DE LA PLACE | CECILE (Eléonore GUICHARD)
Mémoires de Cécile, écrits par elle-même, revus par M. de La Place.
A Paris, chez Rollin Fils, 1751
4 tomes reliés en 2 volumes in-12 (17 x 9,5 cm) de (6)-XVIII-(2)-213-(1), (4)-204, (4)-226 et (4)-279-(1)-24 pages. Portrait en frontispice (Cécile de L ***).
Reliure strictement de l'époque plein veau brun, dos lisses ornés aux petits fers dorés, pièces de titre de maroquin rouge, pièces de tomaison de maroquin brun, tranches mouchetées de rouge, doublures et gardes de papier peigne. Reliures très bien conservées, solides et décoratives (coins émoussés), intérieur frais malgré quelques taches et salissures sans gravité. Collationné complet.
Edition originale.
Cet ouvrage connut visiblement un grand succès à l'époque puisqu'il fut réimprimé plusieurs fois dans les années suivantes et ce pendant plus de vingt ans. C'est l'histoire véritable (sans doute quelque peu romancée et arrangée) de Mademoiselle Eléonore Guichard.
"M. de La Place vient de nous donner un roman qui n'est pas de lui, mais d'une jeune dame morte depuis quelque temps. Il est intitulé Mémoires de Cécile écrits par elle-même. Cécile est exposée d'abord après sa naissance sur un grand chemin. Elle est recueillie par un chevalier de Malte qui lui donne une éducation parfaite. Ses talents, sa beauté et sa vertu la font aimer passionnément d'un neveu et d'un petit neveu du chevalier. Le neveu, homme sans politesse et sans mœurs, n'oublie rien pour la corrompre, et n'en peut venir à bout ; son fils est plus heureux, parce qu'il est plus digne de l'être. Le goût que Cécile a pour l'un et l'aversion très-active qu'elle se sent pour l'autre font le fond de ce roman. Il est bien heureusement dénoué par la connaissance qu'elle acquiert de sa naissance, qui se trouve très-illustre et la met dans le cas d'épouser son amant. Les Mémoires de Cécile sont agréables. Le plan général en est assez bien ordonné. Les incidents particuliers sont surprenants et pourtant naturels. La plupart des situations et toutes les reconnaissances sont intéressantes. Les aventures du père et de la mère de Cécile sont si bien enchâssées qu'elles ne font pas perdre de vue l'objet principal. Le style de l'ouvrage est diffus et froid. Le premier défaut est si commun dans ces bagatelles qu'on l'excuserait ; mais le second est insoutenable. Lorsque le style n'entraîne pas le lecteur par sa rapidité, le roman n'est plus qu'un roman, et, l'illusion dissipée, tout plaisir me paraît cesser. Le roman que j'ai l'honneur de vous annoncer a quatre volumes." (Correspondance, littéraire, philosophique et critique par Grimm, volume 2, pp. 91-92, lettre CII en date du 23 août 1751)
"Ce livre aurait été bien réellement écrit par Mlle Éléonore Guichard, fille d'un receveur des tailles en Normandie, née en 1719, morte à l'âge de 28 ans à Paris en 1747, et publié par La Place, Paris, 1751, 4 parties in-12." (note dans la Correspondance de Grimm, édition Garnier Frères, 1877)
On lit dans une note que Mademoiselle Eléonore Guichard réunissait aux attraits de la figure, les grâces de l'esprit. C'est pour elle que Bernis composa la chanson qui commence par ces mots : Le connais-tu, ma chère Éléonore ? etc. Elle aurait écrit pluseurs chansons qui n'ont pas été imprimées. (voir Société Internationale pour l’Étude des Femmes de l’Ancien Régime | SIEFAR | en ligne).
On peut supposer que le portrait gravé en fronstispice représente la véritable Eléonore Guichard.
On trouve à la fin du catalogue de l'éditeur Rollin qui se trouve à la fin du quatrième tome la référence suivante : Mémoires de Cécile, dite la Marquise de Beaubourg, enfant de condition trouvée à Vaugirard près de Paris, écrites par elle-même. 4 vol. in-12. avec son beau portrait. 8 l. (livres).
Pierre-Antoine de La Place (1707-1793) originaire de Calais, se fait connaître comme le premier traducteur en français de Tom Jones ou l'enfant trouvé, le chef d'oeuvre d'Henry Fielding. Il obtint de Madame de Pompadour, à qui il avait rendu un service, le titre de secrétaire de l'Académie d'Arras. Il a vécu à Bruxelles puis est revenu se mettre aux gages des libraires parisiens. Il s'est aussi associé à Beaumarchais dans la Société des Auteurs dramatiques. Il est connu notamment pour avoir publié un Théâtre anglais en 1745. Selon La Harpe, qui a écrit sa vie, il était « grand hâbleur, mais obligeant, souple, actif, et de plus homme de plaisir et de bonne chère » ; il dit de lui-même dans son épitaphe que : Sans fortune, en dépit du sort, Il a joui jusqu’à la mort.
Référence : Gay, Bibliographie des ouvrages consacrés aux femmes et à l'amour, volume 5, p. 3
Bel exemplaire de ce roman de moeurs peu commun.
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