mardi 4 février 2025

SPELTA ou SPELTE (Anthoine Marie) | L. GARON (traducteur) | La Sage-Folie, Fontaine d'allégresse, Mère des plaisirs, Reyne des belles humeurs : Pour la défense des personnes joviales, à la confusion des archisages et protomaistres : Oeuvre morale, très curieuse et utile à toutes sortes de personnes. Traduite en français de l'italien, d'Anthoine Marie Spelte, historiographe du Roy d'Espagne, par L. Garon. Première partie. A Rouen, chez Jacques Caillové, 1635. SUIVI DE : La Délectable Folie, Support des Capricieux, soulas des Fantasques, nourriture des Bigearres : Pour l'utilité des cerveaux faibles, et retenue des boutadeux. Bel exemplaire relié en maroquin au milieu du XIXe siècle par Chipot de cet ouvrage fort curieux et passionnant.



SPELTA ou SPELTE (Anthoine Marie) | L. GARON (traducteur)

La Sage-Folie, Fontaine d'allégresse, Mère des plaisirs, Reyne des belles humeurs : Pour la défense des personnes joviales, à la confusion des archisages et protomaistres : Oeuvre morale, très curieuse et utile à toutes sortes de personnes. Traduite en français de l'italien, d'Anthoine Marie Spelte, historiographe du Roy d'Espagne, par L. Garon. Première partie.

A Rouen, chez Jacques Caillové, 1635

SUIVI DE :

La Délectable Folie, Support des Capricieux, soulas des Fantasques, nourriture des Bigearres : Pour l'utilité des cerveaux faibles, et retenue des boutadeux. Traduite en français de l'italien, d'Anthoine Marie Spelte, historiographe du Roy d'Espagne ; par L. Garon. Seconde partie.

A Rouen, chez Jacques Caillové, 1635



2 parties reliées en 1 volume in-12 (14,1 x 8,7 cm | hauteur des marges : 137 mm) de (16)-192-(12) et (8) ensuite la pagination reprend à 181 jusqu'à 587 (fin). Collationné complet.

Reliure plein maroquin olive noire à grain fin, dos à faux-nerfs avec caissons encadrés de filets dorés avec petit fleuron au centre, millésime en queue, triple-filet doré en encadrement des plats, filet perlé doré sur les coupes, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigné queue de paon, tranches dorées sur marbrure (reliure exécutée vers 1850-1870 signée CHIPOT). Très bel état de conservation. Intérieur frais. Papier fin. Le premier titre est coupé court en marge inférieure avec légère atteinte à la date. Typographie en assez gros caractères.









La Sage-Folie de Spelte a paru pour la première fois en italien en 1607. La première traduction française date de 1628. Cet ouvrage facétieux, conçu à la manière de l'Eloge de la Folie d'Erasme, donne en deux parties un état de la folie des hommes et de la manière de bien s'en accommoder et d'en rire. La première partie dresse un éloge de la folie, malgré la satire toujours présente, tandis que la seconde partie propose un tableau des hommes et des professions en proie à la folie, au fantasque et à la vanité : De l'origine et progrès de la folie - La Folie amie de la nature -  La Folie incite les femmes à un nouveau accouchement - La Folie est de grand secours aux petits enfants - La Folie est nécessaire aux hommes - La Folie est soulagement aux mariages - La Folie fait les hommes hardis - La Folie tempère les misères humaines - La Folie des écrivains, la Folie des astrologues, la Folie des Nécromanciens, La Folie des Chasseurs, La Folie des Pêcheurs, La Folie des Amoureux, La Folie des Sages, etc.













Provenance : de la bibliothèque du Docteur Antoine Danyau (1803-1871) avec son ex libris. Médecin, reçu au concours d'agrégation en 1832, chirurgien des hôpitaux à Paris. Il siégea à l'Académie de médecine en 1850. Chef de clinique à la Charité, chirurgien du bureau central. Il est nommé professeur agrégé en 1832 et chirurgien des hôpitaux en 1834. Il devient professeur-adjoint d'obstétrique à l'hospice de la Maternité en 1840, il est médecin en chef de la Maison d'accouchement. Dès l'année 1839, il s'était consacré entièrement à la pratique des accouchements, pour laquelle il avait une prédilection remarquée. Il est élu membre de la section d’accouchements de l'Académie de médecine le 7 mai 1850.  Sa bibliothèque a été vendue en 1872 (notre exemplaire est le n°1289 du catalogue), elle était très variée. Avec autre ex libris moderne J. M. armorié, pour Jean Morel, collectionneur d'impressions anciennes de Rouen si l'on s'en tient aux ouvrages de sa bibliothèque en circulation (voir également la Revue du Lyonnais, t. VIII, 1869, p. 38).

Bel exemplaire de cet ouvrage fort curieux et passionnant.

Prix : 2.300 euros

samedi 1 février 2025

Octave Uzanne | Préface de Jules Barbey d'Aurévilly | Le Bric-à-Brac de l'Amour (1879) | Edition originale tirée à petit nombre sur papier de Hollande. Superbe exemplaire luxueusement relié en maroquin pour Armand Cottin (reliure à son chiffre doré sur les plats) et avec son ex libris.



Octave UZANNE | Jules BARBEY D'AUREVILLY, préface.

LE BRIC-A-BRAC DE L'AMOUR par Octave Uzanne. Préface de Jules Barbey d'Aurevilly.

Paris, Edouard Rouveyre, 1879 [imprimerie Darantière, Dijon]

1 volume in-12 (19,5 x 13,5 cm) de XIV-178-(2)-(22) pages. Frontispice à l'eau-forte dessiné et gravé par Adolphe Lalauze.

Reliure strictement de l'époque plein maroquin bleu nuit, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés à l'oiseau, triple-filet doré en encadrement des plats avec fleuron doré à l'oiseau dans les angles et grand chiffres doré (Armand Cottin), double-filet doré sur les coupes, large dentelle dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré à motif queue de paon, tranches dorées, les couvertures de brochage n'ont pas été conservées (reliure signée FOCK FILS). Superbe état.

ÉDITION ORIGINALE.

TIRAGE A PETIT NOMBRE SUR PAPIER VERGÉ DE HOLLANDE.






Le détail du tirage est le suivant : Tirage à petit nombre sur papier de Hollande (1.000 exemplaires selon Octave Uzanne lui-même). Il a été fait un tirage de luxe comme suit : 4 exemplaires imprimés sur parchemin, 6 exemplaires imprimés sur papier du Japon, 10 exemplaires imprimés sur papier de Chine, 30 exemplaires imprimés sur papier Whatman. Il a été également fait un tirage en deux couleurs (bleu flore et rouge minéral) à 50 exemplaires sur papier Whatman.

C’est le 5 décembre 1878 que sort des presses dijonnaises de l’imprimeur Darantière pour le compte d’Edouard Rouveyre, libraire et éditeur à Paris, un charmant petit volume intitulé le Bric-à-brac de l’amour (*) par Octave Uzanne, avec une préface de Jules Barbey d’Aurevilly. Il porte sur le titre la date de 1879. Cet ouvrage est orné d’un joli frontispice dessiné et gravé par Adolphe Lalauze. Il représente l’auteur en train de rêver le visage enroulé dans son bras gauche sur le dossier de son fauteuil, dans son cabinet, entouré d’angelots vire-voletant et jouant de la musique. Une plantureuse Vénus se trouve juste derrière lui. L’auteur rêve aux bénéfices et aux affres de l’amour, sans doute. Octave Uzanne a 27 ans. C’est la pleine sève du jeune homme aux appétits féroces de belles demoiselles qui s’exprime dans tout ce volume. Le 10 février de la même année avait paru son premier ouvrage de librairie Caprices d’un Bibliophile. Ce premier ouvrage ne s’aventurait pas encore sur les chemins de l’amour et des femmes qu’Uzanne empruntera tant et tant par la suite. Il donnera d’ailleurs à la suite du Bric-à-brac deux autres ouvrages dans la même veine le Calendrier de Vénus (1880) et les Surprises du Cœur (1881). Mais qui mieux qu’Uzanne pourrait parler de l’histoire de ce livre ? Voici ce qu'il écrit dans le catalogue de la vente d’une partie de sa bibliothèque en mars 1894 :

 « … Il y a quinze ans déjà ! le Bibliophile débutait à peine dans les lettres, et ce livre du Bric-à-Brac était pour l’époque d’une véritable audace. – J. Barbey d’Aurevilly venait de publier les Diaboliques qui firent si grand bruit ; il réclama et lut les épreuves du Bric-à-Brac, et quand l’auteur le vint voir, inquiet de son verdict, tremblant à l’idée des critiques féroces dont J. B. d’A. était si volontiers prodigue, il se vit accueilli avec transport par le Preux de Valognes, aussi emballé cette fois qu’il était réservé d’habitude. « Votre livre, Monsieur, m’enthousiasme – s’écria-t-il, et je le veux dire… que voulez-vous de moi Monsieur ? une préface … un article du lundi au Constitutionnel ? – parlez, je suis à vos ordres, et je ferai pour vous ce que je vous dois pour le délicat plaisir que m’a causé votre livre… » Et comme ravi et confus, l’auteur s’excusait timidement sur les imperfections de cette œuvre hâtive : « Ah çà ! criait le grand Maître, me prenez-vous pour un flagorneur… ? Mais, Monsieur, écoutez ceci : vous seriez mon pire ennemi, je vous détesterais à la mort que je vous devrais encore les hommages que je vous décerne, pour la rareté des sensations littéraires que vous m’avez procurées… - Vous êtes mon créancier… je n’ai pas fait trois préfaces dans ma vie…, et encore les ai-je faites ? – Voulez-vous de moi pour la curiosité du fait comme préfacier de votre livre truculant qui m’a tout empoigné et conquis… ? » Et ce fut ainsi, en sa pauvre chambre de la rue Rousselet qu’il magnifiait par ses causeries incomparables et ses mots à panache, que Barbey d’Aurevilly improvisa la préface du Bric-à-Brac dont il n’avait lu que les deux tiers. Il regrettait, plus tard, le livre étant paru, de n’avoir pu faire ressortir le moraliste qu’il découvrit – disait-il, - dans les dernières pages du livre, parmi les aphorismes et les épigrammes sur les femmes, mais rien ici-bas n’est parfait et telle qu’elle se présente, cette préface aura suffi à donner satisfaction aux seules ambitions littéraires qu’ait jamais manifestées le bibliophile-écrivain, jusqu’ici très solitaire, et fort indépendant avant tout. – L’auteur du Bric-à-Brac n’est ni décoré, ni désireux de l’être ; il n’aspire à aucune académie, se soucie des hommes au pouvoir comme un poisson d’une pomme et ne se sent sollicité que par la seule liberté de tout faire et de tout dire sans trembler. Il pense que les charges, ou les honneurs, quoi qu’on en dise, endomestiquent toujours un homme – et ne grandissent que ceux qui ont la modestie de se trouver petits et de croire à leur exhaussement par les médiocres piédestaux que leur offre la vanité humaine. Cette préface écrite en polychromie extraordinaire, semée de poudre d’or avec ses paraphes, ses initiales solides, ses fusées graphiques, est certainement le plus curieux manuscrit qu’on ait conservé de l’auteur de la Vieille Maîtresse. L’illustration de ce livre dans les marges n’est qu’à l’état d’amorce. Cet exemplaire vaut d’être complété par des aquarellistes de talent qui trouveront sur le whatman à gros grain un excellent terrain pour s’essayer à la plume, au crayon et au lavis. Une remarque curieuse au sujet de ce livre. La couverture du Bric-à-Brac de l’amour montre un des premiers essais de tirage en couleur par gillotage. Il y a quinze ans, c’était encore peu de chose, mais, l’auteur cherchait déjà des procédés nouveaux. On sait combien la chromotypographie a progressé depuis. »












"Que contient ce Bric-à-Brac de l’Amour ? Outre la Préface de Barbey d’Aurévilly citée plus haut, l’auteur commence par un avis Aux honnestes dames de Paris. Viennent ensuite sept textes sur les femmes et l’amour sous forme de courts récits. Ce sont Le crachoir – Du mourir en amour – Un curieux maléfice – Les pulsations de l’attente – Bric-à-Brac du sentiment – Le libertinage – Une femme qui saute. On trouve à la suite un Cupidoniana ou recueil de sentences, maximes et autres aphorismes bien sentis sur l’amour et les femmes. Le volume s’achève sur une Post-face ou A qui a lu." (Bertrand Hugonnard-Roche)

Provenance : de la bibliothèque Armand Cottin (1858-1930), reliure exécutée pour lui à son chiffre doré par Fock Fils et avec son ex libris portant la devise "cum libris semper et ubique jucunda societas" (en l'agéable compagnie des livres, toujours et partout). Armand Cottin, notaire à Paris (6 rue Royale) de 1890 à 920, était le frère de Paul Cottin, bibliothécaire à l'Arsenal. Il meurt en 1930. La luxueuse reliure à son chiffre qu'il fait donner à cet exemplaire donne une idée des exigences de qualité du bibliophile amateur de littérature ; Ex libris BHR (Bertrand Hugonnard-Roche, 2011).

Superbe exemplaire luxueusement relié à l'époque pour le bibliophile Armand Cottin.

VENDU

jeudi 30 janvier 2025

BRANTÔME (Pierre de Bourdeille ou Bourdeilles, seigneur de) | Mémoires de Messire Pierre de Bourdeille, Seigneur de Brantome, contenant les anecdotes de la cour de France, sous les rois Henri II, François II, Henri III et IV, touchant les Duels. A Leyde, chez Jean Sambix le jeune, 1722. Bel exemplaire relié par Vermorel pour le Baron René de Batz.


BRANTÔME (Pierre de Bourdeille ou Bourdeilles, seigneur de)

Mémoires de Messire Pierre de Bourdeille, Seigneur de Brantome, contenant les anecdotes de la cour de France, sous les rois Henri II, François II, Henri III et IV, touchant les Duels.

A Leyde, chez Jean Sambix le jeune, 1722

1 volume in-12 (134 x 80 mm | hauteur des marges : 129 mm) de (4)-.331-(1) pages. Page de titre à la sphère imprimée en rouge et noir.

reliure plein veau marbré caramel, dos à faux-nerfs orné, pièce de titre de maroquin rouge, millésime doré en queue du dos, double-filet doré en encadrement des plats, roulette sur les coupes, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré, tranches dorées (reliure exécutée au début du XXe siècle par VERMOREL à l'imitation des reliures du XVIIIe siècle). Parfait état. Exemplaire grand de marges avec plusieurs témoins en marge inférieure.


Edition originale.

Ce volume est le dernier de la série des 9 volumes de Mémoires de Brantôme publiés pour la première fois entre 1665 et 1666. Ce "dixième" volume parait plus de 50 ans après.

Pierre de Bourdeille, dit Brantôme (1540-1614), noble soldat français, s'était fait écrivain sans avoir rien publié de son vivant. Il rédige ses mémoires dans les dernières années de sa vie, après s'être retiré dans son château de Richemond, en Dordogne, en raison d’une blessure qui mit fin à sa carrière militaire. Ces mémoires témoignent de son expérience à la cour et sur les champs de bataille, mais aussi de son intérêt pour les anecdotes, souvent salaces, sur les personnages qu’il côtoyait. De nombreux passages scandaleux ou mettant en cause la personne de Brantôme ou l'entourage de la cour ne seront pas publiés. Ses Dames Galantes sont restés célèbres pour la liberté de ton qu'il y emploie. Il y débat des plaisirs du sexe, des femmes, des hommes, des cocus et autres manèges de l'amour à la cour des derniers Valois.







Ludovic Lalanne, dans son édition scientifique des Mémoires de Brantôme (édition parue entre 1864 et 1882) écrit : Ce Discours sur les duels, pour lequel nous n'avons pu trouver aucun manuscrit, a été imprimé pour la première fois en 1722, en Hollande, sous le titre de Mémoires de messire Pierre de Bour- deille, seigneur de .B/'ay:France, sous les rois Henri II, François II, Henri III et IV, touchant les duels. A Leyde, chez Jean Sambix le jeune, à la sphère ; in-12. C'est le texte de cette édition où nous avons dû corriger plus d'une faute qui a été adopté depuis par les différents éditeurs de Brantôme, et, faute de mieux, nous le reproduisons ici.".

"J'ay entrepris ce discours sur ce que j'ay veu souvent faire cette dispute parmi de grands capitaines, seigneurs, braves cavalliers et vaillans soldats ; sçavoir mon si l'on doit pratiquer grandes courtoisies et en user, parmy les duels, combats, camps-clos, estaquades et appels ? Aucuns les ont fort approuvées, et sont estez d'advis d'en user, d'autres non. Ceux et les premiers qui ont mis les camps-clos et combats à outrance en leurs plus grands vogues, sont estez les Danois et Lombards et qui les premiers leur ont imposé les loix rigoureuses que autresfois ont estées observées parmy nous autres chrestiens par trop cruellement, et principalement du temps de Charlemaigne qui mesme en fit des loix, et depuis fort usitées parmy les François et Italiens, plus parmy eux que par autres. Il ne falloit point parler de courtoisie nullement, sinon qui entroit en camp-clos, falloit se proposer vaincre ou mourir, et surtout ne se rendre point, car le vainqueur du vaincu (par ces loix lombardes et danoises) en disposoit tellement qu'il en vouloit et bon lui sembloit, comme de le traisner par le camp ainsi qu'il lui eust pieu, de le pendre, de le brusler, de le tenir prisonnier, bref en disposer mieux que d'un esclave, car tel estoit le vaincu du vainqueur. On dit que les Danois et Lombards sur cette ignominie de traisner par le camp, en prirent leur exemple d'Achilles, lequel (ainsi que récite Homère) après qu'il eut vaincu Hector, l'attacha tout mort à la queue de son chariot ou cheval, et le traisna trois fois par le camp en signe de triumphe et de victoire très-noble." (extrait du commencement du Discours sur les Duels).






Provenance : de la bibliothèque de René de Batz avec son ex libris gravé armorié (de gueules, au Saint-Michel de carnation vêtu d'argent à la romaine perçant avec une lance d'or un dragon au naturel, au 2, d'azur, au lion d'or sur un rocher d'argent de cinq pièces) portant la devise "Toujours plus". René Baron de Batz de Trenquelléon ou Trenqueléon et de Mirepoix (1865-1928), était ingénieur civil. Il s'est intéressé aux gisements aurifères en Sibérie, aux voies de communication terrestres et fluviales de ce pays et à la construction du Transsibérien. En 1899 il part explorer deux mois la Mongolie et publie un texte intitulé "Voyage en Mongolie" (in Le Tour du Monde, 1901).

Bel exemplaire de cet intéressant texte sur les duels ici luxueusement relié postérieurement sans tomaison.

Prix : 650 euros


mercredi 29 janvier 2025

Charles Louis LE SUR ou LESUR | La France et les Français en 1817. Tableau moral et politique, précédé d'un coup d'oeil sur la Révolution. Par C. L. Le Sur. Paris, H. Nicolle, Fantin et Delaunay, 1817 (de l'imprimerie d'Ange Clo). Edition originale. Bon exemplaire d'un livre très intéressant pour qui s'intéresse à l'histoire de la France au fil des années.


Charles Louis LE SUR ou LESUR

La France et les Français en 1817. Tableau moral et politique, précédé d'un coup d'oeil sur la Révolution. Par C. L. Le Sur.

Paris, H. Nicolle, Fantin et Delaunay, 1817 (de l'imprimerie d'Ange Clo)

1 fort volume in-8 (21,3 x 14 cm) broché de (8)-XXXVIII-496 pages. Couverture en papier rose avec pièce de titre imprimée (époque). Petite fente au dos, plats passés, néanmoins bon état du brochage qui est solide. Exemplaire tel que paru, non rogné. Papier chiffon de qualité, pratiquement sans rousseurs, très frais.

Edition originale.







« L'état de la France me fait peur, me disiez-vous il y a environ un an, non-seulement en ce qu'elle a de charges à supporter, mais en ce qu'il s'y trouve tant de gens qui ne peuvent pas s'entendre parce qu'ils ne veulent rien s'accorder. Il faut oublier, il faut pardonner, tout le monde a eu des torts : voilà ce qu'on ne cesse de se dire ! Mais on n'oublie pas, on pardonne encore moins, on ne perd jamais de vue les torts des autres ..., peut-être parce qu'on n'ose s'avouer les siens. Il ne nous a pas manqué depuis la restauration, d'ouvrages, et méme de bons ouvrages, où l'on a considéré des parties isolées de notre situation. Je voudrais un livre qui nous en fit connaître l'ensemble ; où l'on pût prendre une idée juste de l'état de notre population, de nos mœurs, de notre administration, de nos revenus, de nos dépenses, de nos rapports politiques, de nos dangers et de nos espérances, où l'on vît ce que la révolution nous a laissé de mal et de bien, ce que le régime constitutionnel nous promet, ce que nous sommes chez nous et ce que nous pouvons être en Europe. Pour composer un pareil ouvrage, ajoutiez-vous, il faudrait connaître les événemens, les hommes et les affaires : vouloir le bien et avoir le courage de le dire, être sans préjugés et presque sans intérêts, ce qui me fait craindre de ne pas voir paraître ce livre de sitôt. En méditant sur vos idées, je me laissai aller à l'espérance de faire un ouvrage utile ; et consultant plus mon zèle que ses difficultés, je l'entrepris, je l'achevai, je vous l'envoie, comme à son premier auteur. [...] Dans mes considérations sur l'état intérieur de la France, j'aime à croire que vous me trouverez tel que vous m'avez connu, étranger à toutes les​ factions de la révolution dont, à peine sorti du collège, j'ai combattu les excès, où je n'ai guère vu à louer que les exploits de nos guerriers, et dans le cours de laquelle j'étais d'abord trop jeune, puis trop franc, trop fier, trop peu cour tisan enfin pour parvenir. [...] Quant à la politique extérieure, étude laborieuse où j'ai consumé la plus belle partie de ma vie ; comme ses principes sont trop souvent à la merci des événemens, nul écrivain ne peut se flatter d'échapper à leur influence. Les souverains eux-mêmes s'y sont soumis. Notre devoir à nous est de chercher partout l'honneur et le bien de la France dans les circonstances que la fortune lui fait ; et à cet égard, je n'ai encore à désavouer aucun de mes écrits. Quand j'osai adresser a un grand monarque l'hommage d'un ouvrage historique qu'il était dans mes fonctions de faire pendant la guerre de Russie, ce prince daigna laisser tomber sur moi un regard qui m'a consolé de bien des injustices. Trouverais-je moins d'indulgence ou de faveur dans mon pays dont j'ai toujours servi, dont je veux toujours servir la cause ? [...]" (extrait de la Lettre à M. L. C*** en lui envoyant cet ouvrage)








Cet ouvrage est intéressant car il regroupe dans un seul volume de nombreuses données de l'état de la France en 1817 : sur la population générale de la France, sur l'agriculture et les propriétaires, sur l'industrie et les artisans, sur le commerce et les commerçants, à propos du clergé, à propos des nobles, des savants, des artistes, des gens de lettres, à propos des émigrés, à propos de l'armée, à propos des moeurs et des opinions, à propos de la monarchie et de la Charte, de la chambre des pairs et des députés, de l'ordre judiciaire, de l'administration publique, des finances, de l'Europe, du système politique, du Traité de 1815, etc. Le volume se termine par d'intéressants tableaux donnant le budget de la France en 1817 (celui à la Révolution en 1789) et aussi des informations démographiques et sociologiques sur les différentes classes de la société française.






L'auteur, Charles Louis Lesur ou Le Sur (1770-1849), né à Guise, vint à Paris au commencement de la Révolution et entra dans l'armée. Rapidement il suivit son penchant pour l'écriture et embrassa une carrière littéraire. Après quelques poésies et quelques pièces de théâtre il se tourna vers des études de droit et d'histoire qui lui permirent d'obtenir un poste au ministère des relations extérieures sous Talleyrand. Il fut nommé ensuite un des inspecteurs de la loterie de Paris, place qu'il conserva jusqu'en 1825. En 1811, il fit paraître : De la politique et des progrès de la puissance russe depuis son origine jusqu'au commencement du XIXe siècle, Paris, 1807, in-8° ; 2e édit., 1811. En 1810, il donna, sous le voile de l'anonyme, Mémoire sur la conduite de la France à l'égard des neutres, in-8°, et Tableau historique de la politique de la cour de Rome, depuis l'origine de sa puissance temporelle jusqu'à nos jours, in-8°, . En 1814 parut son Histoire des Kosaques, 2 vol. in-8°. Après la restauration, il fit paraître : La France et les Français en 1817, tableau moral et politique, qui eut une 2e édition l'année suivante et dont le succès lui donna l'idée de son Annuaire historique universel, dont le 1er volume parut en 1818. Cet ouvrage a été bien reçu par la critique et a eu une seconde édition l'année suivante et fut traduit en italien.

Bon exemplaire d'un livre très intéressant pour qui s'intéresse à l'histoire de la France au fil des années.

Prix : 350 euros