mardi 9 avril 2019

Jean-Baptiste Salaville. L'Homme et la société (1799). Il s'agit moins pour l'Homme de vivre que de vivre librement. Bel exemplaire en reliure de l'époque.


Jean-Baptiste Salaville

L'Homme et la société ; ou Nouvelle théorie de la nature humaine et de l'état social. Par J. B. Salaville.

A Paris, chez Carteret et Dentu, An VII (1799) [de l'imprimerie de Dentu]

1 volume in-8 (20 x 12,8 cm) de X-420 pages.

Reliure de l'époque demi-vélin vert, dos lisse orné, pièce de titre, plats de papier à la colle rose, tranches mouchetées de rouge. Plats frottés, vélin du mors supérieur en partie fendu, sans conséquence, intérieur très frais.

Édition originale.


"Après les ouvrages de Locke, d'Helvétius, de Condillac et de Rousseau, il paraissait difficile de donner une nouvelle théorie de l'homme, c'est cependant ce qu'a exécuté le citoyen Salaville. Ses principes diffèrent entièrement de ceux qu'ont adoptés ces célèbres écrivains ; aussi les combat-il directement ou indirectement dans tout son ouvrage. C'est l'homo duplex de Buffon et de la plupart des philosophes de l'antiquité qui sert de base à la nouvelle théorie. Les questions les plus importantes, celles de la liberté, de la sociabilité, de la propriété, de la nature et de l'origine des lois positives, y sont présentées sous un nouveau jour, et comme l'a dit récemment un journaliste, en parlant de cet ouvrage, "l'homme et la société, que les autres systèmes nous montrent en opposition, s'expliquent l'un par l'autre dans celui-ci, et ne forment qu'une seule et même théorie." Au reste, l'auteur a donné à son sujet les développements les plus propres à en faciliter l'intelligence ; quoique fort de pensées, il est clair et méthodique dans l'expression ; en un mot, nous croyons que de tous les ouvrages qui ont paru depuis la révolution française, c'est un de ceux qui, à raison de l'importance du sujet et de la nouveauté des idées, doit le plus éminemment fixer l'attention des penseurs et des hommes instruits." (Catalogue des livres de fonds qui se trouvent chez Dentu, p. 9, in Histoire secrète de la Révolution française, vol. 6).


"The radical ideas of the French Revolution are generally regarded as the offspring of the theory of social contract. However, even though the Revolutionaries cherished Rousseau’s legacy, the period was not without instances in which this legacy could be subject to variation and the notion of social contract could be attributed, in a decidedly negative tone, less to Rousseau than to Hobbes. In this context, the present study of Jean-Baptiste Salaville’s L’Homme et la société, ou nouvelle théorie de la nature humaine et de l’état social (1799) demonstrates that the idea of natural sociability could provide an opportunity to elaborate a radical republican future without the notion of social contract. Salaville’s political vision, built on the tradition of natural jurisprudence, posited a new idea of the general will and empiricist legislation in the last days of the French Revolution." (Abstract of Sociability, Natural Jurisprudence, and Republicanism in the French Revolution : Jean-Baptiste Salaville’s Empiricist Science of the Legislator, Minchul Kim, French Studies, Volume 72, Issue 4, October 2018, Pages 505–520)

Fernand Rude notait que Salaville avait été influencé par les principes de William Godwin (Fernand Rude, dir., Introduction à la Révolution Française, Paris, Armand Colin, 1960., p.114)


Jean-Baptiste Salaville (1755-1832), ancien collaborateur de Mirabeau, était un publiciste connu par  ses articles et brochures. Ses opinions politiques le plaçaient parmi les modérés de la gauche. Salaville semble avoir été identifié comme étant de le nègre de Mirabeau pour nombre de ses discours à la tribune. Révolutionnaire modéré, Salaville collabora au Citoyen français et publia quelques écrits politiques justement estimés dont De l'organisation d'un état monarchique (1790) et L'Homme et la société (1799). On lui a attibué aussi La Théorie de la royauté d'après la doctrine de Milton, traduit de l'anglais (1789) et les Lettres du comte de Mirabeau à ses commettants (1791). LA révolution passée, on lui doit De la perfectibilité (A Paris chez Déterville et Dentu, au bureau du Citoyen-Français, 1801), De l'homme et des animaux (Crapelet, 1805), De la peine de mort et du système pénal dans ses rapports avec la morale et la politique (Huzard, 1826).


"Si la liberté est dans l'homme, le motif naturel de l'imposition et de l'observation des devoirs sociaux, plus il aimera sa liberté, plus il sera porté à remplir ces devoirs : s'il est indifférent pour celle-là, il le sera nécessairement pour les autres, et dès-lors il n'est pas étonnant qu'il les viole ou qu'il les néglige [...] Si l'homme est un être libre, sa conservation n'est pas le but essentiel de son existence, ni son premier intérêt : il s'agit moins pour lui de vivre que de vivre librement, car la vie n'est en lui qu'un moyen dont la liberté est la fin, en excluant l'intérêt de la liberté vous excluez l'intérêt de la vie." (extrait p. 296/301)


Très bon exemplaire en condition d'époque.

Prix : 850 euros