jeudi 17 décembre 2015

Bibliophilie : Les Poésies de La Monnoye bourguignon (1716). Unique édition de ces poésies publiés du vivant de l'auteur. Superbe exemplaire relié en maroquin de Padeloup. Rare.


[SALLENGRE - Bernard de LA MONNOYE]

POÉSIES DE M. DE LA MONNOYE DE L'ACADEMIE FRANCAISE. Avec son éloge, publiées par M. de S ***.

A La Haye, chez Charles Le Vier, 1716

1 volume in-8 (16,5 x 10,7 cm) de LVIII-244 pages. Vignette de titre à l'eau-forte par Bernard. 5 vignettes d'en-tête 7,5 x 3,7 cm par Bleyswik.

Reliure de l'époque plein maroquin rouge, dos lisse orné à la grotesque, triple-filet doré en encadrement des plats, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré, tranches dorées sur marbrure. Reliure attribuée à Padeloup d'après une ancienne note à la mine de plomb au verso de la garde marbrée "Bonne reliure de Padeloup". Très bel état. Infime restauration de qualité à l'extrémité de la coiffe supérieure (à peine visible). Légers frottements, un mors légèrement fendillé sans conséquence. Quelques rousseurs claires. Volume d'une grande fraîcheur.



PREMIÈRE EDITION.

JOLIE ILLUSTRATION EN MINIATURE.



"Edition [...] faite à l'insu de l'auteur, et renfermant plusieurs pièces trop libres et d'autres qui ne sont pas de lui [... du] seul recueil de poésies [...] imprimé de son vivant." (Peignot, Nouvelles recherches [...] sur [...] La Monnoye, Dijon, 1832, p. 91).

Sallengre, auteur de l'éloge placée en tête du volume, éditeur de ce Recueil, était un sincère admirateur de La Monnoye. Il a publié cette édition en conscience et de bonne foi, mais quelquefois sur des matériaux hasardés. (Peignot)



Bernard de La Monnoye (1641-1728) est l'archétype du bourguignon salé érudit du Grand Siècle, membre de l'Académie Française (1713). Il fit surtout une heureuse application de son talent en écrivant des Noëls dans le patois de son pays. Aimé Piron, père de l'auteur de la Métromanie et apothicaire à Dijon, s'était déjà essayé dans ce genre ; et ses petites pièces, adaptées aux circonstances, avaient joui d'une vogue extraordinaire. La Monnoye lui reprocha un jour sa manière expéditive qui l'empêchait de mettre dans ses compositions tout l'art et toute la finesse dont elles étaient susceptibles. L'apothicaire le défia de faire mieux et il répondit en publiant treize Noëls, sous le nom de Gui Barozai, dénomination par laquelle on désignait les riches vignerons de la Côte, porteurs de bas à coins de couleur rose. Seize autres Noëls parurent la même année (1700), et l'on put dire que La Monnoye avait tué son devancier. Ces chants populaires, où des grâces toutes nouvelles ornaient un dialecte naïf, mais pauvre et borné dans ses moyens, et où le sel de la satire remplaçait quelquefois une gaieté toujours ingénieuse, furent bientôt dans toutes les bouches ; ils pénétrèrent à la cour et y furent chantés. Des voix discordantes troublèrent ce concert de louanges ; une piété méticuleuse crut apercevoir dans des couplets, tout au plus malins, le dessein formel de tourner la Bible en ridicule. Un nommé Magnien, vicaire à Dijon, déjà plusieurs fois repris pour les écarts de son zèle, fit en chaire une violente sortie contre l'élégant badinage dont les mondains se laissaient charmer. On lui doit également l'édition du Ménagiana en 1715.



De ce recueil de Poésies, le bibliophile retiendra surtout les quelques poésies lestes qui s'y trouvent teintées d'anticléricalisme (La rage d'amour, La discipline, Les serins, etc.). On y trouve aussi quelques traits bacchiques sur les vertus du bon vin de Bourgogne.



SUPERBE EXEMPLAIRE PARFAITEMENT ÉTABLI A L'ÉPOQUE EN MAROQUIN ATTRIBUE A PADELOUP.

VENDU