Beaux livres anciens et modernes - Bibliophilie - Reliures - Editions originales - Livres illustrés - Estampes - Dessins - Photographies - Bertrand Hugonnard-Roche, Bibliophile - libraire.
samedi 26 janvier 2019
Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. Les Nuits de Paris ou l'Observateur Nocturne (1789). 11 parties reliées en 6 volumes in-12 (collection complète pour cette édition)
Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretonne]
Les Nuits de Paris, ou l'Observateur Nocturne. Par M. Rétif de la Bretone, auteur des Contemporaines, du Paysan et de la Paysane pervertis. [Première-Onzième partie].
A Londres, et se trouve Chez les principaux Libraires de France, 1789
11 parties reliés en 6 volumes in-12 (16,5 x 10 cm environ) de 171-(1), 180, 176, 183, 168, 168, 166, 168, 183, 187 et 176 pages. [Parties 1 à 11]. Tout ce qui a paru de cette contrefaçon.
Reliure demi-basane fauve de l'époque à petits coins, plats de papier raciné. Reliures usagées aux coins et coiffes, mors parfois fendus ou faibles, accrocs et manques aux pièces de titre et tomaisons, intérieur très frais et collationné complet de tout ce qui a paru de cette édition "pirate" (voir ci-dessous).
Édition "pirate". Contrefaçon partielle des Nuits de Paris.
Les "Nuits de Paris", l'un des plus importants ouvrages publiés par Rétif de la Bretonne, a paru en 16 parties entre 1788 et 1794. En 1788 ont paru les 14 premières parties qui constituent le corpus initial auquel ont été ajoutées les XVe (1791) et XVIe (1794) parties. L'ensemble des 14 premières parties de l'édition originale contient 380 nuits et 16 illustrations. L'édition que nous proposons, très mal décrite par les bibliographes (sans doute parce qu'ils n'ont pu l'avoir en mains - comme Paul Lacroix et Rives Childs qui en parle d'après Lacroix ...), est complète en 11 parties et sans illustrations. Cette édition clandestine semble donc n'avoir pas été jusqu'à son terme, volontairement semble-t-il si l'on prend en compte la date d'édition de 1789 (date à laquelle les 14 volumes de l'édition originale avaient déjà été publiés).
J. Rives Childs indique qu'il manque à son exemplaire les parties 12, 13 et 14. En réalité elles ne manquent pas, elles n'ont tout simplement jamais été imprimées. Cette série en 11 parties s'achève donc sur la 309e nuit (sur 380 que compte normalement les 14 premières parties).
Selon Michel Delon : "L'impression des Nuits commença, parallèlement à leur rédaction en mars 1787 et se poursuivit - avec des adjonctions de dernière minute - jusqu'en novembre 1788, ce qui permit aux douze premières parties de paraître avant la fin de cette année 1788. Les deux dernières (XIII et XIV) ne furent disponibles qu'en 1789. [...]. En 1789, sont parues une contrefaçon des sept (??) premiers volumes, intitulée Les Nuits de Paris ou l'Observateur nocturne (Londres) [...]." (Notes de l'édition Folio Classique, pp. 327-328, 1999).
"Qui Rétif rencontre-t-il lorsqu'il se promène la nuit du côté des Tuileries, de la foire Saint-Laurent, du Jardin des plantes, au bal de l'Opéra ou dans les allées du nouveau Palais-Royal ? Une Vaporeuse, une fille violentée, une fille perdue, une fille honteuse, une fille ensevelie vivante, un homme aux lapins, un homme qui ne dépense rien, un décolleur d'affiches, un homme échappé au supplice, un pendu puis rompu, des bouchers, deux abbés qui se battent en duel, un garçon en fille, des tueurs-de-temps, des violateurs de sépultures, des balayeurs, des acteurs, des littérateurs et toutes les «incongruités nocturnes» qu'offfrent les bas-fonds, les ruelles, les bals, les cafés et les cachots de Paris à la veille de la Révolution. Les surréalistes se souviendront du Paris de Rétif, qui est déjà celui de Nerval et de Baudelaire." (Michel Delon)
Fils de paysans de l'Yonne, devenu ouvrier typographe à Auxerre et Dijon, Nicolas Restif de La Bretonne s'installe à Paris en 1761 : c'est alors qu'il commence à écrire. Il a une vie personnelle compliquée et est sans doute indicateur de police. Polygraphe, il fait paraître de très nombreux ouvrages touchant à tous les genres, du roman érotique (L'Anti-Justine, ou les Délices de l'amour) au témoignage sur Paris et la Révolution (Les Nuits de Paris ou le Spectateur nocturne, 1788-1794, 8 volumes) en passant par la biographie avec La Vie de mon père (1779) où il brosse un tableau idyllique du monde paysan avant la Révolution avec la figure positive de son père. Il a également touché au théâtre sans grand succès. Cherchant constamment des ressources financières - il mourra d'ailleurs dans la misère -, il écrit aussi de nombreux textes pour réformer la marche du monde. Cependant l'œuvre majeure de Restif de la Bretonne est sa vaste autobiographie, Monsieur Nicolas, en huit volumes échelonnés entre 1794 et 1797. Ce livre fleuve se présente comme la reconstruction d'une existence et expose les tourments de l'auteur/narrateur comme à propos de la paternité - le titre complet est Monsieur Nicolas, ou le Cœur humain dévoilé -, mais témoigne aussi de son temps et constitue une source très abondante de renseignements sur la vie rurale et sur le monde des imprimeurs au XVIIIe siècle. C'est aussi un philosophe réformateur pénétré de rousseauisme qui publie des projets de réforme sur la prostitution, le théâtre, la situation des femmes, les mœurs, et un auteur dramatique. (Babelio)
Provenance : signature "Bartholdi" (?) au premier volume.
Localisation : Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne (Suisse) [11 parties] ; Bibliothèque de Bordeaux (catalogue, 1837), n°4.666 [11 parties] ; Le Bibliographe alsacien, n°364 (11 premières parties ... et pour cause).
Nous ne savons pas à qui imputer la mise en œuvre de cette édition "avortée" ? Une étude précise des ornements utilisés, de la mise en page et du caractère utilisé, du papier, pourrait sans doute permettre d'attribuer à une ville et un atelier d'imprimerie précis. Une étude rapide nous amène à penser qu'il pourrait s'agir d'une contrefaçon produite en Suisse. Elle est imprimée sur beau papier en assez jolis caractères et assez correcte.
Références : J. Rives Childs, Restif de la Bretonne, pp. 303-307 ; P. Lacroix, Restif de la Bretonne, pp. 258-301 (qui décrit si mal cette contrefaçon qu'il ne l'a sans doute jamais eu entre les mains).
Bon exemplaire en condition d'époque de cette édition pirate rare, encore plus rare même que l'édition originale.
Renseignements complémentaires sur demande.
Prix : 2.500 euros