mardi 30 avril 2024

Les Charactères des Passions. Par le Sieur de la Chambre, médecin de Monseigneur le Chancelier. A Amsterdam, chez Antoine Michel, l'An 1658 [i.e. Daniel Elzévier, Amsterdam]. Ensemble complet des 5 parties reliées en 3 volumes petit in-12. Reliures signées THIBARON-JOLY (exécutée entre 1874-1885). Superbe exemplaire, complet de toutes les parties, parfaitement conservé.


CUREAU DE LA CHAMBRE, Marin

Les Charactères des Passions. Par le Sieur de la Chambre, médecin de Monseigneur le Chancelier.

A Amsterdam, chez Antoine Michel, l'An 1658 [i.e. Daniel Elzévier, Amsterdam]

1 fort volume petit in-12 (139 x 85 mm | hauteur des marges : 133 mm) de (24)-599 pages, avec titre-frontispice gravé à l'eau-forte.

Suivi de :

Les Charactères des Passions. Volume III et IV. Où il est traité de la Nature et des Effets de la Haine et de la Douleur : Par le Sieur de La Chambre, Conseiller du Roi en ses Conseils, et son Médecin ordinaire.

A Amsterdam, chez Antoine Michel,  1662 [i.e. Daniel Elzévier, Amsterdam]

1 volume petit in-12 (139 x 82 mm | hauteur des marges : 133 mm) de (8)-397 pages. Titre à la sphère armillaire.

Suivi de :

Les Charactères des Passions. Dernier Volume. Où il est traité de la Nature et des Effets de des Larmes, de la Crainte, du Désespoir. Par le Sieur de La Chambre, Conseiller du Roi en ses Conseils, et Premier Médecin ordinaire de sa Majesté.

A Amsterdam, chez Antoine Michel,  1663 [i.e. Daniel Elzévier, Amsterdam]

1 volume petit in-12 (139 x 82 mm | hauteur des marges : 133 mm) de 323 pages. Titre à la sphère armillaire compris dans la pagination.

Ensemble complet des 5 parties reliées en 3 volumes petit in-12.

Le premier volume contient les volumes I et II avec : L'Amour, La Joie, Le Rire, Le Désir, L'Espérance, La Hardiesse, La Constance, La Colère, et De la Connaissance et de l'Instinct des Animaux.

Le second volume qui contient les parties III et IV avec : La Haine et la Douleur.

Le troisième et dernier volumne contient la cinquième et dernière partie avec : Les Larmes, La Crainte et Le Desespoir.

Reliure uniforme plein maroquin vert sombre, auteur, titre et tomaison dorés aux dos, millésime dorés en queue des dos "ELZEV. 1658 | 1662 | 1663". Double-filet doré sur les coupes, dentelle dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne, tranches dorées sur marbrure. Reliures signées THIBARON-JOLY (exécutée entre 1874-1885). Exemplaire parfaitement conservé. Le premier volume est imprimé sur papier plus fort.


Nouvelle édition. 
Edition Elzévirienne.

Marin Cureau de La Chambre est né à Saint-Jean-d'Assé (Sarthe, Pays de Loire) en 1594 et est mort à Paris le 29 novembre 1669. Il fut médecin et philosophe, conseiller et médecin de Louis XIV. On ne sait rien de sa jeunesse et de ses études. On le trouve médecin au Mans vers 1630. Il vient ensuite à Paris où il se lie avec le Chancelier Séguier et devient son médecin. Il fréquente les salons de Madame de Scudéry et de la marquise de Sablé. Les Précieuses bénéficient de ses qualités de "psychologue" avant la lettre. Il devient l'un des premiers membres de l'Académie française en 1634. Il devient médecin du roi Louis XIV vers 1642 et achète la charge de médecin ordinaire du roi en 1650. Louis XIV lui témoigne une affection particulière. On rapporte que le roi « était si persuadé du talent de ce médecin habile pour juger du caractère des gens d’après leur physionomie, que ce monarque n’était souvent déterminé dans ses choix qu’après avoir consulté cet oracle. » En 1666, il devient l’un des premiers membres de l’Académie royale des sciences.

Parallèlement à ses activités médicales et mondaines, Marin Cureau de La Chambre mène durant toute sa vie une réflexion philosophique sur l’homme, sa physiologie et sa psychologie. Il dit à propos de ses Caractères des passions, paru en cinq volumes entre 1640 et 1662 : « [C’est un livre] où je veux examiner les Passions, les Vertus & les Vices, les Mœurs et les Coûtumes des Peuples, les diverses Inclinations des Hommes, leurs Tempéramens, les Traicts de leur visage ; en un mot où je prétends mettre ce que la Médecine, la Morale & la Politique ont de plus rare et de plus excellent. »

On doit à Cureau de La Chambre plusieurs ouvrages philosophies et scientifiques dont Nouvelles pensées sur les causes de la lumière, du desbordement du Nil et de l'amour d'inclination (1634), Nouvelles conjectures sur la digestion (1636), Traitté des libertez de l'Église de France (1639), Les Charactères des passions (5 volumes, 1640-1662), Nouvelles observations et conjectures sur l'iris (1650), Discours sur les principes de la chiromancie (1653), L'Art de connoistre les hommes (3 volumes, 1659-1664-1666), La Lumière (1662), etc.







Avec ses Charactères des Passions, Cureau de La Chambre s'inscrit en parallèle à Descartes et son Traité des Passions de l'Âme paru en 1649. Les deux ouvrages sont cependant très différents et Cureau se déclarait ouvertement l'adversaire de Descartes et des ses idées (Willems). Dans son épître au chancelier Séguier placée en tête du premier volume des Caractères des passions, Cureau de La Chambre présente l’ensemble à venir comme premier volet d’un art de connaître les hommes selon des règles empruntées à la médecine, la morale ou la politique et fondées sur une même loi de ressemblance (physiognomonie, morphologie humaine, animale, sexuelle, et « climatique » comparée…). Dès la toute première phrase, les passions sont définies comme langage : La Nature ayant destiné l’homme pour la vie Civile, ne s’est pas contentée de lui avoir donné la langue pour découvrir ses intentions ; elle a encore voulu imprimer sur son front et dans ses yeux les Images de ses pensées, afin que s’il arrivait que sa parole vînt à démentir son cœur, son visage pût démentir sa parole. (in Topologie des émotions. Les Caractères des passions de Marin Cureau de La Chambre par Florence Dumora, in Littératures classiques 2009/1 (N° 68), pages 161 à 175). "C’est donc une chose certaine, que le corps s’altère et se change quand l’âme s’émeut, et que celle-ci ne fait presque point d’actions qu’elle ne lui en imprime les marques, que l’on peut appeler Caractères, puisqu’ils en sont les effets, et qu’ils en portent l’image et la figure." (extrait des Charactères des Passions).







"Cureau médecin reste inspiré par la pensée par cas. Il rend compte de phénomènes paradoxaux, et d’objections possibles à ses définitions, et c’est par ces tentatives qu’il est le plus inventif. Il tente par exemple de réduire le caractère aberrant des larmes de joie par rapport à la fonction générale de la passion des larmes en en donnant une raison profonde : le langage instinctif des émotions signale par cette contradiction la surimpression temporelle propre au message délivré, à la fois la joie présente et le chagrin qui a eu lieu (et qui n’a peut-être jamais eu d’expression), chagrin que cette joie fait apparaître par surcroît en même temps qu’elle le fait cesser." (ibid. Florence Dumora)

Les Charactères des Passions de Cureau de La Chambre ont été éclipsés par Descartes et ses disciples.

Cette belle impression en petits caractères très nets et sur beau papier est une véritable impression des Elzévier d'Amsterdam selon Charles Pieters qui indique que cette édition de 1658-1663 figure au catalogue de Daniel Elzévier de 1675 et 1681 (Pieters, Annales de l'imprimerie des Elzévier, n°29). Willems indique de même que ces volumes "très bien imprimés" sortent des presses de Daniel Elzévier d'Amsterdam (n°1233). Millot fait au sujet de cette publication une remarque fort judicieuse : « On comprend très bien, dit- il, pourquoi les Elzevier ont donné tant de soins à l'impression de ces deux ouvrages de De la Chambre c'est que l'auteur était le médecin du chancelier, auquel il dédiait les Caractères des passions, et que le chancelier était le protecteur des Elzevier et un grand amateur de leurs éditions. »




Cette édition, très recherchée, comme ici complète de toutes ses parties, luxueusement reliée, faisait partie des plus belles pièces composant les riches bibliothèques de la seconde moitié du XIXe siècle.

Un exemplaire relié par Trautz-Bauzonnet figurait au Bulletin de la librairie Morgand et Fatout sous le numéro 11244 et était coté 200 francs or en décembre 1886 (avec L'Art de connaître les homme) indiqués comme "des plus beaux parmi ceux de la collection Elzévirienne". Un autre exemplaire était coté seulement 20 francs relié en veau (n°14701).

Superbe exemplaire de ce bijou bibliophilique, complet de toutes les parties, parfaitement conservé.

Prix : 3.800 euros

vendredi 19 avril 2024

Histoire naturelle de Buffon. De l'imprimerie de Crapelet. Paris, Deterveille, An VII (1798-1799). Théorie de la Terre (I et II). Discours Généraux (I) et Quadrupèdes Tomes I à VII (complet). Classée par ordre ; genres et espèces, d'après le système de Linné ; Avec les caractéristiques génériques et la nomenclature linéenne ; par René-Richard Castel, auteur du poème des Plantes. Cartonnage éditeur de l'époque plein papier à la colle rose. Exemplaire non rogné, à toutes marges, imprimé sur beau papier chiffon (la plupart des feuillets sont restés bien blancs immaculés). 74 gravures sont tirées sur papier vélin fort et en coloris d'époque au pinceau, d'une très grande fraîcheur. Bel exemplaire.


BUFFON (Georges-Louis Leclerc, comte de) | CASTEL, René-Richard

 

Histoire naturelle de Buffon. Théorie de la Terre (Tome I et II, complet). Discours Généraux (1 volume complet). Quadrupèdes (Tomes I à VII complet). Classée par ordre; genres et espèces, d'après le système de Linné ; Avec les caractéristiques génériques et la nomenclature linéenne ; par René-Richard Castel, auteur du poème des Plantes.

 

De l'imprimerie de Crapelet, A Paris, chez Deterville, An VII (1798-1799)

 

10 volumes in-18 (15 x 10 cm) de 300 à 400 pages par volumes environ (collationné complet). Avec 74 planches coloriées à l'époque à la main au pinceau (le plus souvent avec deux animaux représentés, dont 3 planches d'humains et le portrait de Buffon).



 

Cartonnage éditeur de l'époque plein papier à la colle rose. Etiquettes imprimées collées aux dos. Exemplaire non rogné, à toutes marges, imprimé sur beau papier chiffon (la plupart des feuillets sont restés bien blancs immaculés). Les gravures sont tirées sur papier vélin fort et en coloris d'époque au pinceau, d'une très grande fraîcheur et restés protégés par des serpentes de papier fin. Très bon état de l'ensemble. Quelques légères marques et usures aux cartonnages, sans aucune gravité sur la beauté de l'ensemble.

 

Nouvelle édition.

 

Il s'agit ici de la tête de série de l'Histoire naturelle de Buffon de l'édition dite Deterville publiée en 80 volumes entre 1798 et 1803. L'impression en fut commandée à Charles Crapelet (1762-1809) illustre imprimeur et les gravures ont été dessinées par De Sève ou Desève (1790-1830) et gravées par Le Villain, Racine, Jourdan, etc. Il a été fait plusieurs tirages différents dont celui-ci colorié à la main, le tirage le plus courtant étant resté en noir.









 

Dans cette courte notice nous ne pouvions montrer la totalité des 74 planches de cette série. La totalité des planches est d'une beauté qui va bien au-delà de ce que peut montrer une vulgaire photographie. Le coloris est précis, juste et net.

 

Cette série, bien que plus modeste que les grandes éditions de Buffon, reliée comme ici en cartonnage d'époque, non rognée, imprimée sur beau papier et en coloris d'époque, n'en n'est pas moins un petit bijou bibliophilique.








 

Bel exemplaire en coloris d'époque.


VENDU

lundi 15 avril 2024

Laurent Bordelon. GOMGAM, ou l'Homme Prodigieux, transporté dans l'air, sur la terre et sous les eaux. Livre véritablement nouveau. TITETUTEFNOSY. Seconde édition. Augmentée du dénouement de l'histoire du Docteur Dirto, de ses sentences et jugements, de ses bons mots, d'une manière extraordinaire inventée pour punir un Satyrique, d'une Figure qui en représente l'exécution, et de plusieurs autres. A Paris, chez Pierre Prault, en la Boutique de la Veuve Saugrain, 1713 [i.e. 1711]. Bon exemplaire "arlequin".


[Laurent BORDELON, abbé]

GOMGAM, ou l'Homme Prodigieux, transporté dans l'air, sur la terre et sous les eaux. Livre véritablement nouveau. TITETUTEFNOSY. Seconde édition. Augmentée du dénouement de l'histoire du Docteur Dirto, de ses sentences et jugements, de ses bons mots, d'une manière extraordinaire inventée pour punir un Satyrique, d'une Figure qui en représente l'exécution, et de plusieurs autres. Tome premier [Tome second].

A Paris, chez Pierre Prault, en la Boutique de la Veuve Saugrain, 1713 [i.e. 1711]

2 volumes petits in-8 (16,5 x 10 cm environ) de (50)-343-(5) pages pour le premier volume et (8)-488 pages pour le second volume. Le premier volume contient 4 gravures hors-texte. Le second volume contient 5 gravures hors-texte dont une est dépliante (châtiment du satyrique), soit 9 figures en tout.

Reliure plein veau de l'époque. Exemplaire dont les deux volumes ont été réunis mais n'ont pas été reliés au même moment. La différence de décor dans les fers aux dos est minime, les deux volumes ont une pièce de titre en maroquin rouge. Les tranches du premier volume sont mouchetées de rouge tandis que les tranches du second volume ne le sont pas. Reliures frottées avec quelques usures aux coins. Intérieur en bon état malgré quelques légères salissures ou marques. Chaque volume a une provenance différente. Le premier volume provient de la bibliothèque d'un certain François Chabert avec sa signature ex libris sur le titre. Le second volume provient de la bibliothèque d'un certain Potier horloger à Chartres.


Remise en vente de l'édition originale avec ajout d'un dernier chapitre pour le second volume.

En ce qui concerne le premier volume a un nouveau titre portant la date de 1713 chez Pierre Prault tandis que le premier titre portait la date de 1711 et indiquait l'adresse de la Veuve Saugrain. Cependant après vérifaction du volume il s'avère qu'il s'agit bien du même tirage que l'édition originale à l'exception du titre modifié pour annoncer la dernière partie du livre ainsi que des figures. Par ailleurs il a été ajouté à la suite du titre un feuillet d'Avertissement qui indique que "le succès de cet ouvrage engage à ajouter en cette nouvelle édition, la conclusion de l'histoire du Docteur Dirto, pour rendre parfaits les deux premiers volumes." Tout le reste du volume est du premier tirage de 1711 avec d'ailleurs au verso du dernier feuillet de Table des chapitres la mention imprimée "De l'imprimerie de P.-A. Le Mercier, 1711". Concernant le second volume, les exemplaires de la première édition (premier tirage) ont 434 pages. L'auteur a ajouté ici le Chapitre XVI qui occupe les pages 434 à 488 et dernière page. A la fin on lit que l'Approbation par Fontenelle date du 25 octobre 1711.










Plutôt que de succès de l'ouvrage Bordelon 
aurait-il dû écrire que son livre ne se vendait pas si bien en réalité et qu'il a eu rapidement l'idée, cette même année 1711 (sans doute quelques semaines ou quelques mois seulement après la première mise en vente) d'ajouter le dernier chapitre de ce roman.

On sait par ailleurs qu'il existe des exemplaires identiques au nôtre mais avec la date de 1712 sur les titres.

L'année 1713 verra aussi s'imprimer en Hollande une autre édition avec des figures différentes des nôtres.

Dans cette édition de 1711-1713 le nombre de figures varie beaucoup d'un exemplaire à l'autre. Nous avons pu voir des exemplaires sans aucune figures (tout premier tirage), tandis que certains n'en possèdent que 4 ou 6. Le nôtre avec ses 9 figures dont la très belle figure dépliante est parmi les plus complets.





Une grande partie du roman (dans le premier volume) est consacrée à l'ouvrage que Gomgam veut écrire et qui s'intitulera "Le Monde risible ou Bibliothèque comique" et qui sera composé de 100 volumes titrés "L'Agenda de ceux qui n'ont rien à faire" ou encore "A mal enfourner, on fait des pains cornus", ou "Les fantaisies musquées", ou "Les sottises et les folies de l'amour", ou "Les grandes bagatelles", ou " Savonnettes à vilains", ou "Les tragicomédies du jeu", ou "Les Anti-Savants", ou "Le nec plus ultre de la fortune", ou "Examen enjoué des dehors et des dedans du mariage", ou "Les petitesses des grands hommes", ou "Roses devenues Gratte-Cul", ou "Qui sent morveux, se mouche", etc. L'auteur donne à la suite de chaque titre la liste des chapitres à écrire comme autant de canevas possibles. En ce sens Bordelon est un véritable imaginateur à la manière d'un Rétif de la Bretonne qui quelques décennies plus tard, lui aussi, imaginera à l'aide de canevas (histoires racontées par d'autres), toute une série de récits qu'il intégrera dans son oeuvre (comme les Contemporaines par exemple). En son temps Bordelon avait compris qu'un livre tient beaucoup au titre qu'on lui fait porter et que bien souvent tout le reste n'est que du remplissage. Et Bordelon avait de l'imagination pour bien plus que 100 livres !

L'abbé Laurent Bordelon, né à Bourges en 1653 et mort à Paris le 6 avril 1730, était docteur en théologie, dramaturge, polygraphe et utopiste progressiste français. Il a écrit « une centaine de volumes hâtifs ou de compilations sur tous les sujets ». On lui doit notamment L'Histoire des imaginations extravagantes de monsieur Oufle, servant de preservatif contre la lecture des livres qui traitent de la magie, du grimoire, des démoniaques, sorciers ... des esprits-folets, génies, phantòmes & autres revenans; des songes, de la pierre philosophale, de l'astrologie judiciaire​ (1710), Mital ou Aventures incroyables (1708) , La Langue (1705), Les Tours de Maître Gonin (1713) ; etc etc. La plupart de ses ouvrages ne se vendant pas ou très mal, Bordelon a usé et abusé des remises en vente de ses ouvrages avec de nouveaux titres afin d'épuiser les stocks d'invendus. Les libraires devaient souvent maudire Bordelon et ses trop nombreux ouvrages. La plupart de ses ouvrages sont pourtant devenus aujourd'hui de véritables curiosités.

Références : Catalogue La Vallière, 1784, p. 239 (qui est pratiquement le seul à mentionner l'édition de 1713 comme étant la même que la première mais augmentée) ; Tissandier, Bibliographie aéronautique, p. 7 : "Le héros de ce curieux ouvrage, publié sous le pseudonyme de Titetutefnosy, va visiter les nuages et l'arc-en-ciel à cheval sur une flèche d'or qui lui a été donnée par un magicien." ; Caillet, Manuel bibliographique des sciences psychiques ou occultes, 1422 p. 207 : "Satire des moeurs du temps - Une flêche merveilleuse transporte le héros partout où il désire aller, mais il préfère voyager dans une voiture publique ! On y parle de Pierre Philosophale (II-317 et suiv.) mais de façon peu intéressante." ; La Clef du Cabinet des Princes de l'Europe, juillet 1711, XVII : "L'auteur a eu pour but de réjouir ses lecteurx et d'en instruire la plupart sur le ridicule des hommes [...]" ; Hartig, p. 39 ; Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes, II, 5348 ; absent de Dorbon, Versins, Cohen et Cioranescu.

Bon exemplaire "arlequin" de cet ouvrage curieux et peu commun.

Prix : 950 euros

jeudi 11 avril 2024

Emile Zola. Nana (1882). Première édition illustrée de 66 compositions gravées sur bois, dont 14 en tête de chapitre et 52 à pleine page, d’après les compostions d’André Gill, Bertall, Georges Bellenger, Bigot, Georges Clairin, J. Audy et G. Nielsen. Bel exemplaire relié à l'époque pour E. CAZALS



Emile ZOLA.

NANA par Emile Zola. Edition illustrée par André Gill, Bertall, G. Bellenger, Bigot, Clairin, etc.

Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1882 (imprimerie de Martinet à Paris)

1 fort volume in-4 (27,8 x 19,5 cm) de (4)-456 pages. Illustrations hors-texte et bandeaux.

Reliure strictement de l'époque demi-chagrin bleu nuit, plats de percaline bleue nuit. Exemplaire très frais avec quelques rares rousseurs mais papier de belle qualité et resté bien blanc pour l'immense majorité des feuillets. Les couvertures imprimées illustrées n'ont pas été conservées.

Première édition illustrée.

Tirage ordinaire (bon papier).

Il a été tiré 100 exemplaires numérotés sur papier de Hollande (non mentionnés dans notre exemplaire).



Edition populaire parue en 57 livraisons et ornée de 66 compositions gravées sur bois, dont 14 en tête de chapitre et 52 à pleine page, d’après les compostions d’André Gill, Bertall, Georges Bellenger, Bigot, Georges Clairin, J. Audy et G. Nielsen.




















Nana, neuvième roman des Rougon-Macquart, a été publié sous forme de feuilleton dans Le Voltaire du 16 octobre 1879 au 5 février 1880, puis en volume chez Georges Charpentier, le 14 février 1880.

Née en 1852 dans la misère du monde ouvrier, Anna Coupeau, dite Nana, est la fille de Gervaise Macquart et de Coupeau dont l’histoire est narrée dans L'Assommoir. Le début du roman la montre dans la gêne, manquant d’argent pour élever son fils Louis qu’elle a eu à l’âge de seize ans d'un père inconnu ; elle se prostitue, faisant des passes pour arrondir ses fins de mois. Ceci ne l’empêche pas d’habiter un riche appartement où l’un de ses amants, un riche marchand de Moscou, l’a installée. Son ascension commence avec un rôle de Vénus qu’elle interprète dans un théâtre parisien : elle ne sait ni parler ni chanter, mais l'habit impudique qui cache si peu de son corps de déesse affole tous les hommes. Elle se met un moment en ménage avec un homme qu’elle aime, le comédien Fontan. Mais celui-ci est violent et finit par la battre, la tromper et la mettre à la porte. Elle se met alors à côtoyer la prostituée Satin, avec qui elle entretiendra une liaison (Satin s'installera chez Nana, dans l'hôtel que lui a acheté le comte Muffat). Après avoir épuisé toutes ses économies, elle acceptera la manne financière proposée par Muffat qui désire par-dessus tout en faire sa maîtresse exclusive. Celui-ci met sa fortune à ses pieds, lui sacrifie son honneur et demande en retour la fidélité. Mais cette liaison le mènera au bouleversement total de son être, de ses convictions dévotes, de son comportement probe et de ses principes intègres. Il s’abaissera à une humiliation inhumaine et une complaisance révoltante, contraint d’accepter les moindres caprices de Nana qui lui fait subir les pires infamies, jusqu’à lui faire accepter la foule d’amants qu’elle fréquente, y compris Satin (même si Nana se borne à dire que « cela ne compte pas »), alors que cela représente l'humiliation suprême pour Muffat. Nana atteint le sommet de sa gloire lors d’un grand prix hippique auquel assistent Napoléon III et le tout-Paris. Une jument, nommée Nana en son honneur par son amant le comte Xavier de Vandeuvres, remporte la course. Tout l’hippodrome scande alors « Na-na », dans un délire tournant à la frénésie. Puis le déclin s'amorce. Le comte de Vandeuvres, accusé de tricherie devant la victoire suspecte car trop improbable de sa pouliche, se suicide en mettant le feu à ses écuries. Philipe Hugon est emprisonné après que ses vols dans la caisse de sa caserne ont été découverts. Son frère Georges tente de se suicider chez Nana, après avoir compris qu'elle couchait aussi avec Philippe depuis plusieurs mois. Le comte Muffat se retrouve ruiné et endetté. Accablée de dettes contractées malgré la ruine de ses amants, comprenant qu'elle ne peut pas continuer une telle fuite en avant, elle quitte Paris après avoir vendu aux enchères tous ses biens. Plus personne ne sait rien d’elle pendant plusieurs mois, jusqu’au moment où elle regagne la capitale pour aller au chevet de son fils atteint de la petite vérole. Son fils la contamine et elle tombe à son tour très malade. La nouvelle de son retour se propage comme une traînée de poudre et ses anciens courtisans accourent dans son antichambre. Et c'est son ancienne rivale, Rose Mignon, qui finalement l'assiste dans son trépas, à ses propres risques et périls. Elle qui quelques mois avant affolait encore tous les hommes de Paris meurt défigurée par la maladie, au moment où s'achève brutalement le Second Empire avec la déclaration de guerre à la Prusse.

La publication de Nana fit scandale. L'édition populaire illustrée qui paraît deux ans après la première édition en librairie permet une diffusion massive de ce texte qui devint rapidement l'un des textes phares du chef de file de l'école naturaliste.

Référence : Reverzy, Éléonore. « Littérature publique. L'exemple de Nana », Revue d'histoire littéraire de la France, vol. vol. 109, no. 3, 2009, pp. 587-603.

Bel exemplaire relié à l'époque.

VENDU