lundi 6 mars 2017

[Révolution Française] Histoire des idées : Quelques idées sur l'état actuel des choses (1796-1797), par un inconnu. "Et qu'est-ce que le peuple ? une masse d'individus bornés à la prévoyance du jour, accoutumés à vivre du travail de leurs mains, et peu propres à réfléchir sur les faits même les plus communs et les plus habituels."


ANONYME

[RÉVOLUTION FRANÇAISE] QUELQUES IDÉES SUR L'ÉTAT ACTUEL DES CHOSES.

S.d.s.l.s.n. [Paris, 1796-1797]

1 plaquette in-8 (21 x 14 cm) de 22 pages, cousues. Très bon état.

Document rare, introuvable ou presque, seule la Bibliothèque Nationale de France semble en posséder un exemplaire (cote 8-LB42-1313). Aucune information sur l'auteur ou la date ne sont donnés.

Il y est question de la nouvelle Constitution du 26 octobre 1795. Le texte semble avoir été rédigé 16 mois après, soit vers la fin de 1796 ou le début de 1797. C'est de la mise en place du Directoire dont il est question et des critiques du nouveau système mis en place. " [...] L'acceptation  successive des trois constitutions qu'on lui a présentées [à la nation], ne peut être regardée comme le résultat du vœu unanime du peuple [...] Ainsi l'état actuel de choses dans lequel nous vivons, n'est point le résultat du vœu unanime du peuple. Et qu'est-ce que le peuple ? une masse d'individus bornés à la prévoyance du jour, accoutumés à vivre du travail de leurs mains, et peu propres à réfléchir sur les faits même les plus communs et les plus habituels. Voilà quel est le peuple chez toutes les nations, et ce peuple ignorant et grossier pour l'ordinaire, n'eut jamais d'opinion prononcée sur la forme de son gouvernement ; le meilleur à ses yeux est celui dont il a le moins à se plaindre ; et si le précieux intérêt du bien public ou de captieux raisonnements sur les droits de l'homme, l'entraînaient à s'immiscer dans les affaires de l'état, toujours mené par le plus puissant ou le plus adroit, il n'est capable que d'y porter le trouble et la confusion.".

En résumé l'auteur, resté inconnu à ce jour, qui écrit fort bien, s’assoit largement sur les droits de l'homme et les libertés du peuple. Il met en avant les maximes fondées sur la justice et conformes aux véritables principes de la morale et de la sociabilité. Il dit vouloir le bonheur du peuple pourtant et s'écrie contre les massacres de la Terreur et les dévoiements de la révolution qui agonise. "[...] le bonheur du peuple, écrit-il, consiste-t-il en une vaine ombre de liberté, dans une prétendue souveraineté, dont il jouit une fois chaque année, au gré de vos caprices et des canons de vos satellites, et que vous méconnaissez si cruellement le reste du temps ! Un peuple est heureux dès lors qu'assuré de son existence et d'une honnête liberté, il peut, sans craindre les actes arbitraires d'une autorité tyrannique, et sans inquiétude sur les moyens de sa subsistance ; il peut, dis-je, se livrer au travail habituel qui le nourrit, et au soin d'élever ses enfants qui doivent le soutenir dans ses vieux jours. Voilà en quoi consiste le bonheur physique et moral de cette classe nombreuse désignée sous le nom de peuple, et qui constitue la plus grande partie de la nation. [...]".

L'auteur a conservé avec son anonymat tout son mystère ...

BON EXEMPLAIRE DE CE RARE DOCUMENT POST-RÉVOLUTIONNAIRE.

VENDU