mardi 24 avril 2018

Claude-François Constantin de Magny. La Oille, Mélange ou assemblage de divers mets pour tous les goûts par un vieux cuisinier gaulois (1755). 400 pensées philosophiques. Bel exemplaire de cet ouvrage peu commun.


[Claude-François Constantin de Magny].

La Oille. Mélange ou assemblage de divers mets pour tous les goûts par un vieux cuisinier gaulois.

A Constantinople, l'an de l'ère chrét. 1755, de l'hégire 1233 [Dresde].

1 volume in-16 (13,3 x 8,5 cm) de XIX-(1)-314-(23) pages. Frontispice gravé.

Reliure de l'époque demi-veau caramel beurre salé à petits coins, dos à nerfs orné aux petits fers doré. Probablement une reliure allemande ou hollandaise. Très bel état de conservation tant de la reliure que de l'intérieur. Légers frottements et traces sur les plats.

Première édition sous ce titre.



Ce volume a déjà paru selon les bibliographes sous le titre l'Olla potrida en 2 volumes in-12 (sans lieu ni date). Constantin de Magny (1692-1764) était originaire de Savoie (Reignier dans le Genevois). Il était d'ancienne famille noble française et suisse. Il fit des études de droit à l’Université de Louvain, acquit le grade de docteur agrégé en droit et obtint une chaire de droit à l’Université de Turin. Il choisit cependant de faire carrière à Paris, et obtint en 1726 une place de bibliothécaire du maréchal d’Estrées. D’après la notice du catalogue des livres de la vente Perret (vente du 31 mai 1860, p. 129), il serait devenu alors attaché de l’ambassade de Hollande, puis capitaine en Russie et enfin bibliothécaire du roi Auguste de Pologne à Dresde, où il se remarie. Il s’est fait connaître en 1729 par le premier grand commentaire du Paradis perdu de Milton, traduit par Dupré de Saint-Maur : Dissertation critique sur le Paradis perdu « par M. C. de M. ». Cet essai a bénéficié de nombreux comptes rendus dans la presse du temps. La Oille, recueil peu connu, semble être l'un de ses seuls autres ouvrages publiés.

Ce volume se divise en 4 centuries, soit 400 pensées, réflexions, maximes, sentences, à l'usage de la félicité humaine. Tous les sujets sont abordés de la religion à la politique, aux mœurs et à la morale. Amour, beauté, chasse, ivrognerie, richesse, pauvreté, prostituées, jeu, mariage, filles, obscénité, etc.



Le titre qu'il porte : La Oille, est celui d'un plat d'origine espagnole puis provençale (Olla pour Marmite). C'est donc ici un pot-pourri, une marmite de toutes sortes de légumes et de viandes pour l'esprit que l'auteur offre au lecteur. Dommage que le fond roule sur une morale et des lapalissades le plus souvent éculées. Mais il est parfois bon de se rappeler de quelques truismes dans notre monde déboussolé.

"Tu vois prospérer et briller les Méchants, tandis que tu es dans l'abaissement et dans la peine ! c'est le train du Monde. Tu ne dois pas pour cela perdre courage. Regarde les, comme autant de créatures qui s'engraissent pour être détruites, ou sacrifiées ; et toi comme étant dans le Régime pour la conservation de ta santé. Ils n'ont pour tout Paradis, que l'Espoir d'être longtemps sur la Terre. Tandis que tu as sur la Terre l'Espérance du Paradis qui viendra bientôt. S'il n'y avait point de fin au voyage, le Chrétien voyageur n'aurait guère de Consolations ; encore moins d'Espérance." (Chapitre XVIII, Quatrième Centurie, Les Méchants).



"Curieux ouvrage" (Bulletin Morgand). Le frontispice est très curieux également (non signé). Il montre une assemblée princière réunie autour d'une marmite remplie de mets. Au premier plan un indigène couché semble-t-il empoisonné.

Référence : Quérard II, 276 (imprimé à Dresde et non à Liège comme on le lit le plus souvent). Jean Sgard, Dictionnaire des journalistes ; Mémoires et documents de la Société d’Histoire de la Suisse romande, vol. 32, 1893.

Bel exemplaire de cet ouvrage peu commun.

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