lundi 21 décembre 2015

Bibliophilie : Les Ornements de la Femme par Octave Uzanne : L'Éventail (1882). Splendide illustration par Paul Avril. Bel exemplaire relié à l'époque par Birdsall & Son à Northhampton (Royaume-Uni). Rare dans cette condition.

 
Octave UZANNE - Paul AVRIL, illustrateur

L’ÉVENTAIL par Octave Uzanne, illustrations de Paul Avril.

Paris, A. Quantin, 1882

1 volume grand in-8 (26 x 17 cm) de 143-(1) pages. Illustrations dans le texte imprimées dans différentes teintes (camaïeu de violet, vert, ambre, sépia, rose, bleu, etc), courant autour du texte.

Reliure de l'époque plein vélin teinté bleu-vert, dos lisse orné en long, plats richement décorés d'encadrements de roulettes dorées et d'un grand fer au centre avec le nom de l'auteur et le titre de l'ouvrage doré (sur les deux plats), roulette dorée sur les coupes, jeu de filets et roulettes dorés en encadrement intérieur des plats, tranches dorées (lingot), couvertures illustrées conservées (à l'état de neuf), doublures et gardes de moire blanche, charnières de cuir (reliure anglaise signée BIRDSALL & SON à Northhampton (Royaume Uni). Superbe état de conservation. Infimes traces. Intérieur immaculé.

Exemplaire du tirage à petit nombre sur beau papier vélin de cuve (vélin des Vosges). L’Éventail aurait été imprimé à 750 exemplaires outre les 2 séries de 100 exemplaires sur Japon. Les exemplaires furent rapidement épuisés en librairie.
 

TRÈS BEL EXEMPLAIRE DU VOLUME QUI FIT LA RENOMMÉE DE LITTÉRATEUR DU JEUNE OCTAVE UZANNE.

Belle et intéressante étude documentaire sur cet indispensable ornement de ces dames à travers le temps. Ouvrage au style empreint d'une certain préciosité et non dénué d'auto-dérision dans lesquel Uzanne, d'ailleurs très déçu, voire marqué à vie, d'avoir été considéré par trop de monde comme "le Monsieur de ces dames à l'éventail, etc" (dixit Antoine Laporte, bouquiniste et auteur d'un violent pamphlet contre Uzanne publié en 1893). Uzanne donnera en 1892 une édition bon marché, de format in-12, et sans illustration, dans laquelle il expliquera en préambule souhaiter donner à un public de lecteurs, et non plus à un public d'esthètes bibliophiles, ces textes pour pouvoir les apprécier à leur juste valeur. "cette fois-ci, ce n'est plus aux iconophiles que je m'adresse, mais à ces lettrés qui prétendent lire, apprendre et connaître..." 
 

Au delà du contenu, ce livre, avec l'Ombrelle paru une année plus tard, sont parmi les premiers essais d'impression en couleur autour du texte en héliogravure. Les essais et les tâtonnements furent nombreux avant d'arriver à un résultat satisfaisant. Octave Uzanne s'explique sur ces difficultés dans une lettre datant de décembre 1881 qu'il adresse à un Ami des Livres : "[...] Comment résumer l’établissement d’un ouvrage qui est si compliqué et dont la fabrication – sans parler du texte – m’a demandé de si longues recherches et m’a fait franchir tant d’obstacles ? Le lecteur ou le curieux n’a pas à s’inquiéter de toute cette cuisine terrible d’un beau livre, et je vais tâcher de répondre succinctement à votre obligeante demande, dans le sens de l’insertion que vous pouvez faire. Les illustrations de ce livre offrent cette originalité qu’elles contournent le texte et l’encadrent ingénieusement. L’auteur et l’illustrateur ne font qu’un, le dessin interprète dans les marges les idées de l’auteur, et ces dessins sont d’une variété et d’une finesse d’exécution dont l’héliogravure seule pouvait rendre en les fac-similant les divers caractères : fusain, gouache, crayon, sépia, camaïeu, croquis au trait, sanguine, esquisses à la plume très poussées, tous les procédés en un mot dont un artiste peut se servir pour réaliser ses conceptions. Toutes ces illustrations gravées sur cuivre et tirées suivant les « manières » en différentes couleurs, ont d’abord été imprimées sur des presses en taille douce et il a fallu repérer ensuite, sur des presses à bras typographiques, le texte noir de l’ouvrage ; travail difficultueux au possible, si l’on songe au retrait du papier mouillé, aux inégalités du pointage, au foulage « à rendre imperceptible » dans la « retiration », à tous ces labeurs d’impression dont le public se rend malaisément compte. Pour arriver à la possibilité réelle de cette mise en œuvre originale, il a fallu que l’auteur fut à la fois inventeur, calculateur, artiste, chromiste, taille-doucier, typographe metteur en page et le reste – car ses idées même devaient se repérer dans les dessins déjà imprimés, alors que pour le lecteur, les dessins ne font que paraphraser le texte. Il faudrait plus de dix pages de détails techniques pour conter l’histoire de ce livre qui ouvre la série des ornements de la femme et qui ne pouvait être exécuté que par celui qui en a conçu la nouvelle manière. [...]"
 

  LA FINE RELIURE ANGLAISE QUI LE RECOUVRE ICI DÉMONTRE QUE LES OUVRAGES D'OCTAVE UZANNE ÉTAIENT ALORS FORT PRISÉS DES AMATEURS ANGLAIS.

BEL EXEMPLAIRE FINEMENT RELIÉ A L'ÉPOQUE.
 

Prix : 800 euros