samedi 4 janvier 2025

Les Satyres et autres Oeuvres du Sieur Régnier (1667). Superbe exemplaire relié en maroquin par Chambolle-Duru de cette jolie édition bien imprimée par Louis Maurry à Rouen.


REGNIER (Mathurin)

Les Satyres, et autres Oeuvres du Sieur Regnier. Augmentez de diverses pièces cy-devant non imprimées.

A Rouen, et se vendent à Paris, chez Louis Billaine, 1667 [achevé d'imprimer en janvier 1667 à Rouen par L. Maurry]

1 volume in-12 (152 x 85 mm | Hauteur des marges : 149 mm) de (8)-200 (i.e. 190) et (4) pages de table.

Reliure plein maroquin vieux rouge, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, triple-filet doré en encadrement des plats, double-filet doré sur les coupes, large jeu de filets et roulettes dorées en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne, tranches dorées sur marbrure (reliure exécutée vers 1870 signée CHAMBOLLE-DURU). Exemplaire délicatement lavé au moment de la reliure (ombres d'anciennes écritures sur la page de titre). Parfait état.


Nouvelle édition imprimée à Rouen par Louis Maurry.

Les premières Satyres de Mathurin Régnier paraissent en 1608. Les éditions se succèdent ensuite (1609, 1612, 1613) mais sont très incorrectes.  Les éditions parues après la mort de l'auteur (1613) sont réputées meilleures. Notre édition donnée en 1667 a été imprimée à Rouen par L. Maurry. Elle est très correcte et réputée bien imprimée en jolis caractères. Elle contient outre l'Epître au Roy, l'Ode de Régnier sur ses Satyres, XIX Satyres, un Discours au Roy, une Elégie Zelotypique (sur la jalousie maladive), une Imitation d'Ovide intitulée "Impuissance", diverses poésies (odes, stances, élégie, dialogue, hymne, sonnets). Le volume se termine par une table des pièces contenues dans le volume.











Mathurin Régnier (1573-1613), poète satirique français de la Renaissance et du début du XVIIᵉ siècle, est connu pour ses satires en vers. Son œuvre s'inscrit dans la tradition de la poésie satirique héritée de l'Antiquité, notamment d'Horace et de Juvénal, mais elle intègre aussi des influences modernes. Il s'inscrit dans une période de transition entre les libertés formelles de la Renaissance et la discipline des auteurs classiques comme Boileau. Régnier contribue à populariser un genre qui critique les travers de la société, dans une veine humoristique ou mordante, tout comme le fera un siècle plus tard Nicolas Boileau-Despreaux. Régnier observe et critique les mœurs de son époque, dénonçant l'hypocrisie, l'avarice, l'ambition excessive et la corruption. Ses satires offrent un tableau vivant de la société du XVIIᵉ siècle. Il explore les défauts universels, tels que la vanité, l'envie et la bêtise. Ces thèmes lui permettent de toucher à l’intemporel. Parfois, son œuvre aborde des thèmes plus philosophiques, comme la brièveté de la vie ou les illusions des plaisirs terrestres. Régnier excelle dans l’art de brosser des portraits incisifs et colorés, souvent caricaturaux. Il utilise des personnages types (le dévot hypocrite, le courtisan, etc.) pour illustrer ses critiques. Il mélange un vocabulaire érudit avec des expressions familières et parfois crues, conférant à son œuvre une vitalité unique. Il privilégie l’alexandrin, mais avec une liberté formelle propre à son époque. Son style est fluide, parfois irrégulier, et souvent marqué par une oralité apparente. L'humour caustique et l'ironie sont omniprésents, ce qui rend ses satires à la fois divertissantes et percutantes. Régnier revendique l’héritage des poètes satiriques latins, notamment Horace pour son ton moqueur mais indulgent, et Juvénal pour sa vigueur critique. Régnier critique la rigueur stylistique excessive de Malherbe, préférant une poésie plus spontanée et personnelle. Régnier ne se contente pas de critiquer les autres : il se moque aussi de lui-même, adoptant une posture d'observateur lucide et désabusé. Cette capacité d’autodérision le rend attachant et renforce l’humanité de son regard.

Morgand dans son Bulletin de libraire indique pour cette édition de 1667 : "Jolie édition bien imprimée".

"Jolie et bonne édition" indique le libraire Téchener en 1866.

Un exemplaire relié en maroquin de Trautz-Bauzonnet était coté 80 francs au Bulletin de la librairie Morgand (n° 9519, Bulletin n° 16, novembre 1884)

Un autre exemplaire en maroquin de Capé était coté 100 francs or au catalogue de la librairie Auguste Fontaine (1878-1879, n° 595)

Dans le catalogue de la vente de la bibliothèque de Félix Solar on lit : "Bonne et très-jolie édition, plus complète que les éditions elzéviriennes". (Téchener, 1860, n°1301, ex. relié par Trautz-Bauzonnet en maroquin rouge).

L'exemplaire Rochebilière mesurait 145 mm (marges) contre 149 mm pour le nôtre (n°38 page 24).








Provenance : aucune marque de provenance mais nous avons retrouvé la trace de notre exemplaire qui était proposé au catalogue de la librairie Auguste Fontaine en 1874 sous le numéro 2038 (coté 50 francs or) avec ce commentaire : "Jolie édition imprimée à Rouen par Louis Maurry".

Superbe exemplaire grand de marges finement relié par Chambolle-Duru.

Prix : 1.800 euros

vendredi 3 janvier 2025

Portfolio de 50 eaux-fortes par Sylvain Sauvage pour illustrer les Mémoires de Casanova (1920). Tirage à 290 exemplaires seulement. Un des 250 ex. sur Hollande. Superbe portfolio Art Déco.



SYLVAIN SAUVAGE | [CASANOVA]

CINQUANTE EAUX-FORTES DE SYLVAIN SAUVAGE POUR ILLUSTRER LES MEMOIRES DE JACQUES CASANOVA DE SEINGALT VENITIEN.

Se trouve chez Paul Cotinaud, Paris, sans date (1920) et chez tous les bons libraires

Portfolio grand in-4 (30 x 21 cm) comprenant sous rabats la suite de 50 eaux-fortes précédée de 14 feuillets comprenant le faux-titre, la table des planches et l'achevé d'imprimer numéroté et signé à la plume par l'artiste. Chemise cartonnée de l'éditeur portant une vignette de titre sur le premier plat, lacets de soie verte. Quelques frottements et usures sans gravité au portfolio (extérieur et rabats), planches en bel état avec quelques rousseurs et colorations diffuses à quelques planches seulement (marges). Complet.

Tirage unique à 290 exemplaires seulement.

Celui-ci, un des 250 exemplaires sur papier de Hollande.

Il a été tiré 1 ex. unique sur Japon ancien (avec les 50 dessins originaux), 25 ex. sur Japon impérial, 250 ex. sur Hollande et 15 ex. hors commerce. Les planches ont été détruites après tirage.








On joint la facture du premier acheteur datée du 12 octobre 1927 (300 francs net, épuisé). Achat effectué par le bibliophile "Monsieur Chrétien" (68, rue La Fayette, Paris IXe arr.) à la librairie "Aux Amateurs de Livres" tenue par Marcel Blancheteau (56, Faubourg Saint-Honoré, 56 Paris VIIIe).

Un des plus beaux portfolios de l'époque et l'une des plus belles suites donnée à l'eau-forte par Sylvain Sauvage qui appréciait particulièrement illustrer Casanova (on lui doit également une édition en 2 volumes intitulée "Une Aventure de Casanova" et publiée chez l'artiste en 1926.












La plupart des planches de cette suite sont très sensuelles ; les femmes très étirées à la manière de l'artiste, influencées par l'Art Déco ambiant, évoluent au milieu d'un décor précieux et respirant l'amour leste propre aux aventures du plus célèbre des vénitiens.

Sylvain Sauvage (1888-1948) illustra Pierre Louÿs, le Marquis de Sade, Henri de Régnier, Voltaire, La Fontaine, Anatole France et bien d'autres encore. Les décors sont raffinés, les visages et les positions très expressifs. Sylvain Sauvage fut l'un des illustrateurs des éditions de bibliophilie de sa génération et aussi l'un des plus prolifiques de la période Art Déco.






Très bon exemplaire complet (la plupart des exemplaires de ce portfolio ont été démembrés pour en vendre les planches séparément).

Prix : 1.450 euros

jeudi 2 janvier 2025

AUBERY (Antoine) | Des Justes Prétentions du Roy sur l'Empire. Par le Sieur Aubery advocat au Parlement et aux Conseils du Roy. Suivant la Copie imprimé, A Paris, M D C LXVII. (1667). "Livret curieux et rare qui a eu un immense retentissement en Europe et dont les Espagnols se servaient avec habileté pour autoriser l'opinion que Louis XIV prétendait à la monarchie universelle". Bel exemplaire finement relié vers 1860 de ce petit ouvrage politique rare qui valut la Bastille à son auteur.



AUBERY (Antoine)

Des Justes Prétentions du Roy sur l'Empire. Par le Sieur Aubery advocat au Parlement et aux Conseils du Roy.

Suivant la Copie imprimé, A Paris, M D C LXVII. (1667) [La Haye, chez les frères Steucker ? ou Daniel Elzévier ?]

1 volume in-12 (135 x 80 mm | Hauteur des marges : 130 mm) de 182 pages y compris le titre et l'Epître au roi, et 1 feuillet de table non chiffré. Titre à la sphère armillaire. Notre exemplaire est bien complet des 4 feuillets blancs à la fin qui terminent le cahier H (comme indiqué par Willems).

Reliure plein maroquin vert sombre, encadrement à la Du Seuil sur les plats, dos richement orné aux petits fers dorés, filet doré sur les coupes, double-filet doré en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne, tranches dorées (reliure exécutée vers 1860, de très belle facture et curieusement non signée). Bel exemplaire très frais.



Nouvelle édition.

Cet ouvrage publié pour la première fois en 1666 est comme la suite d'un premier ouvrage publié en 1649 (De la Prééminence de nos Roys). Antoine Aubery, qui avait été une Histoire de Richelieu et de Mazarin, n'avait jamais été pris en faute pour diffusion d'un libelle répréhensible. Pourtant, en 1667, alors que cet ouvrage initialement imprimé à Paris au format in-4, l'auteur est arrêté et conduit à la Bastille pour deux mois sur ordre de La Reynie qui mena l'interrogatoire. On reprocha à Aubery d'avoir donné à Louis XIV les clés de l'Empire en le prononçant "roi des rois" en s'appuyant sur la légitimité du roi de France à régner sur tout l'Empire selon les textes du temps de Charlemagne. Aubery entre à la Bastille le 12 octobre 1667 et en sorti le 13 décembre de la même année. "Les mémoires du temps nous apprennent qu'il y fut traité avec toutes sortes d'égards et de manière à lui rendre très légers les ennuis de la prison. Cependant le conseil d'en haut ordonna la suppression du livre, et le lieutenant général de police dut instruire contre l'auteur. Les princes de l'Empire qui s'étaient plaints au gouvernement français se tinrent pour satisfaits en apparence, mais depuis lors ils observèrent avec inquiétude les démarches de Louis XIV. (in Archives de la Bastille, volume 7, p. 285 et suiv.).







"Il est bien probable qu'avant de publier ce dernier livre il s'était assuré de l'approbation tacite du gouvernement, et même nous ne serions pas éloigné de croire qu'il l'avait fait par ordre, Louis XIV s'étant toujours considéré comme le premier souverain de l'Europe, et devant prendre à ce titre le pas sur tous les autres potentats; mais on venait de déclarer la guerre à la Hollande, et la prudence exigeait de ne pas se mettre de nouveaux ennemis sur les bras; l'Allemagne était restée neutre, c'était elle qui était le plus vivement attaquée par Aubery; on voulut lui donner satisfaction, et l'auteur fut enfermé pendant deux mois à la Bastille" (in Archives de la Bastille, volume 7, p. 285 et suiv.).

A propos de notre petit volume publié en 1667 condamné à être saisi et détruit, il s'agit très probablement d'une impression des Elzévier comme l'indique Pieters dans ses Annales des Elzévier : "Dans ses catalogues de 1824 et 1844, M. Motteley considère cette édition comme Elzévirienne, et en effet, je présume qu'elle sort de leurs presses : cependant leurs catalogues officinaux ne la mentionnent pas et celui de la librairie de Daniel Elzévier de 1674 cite bien l'ouvrage avec la même date ; mais comme imprimé à Paris (Peut-être Daniel l'a-t-il exécuté pour compte français). Il existe des exemplaires avec un supplément de 48 pages en latin (qui ne se trouve pas dans notre exemplaire) (in Pieters, Annales des Elzévier, p. 336). Willems n'est pas d'accord avec Pieters. Selon Willems se volume aurait été exécuté à La Haye par les Frères Steucker (comme on le reconnait à la sphère du titre, à l'absence de lettres grises, à la signature des cahiers en 6 et au fleuron final).













"Livret curieux et rare qui a eu un immense retentissement en Europe et dont les Espagnols se servaient avec habileté pour autoriser l'opinion que Louis XIV prétendait à la monarchie universelle" (Willems)

Références : Pieters, 336 ; Willems, n°1762 ; Archives de la Bastille, vol. 7, p. 285 et suiv. ; Brunet, VI, col. 1744 (éd. 1865).

Provenance : étiquette du libraire H. Rossignol à Cannes.

Bel exemplaire finement relié vers 1860 de ce petit ouvrage politique rare qui valut la Bastille à son auteur.

VENDU