dimanche 21 mai 2017

Prophéties et Divination. Occultisme. Ésotérisme. Les Souvenirs Prophétiques d'une Sibylle (1814). Les Oracles sibyllins (1817) et La Sibylle au Congrès d'Aix-la-Chapelle (1819). Ensemble de 3 volumes. Rare.


LE NORMAND ou LENORMAND, Marie-Anne.

LES SOUVENIRS PROPHÉTIQUES D'UNE SIBYLLE, sur les causes secrètes de son arrestation, le 11 décembre 1809. Ornés d'une gravure. Par Mlle A. Le Normand.

Paris, Chez l'Auteur, rue de Tournon, n°5 et à son Magasin de Librairie, rue du Petit Bourbon, S. Sulpice, n°1., 1814

(3)-IX-(1)-592-(4) pages. Frontispice gravé sur acier par Fr. Janet d'après Séb. Le Roy.

LES ORACLES SIBYLLINS, OU LA SUITE DES SOUVENIRS PROPHÉTIQUES, ornés de gravures. Par Mlle M. A. Le Normand, auteur de la Sibylle au Tombeau de Louis XVI.

Paris, Chez l'Auteur, rue de Tournon, n°5 et à son Magasin de Librairie, ru du Petit-Lion, S. Sulpice, n°1, 1817

527-(2) pages. 3 planches hors-texte.

LA SIBYLLE AU CONGRES D'AIX-LA-CHAPELLE, SUIVI D'UN COUP D’ŒIL SUR CELUI DE CARLSBAD. Ouvrage faisant suite aux Oracles sibyllins. Avec des Notes politiques, historiques, philosophiques, cabalistiques, etc., etc., ornés de sept gravures ; par Mlle M. A. Le Normand, auteur des Souvenirs prophétiques ; des Oracles sibyllins, de l'Anniversaire de la mort de l'impératrice Joséphine, de la Sibylle au tombeau de Louis XVI, etc., etc.

Paris, Chez l'Auteur, rue de Tournon, n°5 et à son Magasin de Librairie, rue du Petit Bourbon, S.-Sulpice, n°1., 1819

(3)-316 pages. 7 planches hors-texte.



Ensemble 3 volumes in-8 (20,5 x 13,5 cm), reliure demi-toile de bibliothèque, étiquette de titre anciennes à l'encre au dos, étiquettes de classement en pied, plats de papier à la colle. Reliures de l'époque faites pour le cabinet de lecture de Charles Géofroi Zabern à Strasbourg (avec étiquette et cachet répété). Reliures encore solides mais en état d'usage (bords et coupes frottés/usés, toile des mors parfois fendue). Intérieur globalement propre avec quelques taches sans gravité. Beau papier chiffon vergé. Ensemble complet (texte et gravures).

ÉDITION ORIGINALE DES TROIS PRINCIPAUX OUVRAGES DE LA SIBYLLE MARIE-ANNE LENORMAND.



Beaucoup de choses ont été écrites sur la devineresse Marie-Anne Lenormand (1772-1843). Née à Alençon, deuxième fille (la première étant morte à la naissance) et portant le même prénom que la première, on lit qu'elle fut un bébé si laid et si difforme que ses parents l'auraient sans doute préférée morte à la naissance comme sa sœur. Mais le destin en décida autrement et elle devint rapidement la petite fille la plus jolie et la plus intelligente qui soit. On s'aperçut même rapidement qu'elle avait un don : le don de voyance. Elle voyait à travers les murs dit-on, elle pouvait lire dans les pensées de ceux qu l'entouraient. Le père mourut laissant à son épouse trois enfants (un garçon et deux filles). Sa mère se remaria mais mourut cinq ans plus tard. Son bon-père se remaria à son tour lui donnant une bonne éducation bien qu'il n'ait aucun sang commun avec elle. Marie-Anne Lenormand fut mise en pension à l'abbaye royale Sainte-Geneviève de Montsort à Alençon puis à la Visitation de la même ville. Elle étudia avec succès un grand nombre de langues mortes et vivantes, la musique, la peinture et les lettres. Elle se consacra aussi dès ce moment à la divination. Elle tira donc les cartes (tarots) à bon nombre de petites bourgeoises de la ville en mal d'avenir radieux. Les voies de l'occulte lui étaient désormais ouvertes. Par des prédictions qui s'avérèrent exactes au sein du couvent où elle se trouvait, elle déchaîna contre elle l'inimitié des supérieures et fut chassée. Elle n'avait que onze ans. Elle fut placée dans une maison de couture où elle s'ennuya. A quatorze ans elle quitta Alençon pour Paris où son beau-père avait ouvert un magasin. Elle devint vendeuse dans un magasin de frivolités de la rue Honoré-Chevalier et poursuivit à côté son activé de prophétesse. Elle fut alors remarquée par Amerval de la Sausotte, aristocrate libertin, dont elle tomba amoureuse. Il devint sa protectrice et officiellement elle devint sa "lectrice". Elle connut alors le monde, les bals, les salles de jeu et le théâtre. Elle exerça dès lors ses talents dans le milieu des spectacles auprès des acteurs et actrices en vogue. La véracité de ses prédictions et le bouche à oreilles fit d'elle une personnalité incontournable dans son domaine. Lorsque Louis XVI convoqua les Etats Généraux (juin 1788) elle prédit la chute de la monarchie, la disparition du clergé et la suppression des couvents. En 1790 elle se rendit à Londres accompagnée de son amant où elle rencontra le Docteur Gall, inventeur de la phrénologie et qui lui dit qu'elle possédait la "bosse" de la divination : "Vous êtes comme la pythie de Delphes, vous avez la protubérance des grands voyants. Vous serez la plus grande sibylle d'Europe !". Tout le monde en parla à Londres et aux environs. Sa réputation allait grandissante. Elle revint en France dès 1792 cependant, où les amateurs de prophéties accoururent : Mademoiselle Clairon, Mademoiselle de Raucourt, Talma, la princesse de Lamballe, Camille Desmoulins lui fut envoyé par le député Fréron, Danton même ! Fabre d'Eglantine encore. Elle prédit la guillotine à Danton, trahi par un ami de jeunesse. Elle reçu encore Joseph Fouché. En 1793, Amerval de la Sausotte fut conduit à la guillotine à son tour. Marie-Anne Lenormand échappa de peu à l'arrestation. Elle se cacha dans un garni sous les toits du Palais Royal. Elle rejoignit une cousine, Louise Gilbert, qui pratiquait elle-même la divination. Louise Gilbert la forma à la pratique des tarots divinatoires. Elle pratiqua aux abords du Pont Neuf, l'un des endroits les plus fréquentés de Paris à cette époque. Déguisée, accoutrée plutôt, tantôt en bohémienne, tantôt en jeune Américaine, elle lisait les lignes de la main ou tirait les cartes aux passants. Finalement l'association avec sa cousine se rompit. Elle se retrouva à nouveau seule et sans ressources. Avec une autre cousine, elle s'installa pour travailler dans les jardins du Palais-Royal, propriété du duc d'Orléans, placée là en dehors de la juridiction des autorités de police de la ville de Paris. Le jardin était ouvert au public jour et nuit. Cétait le lieu de prédilection des prostituées chics de la capitale. Voleurs, joueurs, charlatans, bandits, amuseurs publics, tout y pullulait. Elle était assise à une table dans un café voisin de la Place. Son affaire avançait à grands pas. Son succès s'affirmait. Elle se rapprocha de Mademoiselle Montansier qui possédait et dirigeait le théâtre du Péristyle du Jardin-Egalité, sous les arcades du Palais-Royal. Marie-Anne Lenormand plaisait à Mademoiselle Montansier. C'est alors qu'elle s'installa au n°9 puis au n°5 de la rue de Tournon. C'est là même que le mage Cagliostro, mêlé à l'affaire du collier de la reine Marie-Antoinette, avait trouvé refuge au cours des années 1780. Le journaliste Hébert y avait résidé jusqu'en 1792. La Terreur régnait encore. Elle installa une enseigne sur la porte de son domicile : "Mademoiselle Lenormand, Libraire." Son cabinet prospéra rapidement à partir de cette époque. Elle lisait l'avenir dans les tarots et le marc de café. Les consultations valaient 10, 40 ou même 80 francs. Le Tout-Paris, riche et moins riche, se précipita dès lors chez elle, faisant sa fortune. Le peintre David, Robespierre, Saint-Just, Marat, Tallien, etc. Tous vinrent la consulter, y compris le jeune Napoléon Buonaparte. Elle prédit les morts terribles de Marat et de Robespierre. Mais elle connut la gloire quand elle fit la connaissance de Joséphine Tascher de la Pagerie, comtesse de Beauharnais, qui la consultait à tout propos. Marie-Anne Lenormand sut lui inspirer une totale confiance. Elle mémorisait toutes les confidences de tous ses "consultants" pour s'en servir avec d'autres et ainsi faire illusion de ses dons de clairvoyance. Elle étudia beaucoup aussi, dans les anciens grimoires et inventa de nouvelles mancies. Elle jetait les aiguilles, consultait le plomb fondu, le vif argent, les blancs d'oeufs jetés dans l'eau claire, les miroirs brisés, le cristal de roche ou encore les cendres soufflées. Elle dut être la dépositaire de biens des secrets d'état dans cette période très troublée. Elle était protégée de très haut, par de grands personnages influents.  Cependant elle fut accusée en 1803 d'avoir prédit une conspiration. Elle fut incarcérée à la prison des Madelonnettes. En 1809 elle fut arrêtée de nouveau sur ordre de l'Empereur Napoléon qui craignait l'influence de ses prédictions sur Joséphine. En 1818 elle fut arrêtée en Belgique pour escroquerie. En 1821 encore elle fut arrêtée à Louvain pour possession d'une loupe magique et autres talismans de sorcière. Son activité se poursuivit pourtant. On la saluait de toutes parts comme la plus grande voyante de tous les temps. Elle prédit à son égard qu'elle mourrait âgée de 124 ans en l'an 1896. Elle mourut finalement en 1843 à l'âge de 71 ans, confite en dévotions, ayant abjuré ses pratiques magiques et blasphématoires. Elle ne mourut pas pauvre et son neveu hérita de ses biens estimés à plus d'un million de francs. (ce résumé a été réécrit à partie des informations présentées sur le site Wikipédia et les articles “La sibylle du Faubourg Saint-Germain (4 parties)” publiés sur le site de Franz von Hierf).



MODESTE EXEMPLAIRE DE CABINET DE LECTURE.

INTÉRESSANT ENSEMBLE COMPLET DES TROIS PRINCIPAUX OUVRAGES DE LA PROPHÉTESSE LENORMAND PUBLIÉS ENTRE 1814 et 1819.

VENDU