jeudi 1 février 2018

Ivan Golovine. Des économistes et des socialistes (1845). Brochure rare en édition originale. "L'association entre les membres d'une seule et même classe d'industriels, soit des maîtres, soit des ouvriers, n'aboutira qu'à l'exploitation des uns par les autres, et ne servira qu'à entraver la liberté, qu'à comprimer la concurrence."


Ivan GOLOVINE. (GOLOWIN).

Des économistes et des socialistes, par Ivan Golovine.

Paris, Firmin Didot et Cappelle, 1845

1 plaquette in-8 (23 x 14,7 cm), broché de (3)-38 pages. Couverture imprimée en très bon état (quelques usures aux coins, dos fendillé, brochage faible). Beau papier sans rousseurs. Exemplaire non coupé.

Édition originale rare.

Ivan Golovine ou Golowin (1816-1890) est exilé par le tsar Nicolas I ; arrivé à Paris, naturalisé anglais en 1843 ; on doit à cet intellectuel plusieurs ouvrages relatifs à l'économie politique où il s'oppose à la politique réactionnaire du gouvernement russe. Dans cette brochure il prend position contre les théories fouriéristes collectivistes et plus globalement contre le socialisme utopique qu'il dénonce. "En même temps que La Russie sous Nicolas Ier parut la brochure de Golovine intitulée Des économistes et des socialistes, qui apportait une analyse des conceptions économiques contemporaines ainsi que des théories du socialisme utopique. C'était, en somme, un aperçu des doctrines de Smith, Ricardo et de leur commentateur français Jean- Baptiste Say, muni d'une préface de caractère historique et renfermant une polémique avec les représentants du socialisme utopique." (Cahiers du monde russe et soviétique, vol. 11, p. 22).  Les propos de M. Golovine ont été très controversés de son temps. "Plusieurs contradictions se sont glissées dans l'ouvrage de M. Golovine. Cela vient de ce qu'entre toutes les doctrines M. Golovine lui-même est sans doctrine. C'est ce qu'on voit clairement par sa brochure récemment publiée sur les Économistes et les Socialistes. Cet ouvrage n'est pas de nature à être analysé ; disons seulement que la brochure de M. Golovine a la prétention de contenir en trente-huit pages une appréciation de la science économique et des différents systèmes sociaux mis au jour dans ces dernières années : c'est un pamphlet contre les économistes, un flasque et vide factum contre les systèmes saint-simonien, fouriériste et communiste. Aux lecteurs qui voudraient avoir une idée, même superficielle, des doctrines professées par les écoles socialistes, nous n'aurons garde d'indiquer la brochure de M. Golovin e; les portraits y sont trop peu ressemblants." (La revue indépendante, 1845, tome 20, p. 437).

"Tel est, à peu de choses près, le langage des partisans de l'association ; mais quel est le résultat pratique de ces axiomes ? L'association des intérêts communs n'est que l'introduction du monopole, et l'association des intérêts contraires est une impossibilité. L'association entre les membres d'une seule et même classe d'industriels, soit des maîtres, soit des ouvriers, n'aboutira qu'à l'exploitation des uns par les autres, et ne servira qu'à entraver la liberté, qu'à comprimer la concurrence. L'ouvrier ne peut ni ne veut s'associer à l'entrepreneur ; lors même que la philanthropie de celui-ci le porterait à partager avec lui tous les bénéfices, l'ouvrier ne voudra jamais s'associer aux pertes, car il n'a pas devant lui le capital nécessaire pour les supporter ; vivant au jour le jour, il ne peut ni compromettre son existence, ni exposer son gagne-pain. Ses lumières, d'ailleurs, ne sont pas assez développées pour lui permettre de suivre son maître dans toutes ses entreprises, d'y donner son consentement ou d'y opposer son véto, d'en apprécier les bonnes et les mauvaises chances. Partout où l'association libre et volontaire peut être bienfaisante, elle s'établit d'elle-même parla marche naturelle des choses, et il suffit que le gouvernement l'aide et ne l'entrave pas, ainsi qu'il le fait si souvent. Là où la petite culture peut être avantageusement remplacée par la grande, les propriétaires cèdent leur place à un seul d'entre eux, et lui facilitent les moyens d'acquérir leurs quotes parts. L'exploitation en communauté ne saurait jamais être aussi utile que celle d'un seul intéressé. Les communes en Suisse ont des machines à battre le blé au service de tous leurs habitants; en France, elles ont des lavoirs publics. Les ouvriers ont, dans plusieurs endroits, une cuisine en commun." (extrait, p. 32-33).

Très bon exemplaire.

Prix : 250 euros