REGNIER (Mathurin)
Les Satyres, et autres Oeuvres du Sieur Regnier. Augmentez de diverses pièces cy-devant non imprimées.
A Rouen, et se vendent à Paris, chez Louis Billaine, 1667 [achevé d'imprimer en janvier 1667 à Rouen par L. Maurry]
1 volume in-12 (152 x 85 mm | Hauteur des marges : 149 mm) de (8)-200 (i.e. 190) et (4) pages de table.
Reliure plein maroquin vieux rouge, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, triple-filet doré en encadrement des plats, double-filet doré sur les coupes, large jeu de filets et roulettes dorées en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne, tranches dorées sur marbrure (reliure exécutée vers 1870 signée CHAMBOLLE-DURU). Exemplaire délicatement lavé au moment de la reliure (ombres d'anciennes écritures sur la page de titre). Parfait état.
Nouvelle édition imprimée à Rouen par Louis Maurry.
Les premières Satyres de Mathurin Régnier paraissent en 1608. Les éditions se succèdent ensuite (1609, 1612, 1613) mais sont très incorrectes. Les éditions parues après la mort de l'auteur (1613) sont réputées meilleures. Notre édition donnée en 1667 a été imprimée à Rouen par L. Maurry. Elle est très correcte et réputée bien imprimée en jolis caractères. Elle contient outre l'Epître au Roy, l'Ode de Régnier sur ses Satyres, XIX Satyres, un Discours au Roy, une Elégie Zelotypique (sur la jalousie maladive), une Imitation d'Ovide intitulée "Impuissance", diverses poésies (odes, stances, élégie, dialogue, hymne, sonnets). Le volume se termine par une table des pièces contenues dans le volume.
Mathurin Régnier (1573-1613), poète satirique français de la Renaissance et du début du XVIIᵉ siècle, est connu pour ses satires en vers. Son œuvre s'inscrit dans la tradition de la poésie satirique héritée de l'Antiquité, notamment d'Horace et de Juvénal, mais elle intègre aussi des influences modernes. Il s'inscrit dans une période de transition entre les libertés formelles de la Renaissance et la discipline des auteurs classiques comme Boileau. Régnier contribue à populariser un genre qui critique les travers de la société, dans une veine humoristique ou mordante, tout comme le fera un siècle plus tard Nicolas Boileau-Despreaux. Régnier observe et critique les mœurs de son époque, dénonçant l'hypocrisie, l'avarice, l'ambition excessive et la corruption. Ses satires offrent un tableau vivant de la société du XVIIᵉ siècle. Il explore les défauts universels, tels que la vanité, l'envie et la bêtise. Ces thèmes lui permettent de toucher à l’intemporel. Parfois, son œuvre aborde des thèmes plus philosophiques, comme la brièveté de la vie ou les illusions des plaisirs terrestres. Régnier excelle dans l’art de brosser des portraits incisifs et colorés, souvent caricaturaux. Il utilise des personnages types (le dévot hypocrite, le courtisan, etc.) pour illustrer ses critiques. Il mélange un vocabulaire érudit avec des expressions familières et parfois crues, conférant à son œuvre une vitalité unique. Il privilégie l’alexandrin, mais avec une liberté formelle propre à son époque. Son style est fluide, parfois irrégulier, et souvent marqué par une oralité apparente. L'humour caustique et l'ironie sont omniprésents, ce qui rend ses satires à la fois divertissantes et percutantes. Régnier revendique l’héritage des poètes satiriques latins, notamment Horace pour son ton moqueur mais indulgent, et Juvénal pour sa vigueur critique. Régnier critique la rigueur stylistique excessive de Malherbe, préférant une poésie plus spontanée et personnelle. Régnier ne se contente pas de critiquer les autres : il se moque aussi de lui-même, adoptant une posture d'observateur lucide et désabusé. Cette capacité d’autodérision le rend attachant et renforce l’humanité de son regard.
Morgand dans son Bulletin de libraire indique pour cette édition de 1667 : "Jolie édition bien imprimée".
"Jolie et bonne édition" indique le libraire Téchener en 1866.
Un exemplaire relié en maroquin de Trautz-Bauzonnet était coté 80 francs au Bulletin de la librairie Morgand (n° 9519, Bulletin n° 16, novembre 1884)
Un autre exemplaire en maroquin de Capé était coté 100 francs or au catalogue de la librairie Auguste Fontaine (1878-1879, n° 595)
Dans le catalogue de la vente de la bibliothèque de Félix Solar on lit : "Bonne et très-jolie édition, plus complète que les éditions elzéviriennes". (Téchener, 1860, n°1301, ex. relié par Trautz-Bauzonnet en maroquin rouge).
L'exemplaire Rochebilière mesurait 145 mm (marges) contre 149 mm pour le nôtre (n°38 page 24).
Provenance : aucune marque de provenance mais nous avons retrouvé la trace de notre exemplaire qui était proposé au catalogue de la librairie Auguste Fontaine en 1874 sous le numéro 2038 (coté 50 francs or) avec ce commentaire : "Jolie édition imprimée à Rouen par Louis Maurry".
Superbe exemplaire grand de marges finement relié par Chambolle-Duru.
Prix : 1.800 euros