mercredi 8 juin 2016

Deux importants textes matérialistes : Examen critique des Apologistes de la Religion Chrétienne (Burigny), 1766 et Le Discours de l'Empereur Julien contre les Chrétiens traduit par Boyer d'Argens et publié avec des notes par Voltaire (1769). Bel exemplaire en reliure d'époque.


ANONYME [attribué à LÉVESQUE DE BURIGNY ?, NAIGEON ? SAINT-HYACINTHE ?]

EXAMEN CRITIQUE DES APOLOGISTES DE LA RELIGION CHRÉTIENNE. Par M. Fréret, Secrétaire perpétuel de l'Académie Royale des Inscriptions et Belles-Lettres.

s.l.n.n., 1766

(1)-287-(1) pages.



Relié à la suite :

BOYER D'ARGENS (Jean-Baptiste Boyer, marquis d'Argens) - VOLTAIRE

DISCOURS DE L'EMPEREUR JULIEN, CONTRE LES CHRÉTIENS. Traduit par Mr. le Marquis d'Argens chambellan de S. M. le Roi de Prusse de l'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Berlin, Directeur de la classe de Philologie. Avec de nouvelles notes de divers auteurs. Nouvelle édition.

A Berlin, Chez Chrétien Frédéric Voss, 1768 [1769]

175 pages.

2 ouvrages reliés en 1 volume in-8 (19,8 x 12,2 cm).

Reliure de l'époque pleine basane porphyre, dos lisse richement orné, pièce de titre de maroquin olive, tranches bleues marbrées. Extrémité des coiffes arrachée (petit restauration à prévoir) sinon exemplaire d'une très grand fraîcheur tant au niveau de la reliure que de l'intérieur. Supra libris au nom de "P. BOSQUET" précédé du chiffre 4. (bibliophile amateur de matérialisme si l'on en croit d'autres ouvrages recouverts de la même provenance). Le second ouvrage est imprimé sur un papier de qualité inégale selon les cahiers. Le papier des derniers cahiers est plus teinté. Bel ensemble.



L'Examen critique des Apologistes de la Religion Chrétienne a été attribué à différents auteurs : Donné faussement sur la page de titre à Fréret, on l'a attribué depuis à Lévesque de Burigny (attribution par Quérard), à Naigeon (attribution par Walckenaer), Saint-Hyacinthe (attribution par Voltaire). En réalité les Lévesque étaient trois frères (Burigny, Champeaux et Pouilly), tous trois peuvent avoir contribué à cet ouvrage. Les dernières recherches laissent à penser que Burigny en est le principal auteur cependant. L'abbé Genet donna en 1878 une preuve qui consolide les arguments en faveur de Burigny : dans les papiers de famille se trouvait un traité Sur la vérité de la religion de 1595, demi-pages in-4 "terminé le 11 septembre 1733" et, selon le petit-fils de Lévesque de Burigny, l'Examen critique n'est en fait formé que d'un certain nombre d'articles de ce manuscrit. (ces indications sont extraites de L'Examen critique des Apologistes de la Religion Chrétienne, les frères Lévesque et leur groupe, par A. Niderst, texte publié dans les Actes des journées du 6 et 7 juin 1980 : Le Matérialisme du XVIIIe siècle et la littérature clandestine. pp. 45-66).

A propos de cet ouvrage qui vient de paraître, Voltaire écrit dans une lettre à Damilaville : "Il n'y a qu'un homme infiniment instruit dans la belle science de la théologie et des Pères, qui puisse avoir fait l'Examen critique des Apologistes. J'avoue que le livre est sage et modéré, [...] le livre attribué à Fréret [...] fait honneur à l'esprit humain [...]" Lettre du 26 juin 1766.

Le deuxième ouvrage, Discours de l'Empereur Julien contre les Chrétiens, est l'oeuvre du Marquis Boyer d'Argens. Beuchot, sans son édition des Oeuvres de Voltaire (publiées entre 1831 et 1841) indique que ce Discours fut publié pour la première fois en 1764 (fragments du Discours). Une réimpression en fut faite en 1767. Voltaire qui avait loué le travail de d'Argens (tome XXV, p. 178, éd. Beuchot), revit plus tard quelques passages de la traduction de d'Argens, en supprima presque toutes les notes, en ajouta beaucoup de son chef, et fit paraître le tout sous le titre de : Discours de l'Empereur Julien contre les Chrétiens, traduit par M. le marquis d'Argens, avec de nouvelles notes de divers auteurs, nouvelle édition, 1768, in-8° (notre édition). Voltaire avait mis en tête un Avis au lecteur, un Portrait de l'Empereur Julien (qui, sauf quelques alinéas, avait paru, en 1767, dans la sixième édition du Dictionnaire philosophique, et qui fut reproduit, sans ces alinéas, soit dans la Raison par alphabet en 1769, soit dans les éditions de Kehl, où il formait la première section de l'article Julien dans le Dictionnaire philosophique. Voltaire ajoute également un Examen du Discours de Julien contre la secte des Galliléens. Il avait ajouté à la fin du volume un Supplément au Discours de Julien. Malgré la date de 1768 que porte le volume publié par Voltaire, il n'est que de 1769. C'est en avril de cette dernière année qu'en parle Grimm dans sa Correspondance. Les Mémoires secrets ne le mentionnent que sous la date du 16 mai 1769. (Beuchot).

L'Empereur Julien (331-363), dit Julien l'Apostat, fut pour bon nombre de matérialistes, athées, anticléricaux, déistes, un symbole qui fallait exhumer de l'histoire ancienne pour en faire un symbole moderne des Lumières. Voltaire fut l'un de ceux qui fit le plus pour cela.

Référence : Œuvres complètes de Voltaire, Beuchot, Tome XXVIII ; Discours de l’empereur Julien contre les chrétiens. Ed. critique avec une introduction et un commentaire par José-Michel Moureaux. Oxford : The Voltaire Foundation. 1994. X-414 p. (SVEC 322).

Provenance : P. Bosquet, XVIIIe s. (supra libris et ex libris signature autographe sur les titres).



BEL EXEMPLAIRE POUR CETTE INTÉRESSANTE RÉUNION DE DEUX OUVRAGES MATÉRIALISTES ET ANTICLÉRICAUX DU SIÈCLE DES LUMIÈRES.

VENDU