PERT, Camille [Alias Louise-Hortense Cyrille, épouse Grille de Rougeul].
EN ANARCHIE. Roman.
Paris, H. Simonis Empis, 1901
1 volume in-18 (19 x 12 cm) de 320 pages.
Reliure demi-basane flammée fauve de l'époque, dos à nerfs orné, non rogné, premier plat de couverture illustré en couleurs conservé (excellent état). Reliure fraîche, intérieur sur papier ordinaire uniformément jauni.
ÉDITION ORIGINALE.
Il n'a été tiré de ce volume que 20 exemplaires sur papier de Hollande. Notre exemplaire est numéroté au composteur (n°4.733) comme indiqué sur la page de titre.
La couverture est signée de Lami.
L'auteur de ce roman roulant sur le thème de l'anarchie est une femme : Louise-Hortense Cyrille, épouse Grille de Rougeul (1865 – 1952). Elle a collaboré à l’Informateur des gens de lettres et a écrit près d'une trentaine de romans.
Le personnage principal est Ruth E., une femme peintre divorcée de mœurs très libres qui s’intéresse aux milieux populaires, choisissant ses modèles parmi la population (mâle) la plus défavorisée. C’est ainsi qu’elle se prend d’une toquade pour Émile Lavenir, fils de communards, anarchiste (pâle réplique d’Émile Henry). C’est dans une église remplie lors d’un mariage mondain que Lavenir met fin au sien (d’avenir). Mais, apercevant le visage de Ruth dans le public, il se trouble, vise mal, fuit, et lance l’inévitable cri de « Vive l’anarchie », avant d’être rattrapé par les gendarmes.
"Pauvres filles !... pauvres femmes ! Est-ce le vice qui les a entraînées dans ce gouffre de misère ?... N'est-ce pas plutôt la démence des êtres à bout de souffrance ?... Cette folie qui rend ses victimes comme des bêtes, leur ôte la pudeur, l'orgueil, tous les sentiments humains." Elle s'arrêta ; puis, redressée, les yeux étincelants, la voix pleine et agressive : "- Des bêtes ! oui nous ne sommes plus que des bêtes dans la société qui nous opprime aujourd'hui !... Et voyez-vous la meute qui nous poursuit, nous harcèle ; nous déchire à belles dents ?... la meute des riches, des satisfaits, des dix fois repus !... s'excitant entre-eux par les calomnies et les injures dont ils nous accablent ! - Le peuple est paresseux ! crient-ils devant notre labeur sans trêve - Le peuple se plaint sans cesse, il est grossier, sans mœurs ! vocifèrent-ils devant notre résignation, nos douleurs, nos dévouements - Sont-ils aveugles, stupides ? - Non, ils sont de mauvaise foi ! - Ils ne nous ignorent point ... leur conscience proteste contre le mensonge dont ils nous chargent ; mais ils l'éloignent cyniquement. "Les filles du peuple sont des prostituées, et les hommes des ivrognes ! crachent-ils ? - Soit !... Mais, qu'ils prennent garde que les bras de nos femmes les étouffent un soir !... Qu'ils songent que le vin dont la pauvreté s'étourdit a la couleur du sang !..." (extrait).
En 1901, au moment de la sortie de ce roman, les actions des milieux anarchistes sont encore dans tous les journaux. C'est cette même année 1901 que l'assassinat du président MacKinley par l'anarchiste Leon Czolgosz déclenche une série de réactions par plusieurs juridictions américaines qui établirent alors des lois visant l'anarchisme et la propagande par le fait. En France, après 1900, les tenants de la propagande par le fait (attentats meurtriers ou non) cèdent progressivement le pas aux théoriciens de l'anarchie et aux représentants du courant individualiste. Le monde libertaire s'assagit un temps, au moins en apparence ... systématiquement sévèrement réprimé et mal compris dans ses intentions comme dans ses actes (NDLR).
BEL EXEMPLAIRE BIEN RELIÉ, AVEC SA BELLE COUVERTURE, TRÈS FRAÎCHE.
Prix : 200 euros