dimanche 15 mars 2015

Les Contes fantastiques d'Hoffmann (1836), traduction par H. Egmont, avec de jolies vignettes par Camille Rogier. Bel exemplaire en reliure de l'époque.



E. T. A. HOFFMANN - Camille ROGIER, illustrateur

CONTES FANTASTIQUES DE E. T. A. HOFFMANN, traduction nouvelle précédée d'une notice sur la vie et les ouvrages de l'auteur, par Henry Egmont, ornée de vignettes d'après les dessins de Camille Rogier.

Paris, Perrotin, 1840 [i.e. Paris, Camuzeaux, 1836]. Imprimé par Béthune et Plon.

4 volumes in-8 (21 x 14 cm), XXXI-413-(1), 420-(1), 409-(1) et 399-(1) pages. 16 vignettes gravées sur acier hors-texte dans un encadrement historié imprimé en bleu.

Reliure demi-chagrin bleu nuit, dos à nerfs orné, caissons encadrés de filets à froid et de points dorés, roulette dorée pointillée sur les nerfs, plats de percaline bleu nuit, gardes de papier marbré (reliure de l'époque). Très bon état. Une légère fissure à l'extrémité d'une coiffe, sans manque. Quelques frottements. Intérieur frais avec quelques rousseurs. Beau papier vélin fin le plus souvent bien blanc.

TRÈS JOLIE ÉDITION ANCIENNE DES CONTES FANTASTIQUES.

En 1840, ce qui restait de l'édition de 1836 publiée par Camuzeaux a été remis en vente avec de nouveaux faux-titres et titres, également imprimés par Béthune et Plon, chez Perrotin, libraire-éditeur, rue des Filles-Saint-Thomas, 1, place de la Bourse.

Les illustrations de Camille Rogier sont d'une finesse remarquable. La gravure illustrant La Vampire est une des plus belles compositions de l'artiste pour ce livre (voir photo).

Ces quatre volumes contiennent les contes fantastiques suivants : Signor Formica - Doge et Dogaresse - Le conseiller Krespel - Barbara Rolloffin - L'homme au sable - Ignace Denner - Le vieux comédien - Deux originaux - Bonheur au jeu - Mademoiselle de Scudéry - La vampire - Le majorat - La magnétiseur - La vision - Les aventures de la nuit de Saint Sylvestre - Petit Zacharie, surnommé Cinabre - Don Juan - L'enchaînement des choses - Le coeur de pierre - La maison déserte - Maître Martin le tonnelier et ses apprentis - L'église des jésuites - Les dernières aventures du chien Berganza - La cour d'Artus.

Les contes sont suivis de très intéressantes notes du traducteur.

L’œuvre littéraire d'Hoffmann connut un succès considérable dans la France romantique de 1830 alors que celui-ci est mort en 1822 à l'âge de 46 ans. La première mention d'Hoffmann en France date de 1828 par les soins de Balzac. A la même date plusieurs contes ainsi qu'un article sur la vie et la mort d'Hoffmann paraissent dans la Revue de Paris. En 1836 (notre édition), Henry Egmont reprend à son tour la traduction des œuvres complètes. Dans sa notice, il dénonce la légende romantique qui entoure Hoffmann et cherche à rétablir « la vérité historique altérée à dessein sur l'existence du conteur allemand » ; le même souci de vérité le pousse à réparer les erreurs et les mutilations de la traduction de Loève-Veimars ; Egmont insiste particulièrement sur la mauvaise traduction du titre par contes fantastiques, qu’il ne reprend que pour satisfaire et se plier à la tradition. Des rapprochements ont été faits entre plusieurs contes d'Hoffmann et d'Edgar Allan Poe (Les Élixirs du diable et William Wilson, Le Magnétiseur et Souvenirs de M. Auguste Bedloe, L'Église des jésuites et Le Portrait ovale, Doge et dogaresse et Le Rendez-vous, Le Majorat et La Chute de la maison Usher). Toutefois, si leurs récits reposent, pour l'un comme pour l'autre, sur l'exploitation du surnaturel, Hoffmann s'inscrit dans la tradition du roman gothique, alors que Poe s'en écarte sérieusement, et l'image que ce dernier se fait de l'auteur allemand est largement tributaire de l'article de Walter Scott. Par ailleurs, Poe, qui oppose dans son œuvre la fancy (fantaisie) à l'imagination, a affirmé dans sa préface aux Contes du grotesque et de l'arabesque (1840) : « Si dans maintes de mes productions, la terreur a été le thème, je soutiens que cette terreur n'est pas d'Allemagne, mais de l'âme — que j'ai déduit cette terreur de ses seules sources légitimes et ne l'ai poussée qu'à ses seuls résultats légitimes ». Passionné depuis son enfance par les histoires de fantômes (Spuckgeschichten), Hoffmann parsème ses œuvres de revenants, d'enterrés vifs, de magiciens et sorcières issus du folklore allemand. Le message d'Hoffmann est bien souvent que la réalité est folie et que, a contrario et par un effet de basculement caractéristique de son art et qu'il nomme « principe de Sérapion », le monde imaginaire est réel.

Référence : Vicaire IV, 157.

BEL EXEMPLAIRE.
VENDU