Dumora, in Littératures classiques 2009/1 (N° 68), pages 161 à 175). "C’est donc une chose certaine, que le corps s’altère et se change quand l’âme s’émeut, et que celle-ci ne fait presque point d’actions qu’elle ne lui en imprime les marques, que l’on peut appeler Caractères, puisqu’ils en sont les effets, et qu’ils en portent l’image et la figure." (extrait des Charactères des Passions).







"Cureau médecin reste inspiré par la pensée par cas. Il rend compte de phénomènes paradoxaux, et d’objections possibles à ses définitions, et c’est par ces tentatives qu’il est le plus inventif. Il tente par exemple de réduire le caractère aberrant des larmes de joie par rapport à la fonction générale de la passion des larmes en en donnant une raison profonde : le langage instinctif des émotions signale par cette contradiction la surimpression temporelle propre au message délivré, à la fois la joie présente et le chagrin qui a eu lieu (et qui n’a peut-être jamais eu d’expression), chagrin que cette joie fait apparaître par surcroît en même temps qu’elle le fait cesser." (ibid. Florence Dumora)

Les Charactères des Passions de Cureau de La Chambre ont été éclipsés par Descartes et ses disciples.

Cette belle impression en petits caractères très nets et sur beau papier est une véritable impression des Elzévier d'Amsterdam selon Charles Pieters qui indique que cette édition de 1658-1663 figure au catalogue de Daniel Elzévier de 1675 et 1681 (Pieters, Annales de l'imprimerie des Elzévier, n°29). Willems indique de même que ces volumes "très bien imprimés" sortent des presses de Daniel Elzévier d'Amsterdam (n°1233). Millot fait au sujet de cette publication une remarque fort judicieuse : « On comprend très bien, dit- il, pourquoi les Elzevier ont donné tant de soins à l'impression de ces deux ouvrages de De la Chambre c'est que l'auteur était le médecin du chancelier, auquel il dédiait les Caractères des passions, et que le chancelier était le protecteur des Elzevier et un grand amateur de leurs éditions. »




Cette édition, très recherchée, comme ici complète de toutes ses parties, luxueusement reliée, faisait partie des plus belles pièces composant les riches bibliothèques de la seconde moitié du XIXe siècle.

Un exemplaire relié par Trautz-Bauzonnet figurait au Bulletin de la librairie Morgand et Fatout sous le numéro 11244 et était coté 200 francs or en décembre 1886 (avec L'Art de connaître les homme) indiqués comme "des plus beaux parmi ceux de la collection Elzévirienne". Un autre exemplaire était coté seulement 20 francs relié en veau (n°14701).

Superbe exemplaire de ce bijou bibliophilique, complet de toutes les parties, parfaitement conservé.

Prix : 3.800 euros