mardi 16 janvier 2018

Ange Guépin. Philosophie du XIXe siècle. Etude encyclopédique sur le monde et l'humanité (1854). Edition originale rare.


Ange GUÉPIN.

Philosophie du XIXe siècle. Étude encyclopédique sur le monde et l'humanité.

Paris, Gustave Sandré, 1854 [Nantes, imprimerie W. Busseil]

1 fort volume in-8 (19,5 x 13 cm) de 993 pages et 1 page d'errata. Les pages 983 à 993 sont occupées par une table des matières contenues dans ce volume.

Cartonnage demi-toile du XXe siècle (probablement années 1950-1960) en très bon état. Tranches rognées un peu courtes. Premier plat de couverture conservée (sali avec légères usures). Volume imprimé sur un papier vélin mécanique de médiocre qualité (non cassant mais uniformément teinté). Quelques salissures.

Édition originale rare.


Cet ouvrage d’Ange Guépin publié en 1854 reprend quasiment textuellement l’ouvrage de 1850 Philosophie du socialisme, mais Guépin a modifié le début et la fin des chapitres et changé leur agencement. Ce livre engendra une polémique avec Prosper Enfantin que Guépin accusait d’avoir beaucoup trop dévié de la ligne tracée pas Saint-Simon et de ne pas être suffisamment physiologiste. En 1858, Enfantin lui répondit dans sa Lettre au docteur Guépin (de Nantes) sur la physiologie,de plus de 150 pages. « Mon cher ami, écrit-il, la physiologie de M. tel ou tel, de Gall, Flourens ou autres,la vôtre même, n’est pas plus une science que la politique de MM. Thiers, Guizot, Lamartine, n’est une science ; ce sont des opinions fondées sur une multitude de petites observations trompeuses. » (Bibliothèque virtuelle de l'Université de Poitiers, Premiers Socialismes, notice en ligne, consultée le 16 janvier 2018).


Ange Marie François Guépin, né le 30 août 1805 à Pontivy (Morbihan), mort le 21 mai 1873 à Nantes, est un médecin (ophtalmologiste), un écrivain et un homme politique français, républicain et socialiste, qui a joué un rôle important dans la vie politique et sociale de Nantes au xixe siècle, comme conseiller municipal et conseiller général, et, à deux reprises, comme préfet par intérim, mais surtout comme médecin philanthrope et comme théoricien et militant d’une forme de socialisme refusant la Terreur, mais incluant le féminisme. La vie d'Ange Guépin est tout entière orientée par l'idée d'un progrès de l'humanité fondé sur le développement de la science et des techniques appliquées à l'industrie, reprise de son père Victor Guépin, révolutionnaire de 1789, mais aussi des disciples de Saint-Simon et des socialistes utopistes rencontrés au cours de ses études de médecine. Ange Guépin a joué un rôle important en étudiant les transformations de la société française au xixe siècle. Il s'est interrogé sur les causes et conséquences de ces transformations, dans le but de réduire la misère des hommes de son temps et de créer les conditions pour que le progrès des connaissances aille vers plus de bonheur et de liberté. (source : wikipédia).

« Le grand édifice de l’avenir réclame aussi et avant tout l’affranchissement de la femme, sa liberté, son état civil, son mariage égalitaire » (extrait).

« On peut faire de Fourier l’analyse la plus séduisante en se bornant à une partie de ses études ; on pourrait le rendre ridicule en ne prenant que le surplus […] C’est ainsi qu’il est conduit logiquement à rapprocher les hommes pour les soumettre à leurs attractions et les distribuer en séries, et par suite à créer la commune nouvelle, agglomération sociale dans laquelle les intérêts seront rapprochés, combinés et sériés. Cette découverte est immense ; elle contient tout le mécanisme social de l’avenir : aussi, quels que soient les rêves, les folies, les fautes de logique que l’on peut signaler dans l’utopie de Fourier, nous ne l’en regardons pas moins comme l’un des plus grands génies qui aient jamais existé. Il est en réalité le Kœpler de la science sociale, quoiqu’il ait encore beaucoup plus accordé que Kœpler aux puissances mystérieuses des nombres, et qu’il soit bien moins scientifique dans sa manière d’étudier la nature […] Nous devons admettre, avec les fouriéristes, que le phalanstère ou commune sociétaire est un tout ; que c’est l’élément de l’existence sociale, un organe social véritable et complet, jouissant de toutes les fonctions qui constituent la vie […] C’était peu que de résoudre le problème de l’organisation d’une communauté de trois cents familles : il a été souvent essayé, souvent même victorieusement tenté ; mais il fallait encore, et c’est là le caractère de la découverte de Fourier, trouver la loi selon laquelle une communauté peut exister avec tous les avantages possibles d’ordre, d’économie, de travail, sans que dans cette institution personne puisse perdre quelque chose de son droit d’initiative ni de sa liberté individuelle […] Ajouter à cette institution, comme conséquence naturelle et même nécessaire de la forme nouvelle, non seulement une salubrité plus grande, une éducation meilleure, plus de vérité dans les relations, une répartition proportionnelle à l’apport de chacun en travail, talent et capital, un mécanisme de nature à produire entre tous l’harmonie, puis encore des plaisirs nouveaux, des formes nouvelles dans le travail, une économie de main d’œuvre, suite naturelle de la passion et du goût apportés dans tous les travaux : c’était introduire l’attraction dans la commune sociétaire et substituer l’action des passions naturelles à celle des obligations imposées ; le travail libre et librement choisi, à la contrainte ; l’émulation, à la concurrence ; la liberté, à l’esclavage du laboureur et de l’ouvrier. Sous ce rapport, Fourier n’est pas assez connu, il a besoin d’être étudié et popularisé ; et puis, n’est-ce rien qu’une doctrine destinée à réduire de plus en plus le capital, tout en lui donnant la part à laquelle il aura longtemps droit, mais selon la progression toujours décroissante de son pouvoir et de son action utile, qui sera en raison directe de l’augmentation de production avec de moindre efforts. » (extrait).


Cet épais volume est une bible humaniste. Angé Guépin était franc-maçon (loge mars). On donnera même son nom à une loge nantaise (loge Guépin fondée en 1908).

Bon exemplaire de cet ouvrage rare.

Prix : 650 euros