LUCRECE (Titus Lucretius Carus). GRAVELOT (illustrateur). LA GRANGE ou LAGRANDE (traducteur).
LUCRECE, DE LA NATURE DES CHOSES [DE RERUM NATURA || DE NATURA RERUM]. Traduction nouvelle avec des notes par M. L* G**.
A Paris, chez Bleuet libraire sur le Pont S. Michel, 1768
2 volumes in-8 (21,6 x 14,6 cm - Hauteur des marges : 207 mm) de 19-365-(2) et 457-(5) page. Titre-frontispice au premier volume (dessiné par Gravelot et gravé par Binet) et 6 eaux-fortes hors-texte (dessinées par Gravelot et gravées par Binet). Quelques ornements gravés sur bois (culs-de-lampe).
Reliure strictement de l'époque plein maroquin vieux rouge, dos à nerfs richement ornés de fleurettes aux petits fers dorés, pièces de titre et tomaison de maroquin olive, triple-filet doré en encadrement des plats avec fleurettes dorées dans les angles, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré, tranches dorées sur marbrure. Rares rousseurs. Reliures en excellent état de conservation. Très frais.
Edition originale de cette traduction de Lagrange.
Exemplaire tiré au format in-8 sur papier de Hollande.
Le tirage commun est au format in-12 avec une pagination différente.
La traduction et les notes sont de Lagrange (1738-1775) qui était précepteur du baron d'Holbach. Elle est imprimée avec le texte latin en regard (pages de gauche). Le titre-frontispice du tome 1 remplace le titre imprimé que l'on trouve pour le tome II. Bien complet des feuillets de faux-titre.
"J'ai voulu t'exposer cette doctrine à nous / en un chant possédant le doux accent des Muses, / et sur elle poser la douceur de leur miel, / dans l'espoir que nos vers sachent, par ce moyen, / te retenir l'esprit tandis que tu perçois / des choses la nature en sa totalité, / et te pénètres bien de leur utilité. Lucrèce."
"Donner la plus grande force persuasive à la parole philosophique salvatrice, celle qui mène au bien et éloigne des maux, qui guérit des vaines peurs, celles des dieux et de la mort en particulier, tel est le projet de Lucrèce (Ier s. av. J.-C.), qui compose en latin son célèbre poème, De rerum natura, à la gloire d'Epicure et de sa philosophie. Exposé doctrinal d'une richesse exceptionnelle et œuvre littéraire majeure, ce poème se donne comme une œuvre totale, où le vrai s'allie au beau, et les séductions de l'imagination à la rigueur de l'analyse." (présentation édition 2002, Livre de Poche).
De rerum natura (De la nature des choses), plus souvent appelé De natura rerum, est un grand poème en langue latine du poète philosophe latin Lucrèce, qui vécut au Ier siècle avant notre ère. Composé de six livres totalisant 7400 hexamètres dactyliques, mètre classique utilisé traditionnellement pour le genre épique, il constitue une traduction de la doctrine d’Épicure. Le poème se présente comme une tentative de « briser les forts verrous des portes de la nature », c’est-à-dire de révéler au lecteur la nature du monde et des phénomènes naturels. Selon Lucrèce, qui s'inscrit dans la tradition épicurienne, cette connaissance du monde doit permettre à l'homme de se libérer du fardeau des superstitions, notamment religieuses, constituant autant d'entraves qui empêchent chacun d'atteindre l'ataraxie, c’est-à-dire la tranquillité de l'âme. « Il n'y a sans doute pas de plus beau poème scientifique que le De Natura Rerum. ».
Lucrèce dédie son poème à Caius Memmius, riche orateur romain. Il développe son texte en s'adressant constamment à cet interlocuteur, qu'il nomme à onze occasions au cours du poème. Cela lui permet de prévoir les objections éventuelles et d'y répondre avec bienveillance, en accord avec la visée pédagogique du texte. Son texte est également rendu très vivant par « la passion que Lucrèce apporte à suivre son raisonnement, par la vivacité de ses interrogations, de ses exclamations, de ses triomphes logiques ». Le plan commence par exposer les principes généraux pour ensuite développer les conséquences en matière de conception philosophique du monde et d'éthique personnelle. Livre I : principes fondamentaux de l'atomisme Livre II : physique atomique et constitution des corps Livre III : l'âme humaine et la crainte de la mort Livre IV : la vie psychique et le sentiment amoureux Livre V : histoire du monde et des hommes Livre VI : phénomènes physiques et fléaux L'absence de conclusion et la fin abrupte du sixième livre font penser que le poème est inachevé ou incomplet (mais un récapitulatif général n'est pas obligatoire, tel l'exemple des Géorgiques). Lucrèce s'écarte de son maître en ce qui a trait au statut de la poésie. Épicure, qui méprisait toute élaboration littéraire, recommandait à Pythoclès, son disciple, de « se boucher les oreilles avec de la cire comme l'Ulysse d'Homère », de fuir à pleines voiles, pour ne pas céder aux « incantations des sirènes de la poésie ». La poésie, pour lui, devait rester un pur divertissement, faute de quoi elle possédait « la séduction pernicieuse des mythes » à laquelle il est indispensable de résister, comme à toute superstition qui trouble l'âme.
Référence : Cohen-Ricci, Livres à gravures du XVIIIe siècle, 664 : "belle édition"
Provenance : des bibliothèques Huzard, de l'Institut (timbre humide sur faux-titre du premier volume - ventes de sa bibliothèque entre 1843 et 1844) ; Henry-Philippe Delamain (ex libris armorié) ; Gustave Chancel (ex libris) ; librairie Théophile Belin (étiquette avec date de la vente au crayon - 18 juin 1914).
Superbe exemplaire relié en maroquin à l'époque et imprimé sur papier de Hollande de provenances très intéressantes.
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