Ernest DANJOU
DES PRISONS, DE LEUR RÉGIME, ET DES MOYENS DE L'AMÉLIORER, par M. E. Danjou, avocat à Beauvais. Ouvrage couronné par la Société Royale des Prisons, dans la séance du 15 mars 1821, présidée par S.A.R. Monseigneur Duc d'Angoulême.
Paris, A. Egron, imprimeur de S.A.R. Monseigneur, duc d'Angoulême, 1821.
1 fort volume in-8, broché, (22 x 15 cm) de XIII-559 pages. 4 figures hors-texte (plans). 1 lettre autographe signée de l'auteur montée sur le faux-titre. Couvertures prune d'origine passées (dos solide et non fendu), entièrement non rogné, et pratiquement non coupé (jamais lu plus loin que la page 105...), trace d'étiquette imprimée au dos (usée). Belle impression sur papier chiffon blanc, pratiquement sans rousseurs. Une petite auréole claire angulaire au bas de quelques feuillets (sans gravité).
ÉDITION ORIGINALE.
Exemplaire de dédicace offert par l'auteur à M. Després (mention manuscrite), accompagné d'une belle lettre autographe dans laquelle l'auteur écrit : "C'est à vos salutaires conseils que cet ouvrage doit l'existence et les encouragements par lesquels vous m'avez excité à y travailler doivent me garantir aujourd'hui de votre part l'indulgence dont je sens que j'ai besoin auprès d'un juge aussi éclairé." (le destinataire est M. Després, à Crécy - la lettre est datée du 23 octobre 1821 à Beauvais).
"De tous les maux qui peuvent atteindre l'homme, il n'en est peut- être pas de plus terrible que la perte de la liberté. Dans cet état déplorable , le prisonnier semble avoir brisé tous les liens qui l'attachaient à la vie : travaux, plaisirs, espérances, bonheur domestique , tout est perdu pour lui. Si, pour fuir l'accablante idée de ses douleurs présentes, il cherche un refuge dans le passé, il en est repoussé par le remords, ou par le souvenir amer d'une grande injustice, et l'avenir l'épouvante, à son tour, par la perspective désespérante de l'opprobre et de la misère qui attendent sa famille.
A des jours que flétrissent de continuelles souffrances , succèdent des nuits plus pénibles encore ; la solitude ne le délivre de l'odieuse société de ses compagnons d'infortune , que pour l'abandonner tout entier aux réflexions désolantes que lui inspire sa malheureuse position; et telle est l'horreur de son état, que cette triste consolation est encore un besoin pour lui. Telles sont les conséquences inévitables de la captivité, même la plus douce. Mais combien de fois ces maux affreux n'ont-ils pas été les moindres peines d'un prisonnier !
Combien de fois le poids des fers, la rigueur des cachots, l'insalubrité des prisons, l'avare despotisme des gardiens, et la tyrannie illégale, mais irrésistible de subalternes souvent choisis parmi les criminels du rang le plus abject, n'ont-ils pas ajouté de nouvelles amertumes à celles dont il est abreuvé. Une situation si cruelle méritait bien, sans doute, un regard de la pitié et cependant, de tous les malheureux, les prisonniers sont ceux qui, dans tous les temps, recueillirent le moins de secours et de consolations.
L'infortune la plus cruelle était la moins soulagée, et longtemps les prisonniers, oubliés au fond de leurs cachots, attendirent vainement qu'une main bienfaisante vînt essuyer leurs larmes. En gémissant de cet abandon où la pitié publique laissa pendant si long-temps les prisonniers, gardons-nous toutefois de calomnier l'humanité, et de croire que, jusqu'à nos jours, la bienfaisance fût exilée de tous les cœurs !
Tant d'hôpitaux , tant d'établissements charitables , tant de nobles associations pour la défense des faibles, le soulagement des malades et des indigents, prouvent que, même dans les siècles qu'aujourd'hui nous jugeons sévèrement, la philanthropie enflammait aussi des hommes généreux. Mais, en général, on ne compatit qu'à l'infortune dont on peut avoir quelque idée : la pauvreté , la maladie , les blessures reçues à la guerre, trouvèrent, dans tous les temps, les cœurs ouverts à la pitié. (...)
Il faut avoir réfléchi sur l'état d'un prisonnier, pour penser qu'il peut être victime d'une injustice ; que même, convaincu légalement d'un crime, il ne doit pas être puni plus sévèrement que la loi ne l'ordonne, et que l'arrêt qui lui enlève sa liberté ne le condamne pas à perdre la vie , par suite des maladies funestes qu'engendre le séjour des cachots. Jamais, peut-être, ces idées ne s'étaient présentées à l'esprit de ceux qui s'occupèrent alors des maux de leurs semblables; les prisonniers furent oubliés dans la distribution des premiers bienfaits de la philanthropie. (...)
Les progrès des lumières et de la civilisation n'apportèrent presque aucuns changements à cette triste position , et, long-temps encore, les prisonniers semblèrent victimes d'un oubli de la bienfaisance. Une injuste et funeste prévention détourna tous les regards d'infortunés qu'une opinion dédaigneuse enveloppait indistinctement dans la même proscription : on ne voyait que les crimes dont s'étaient souillés la plupart d'entre eux, sans considérer leur malheur à tous ; et le sentiment le plus favorable qu'ils pussent attendre , était l'oubli qui, en les délivrant d'un mépris injurieux , les laissait gémir, ignorés, dans des tourments inconnus. (...)"
C'est assez pour connaitre le ton et les objectifs de l'auteur.
BON EXEMPLAIRE DE CE LIVRE PEU COMMUN.
VENDU
DES PRISONS, DE LEUR RÉGIME, ET DES MOYENS DE L'AMÉLIORER, par M. E. Danjou, avocat à Beauvais. Ouvrage couronné par la Société Royale des Prisons, dans la séance du 15 mars 1821, présidée par S.A.R. Monseigneur Duc d'Angoulême.
Paris, A. Egron, imprimeur de S.A.R. Monseigneur, duc d'Angoulême, 1821.
1 fort volume in-8, broché, (22 x 15 cm) de XIII-559 pages. 4 figures hors-texte (plans). 1 lettre autographe signée de l'auteur montée sur le faux-titre. Couvertures prune d'origine passées (dos solide et non fendu), entièrement non rogné, et pratiquement non coupé (jamais lu plus loin que la page 105...), trace d'étiquette imprimée au dos (usée). Belle impression sur papier chiffon blanc, pratiquement sans rousseurs. Une petite auréole claire angulaire au bas de quelques feuillets (sans gravité).
ÉDITION ORIGINALE.
Exemplaire de dédicace offert par l'auteur à M. Després (mention manuscrite), accompagné d'une belle lettre autographe dans laquelle l'auteur écrit : "C'est à vos salutaires conseils que cet ouvrage doit l'existence et les encouragements par lesquels vous m'avez excité à y travailler doivent me garantir aujourd'hui de votre part l'indulgence dont je sens que j'ai besoin auprès d'un juge aussi éclairé." (le destinataire est M. Després, à Crécy - la lettre est datée du 23 octobre 1821 à Beauvais).
"De tous les maux qui peuvent atteindre l'homme, il n'en est peut- être pas de plus terrible que la perte de la liberté. Dans cet état déplorable , le prisonnier semble avoir brisé tous les liens qui l'attachaient à la vie : travaux, plaisirs, espérances, bonheur domestique , tout est perdu pour lui. Si, pour fuir l'accablante idée de ses douleurs présentes, il cherche un refuge dans le passé, il en est repoussé par le remords, ou par le souvenir amer d'une grande injustice, et l'avenir l'épouvante, à son tour, par la perspective désespérante de l'opprobre et de la misère qui attendent sa famille.
A des jours que flétrissent de continuelles souffrances , succèdent des nuits plus pénibles encore ; la solitude ne le délivre de l'odieuse société de ses compagnons d'infortune , que pour l'abandonner tout entier aux réflexions désolantes que lui inspire sa malheureuse position; et telle est l'horreur de son état, que cette triste consolation est encore un besoin pour lui. Telles sont les conséquences inévitables de la captivité, même la plus douce. Mais combien de fois ces maux affreux n'ont-ils pas été les moindres peines d'un prisonnier !
Combien de fois le poids des fers, la rigueur des cachots, l'insalubrité des prisons, l'avare despotisme des gardiens, et la tyrannie illégale, mais irrésistible de subalternes souvent choisis parmi les criminels du rang le plus abject, n'ont-ils pas ajouté de nouvelles amertumes à celles dont il est abreuvé. Une situation si cruelle méritait bien, sans doute, un regard de la pitié et cependant, de tous les malheureux, les prisonniers sont ceux qui, dans tous les temps, recueillirent le moins de secours et de consolations.
L'infortune la plus cruelle était la moins soulagée, et longtemps les prisonniers, oubliés au fond de leurs cachots, attendirent vainement qu'une main bienfaisante vînt essuyer leurs larmes. En gémissant de cet abandon où la pitié publique laissa pendant si long-temps les prisonniers, gardons-nous toutefois de calomnier l'humanité, et de croire que, jusqu'à nos jours, la bienfaisance fût exilée de tous les cœurs !
Tant d'hôpitaux , tant d'établissements charitables , tant de nobles associations pour la défense des faibles, le soulagement des malades et des indigents, prouvent que, même dans les siècles qu'aujourd'hui nous jugeons sévèrement, la philanthropie enflammait aussi des hommes généreux. Mais, en général, on ne compatit qu'à l'infortune dont on peut avoir quelque idée : la pauvreté , la maladie , les blessures reçues à la guerre, trouvèrent, dans tous les temps, les cœurs ouverts à la pitié. (...)
Il faut avoir réfléchi sur l'état d'un prisonnier, pour penser qu'il peut être victime d'une injustice ; que même, convaincu légalement d'un crime, il ne doit pas être puni plus sévèrement que la loi ne l'ordonne, et que l'arrêt qui lui enlève sa liberté ne le condamne pas à perdre la vie , par suite des maladies funestes qu'engendre le séjour des cachots. Jamais, peut-être, ces idées ne s'étaient présentées à l'esprit de ceux qui s'occupèrent alors des maux de leurs semblables; les prisonniers furent oubliés dans la distribution des premiers bienfaits de la philanthropie. (...)
Les progrès des lumières et de la civilisation n'apportèrent presque aucuns changements à cette triste position , et, long-temps encore, les prisonniers semblèrent victimes d'un oubli de la bienfaisance. Une injuste et funeste prévention détourna tous les regards d'infortunés qu'une opinion dédaigneuse enveloppait indistinctement dans la même proscription : on ne voyait que les crimes dont s'étaient souillés la plupart d'entre eux, sans considérer leur malheur à tous ; et le sentiment le plus favorable qu'ils pussent attendre , était l'oubli qui, en les délivrant d'un mépris injurieux , les laissait gémir, ignorés, dans des tourments inconnus. (...)"
(Extrait de l'ouvrage).
C'est assez pour connaitre le ton et les objectifs de l'auteur.
BON EXEMPLAIRE DE CE LIVRE PEU COMMUN.
VENDU