lundi 20 novembre 2017

Louis Blanc. Organisation du travail. Socialisme, politique sociale et milieu ouvrier. Rare édition belge de 1848. Bel exemplaire en reliure d'époque.


Louis BLANC.

ORGANISATION DU TRAVAIL par Louis Blanc. Cinquième édition, considérablement augmentée, précédée d'une Introduction, et suivie d'un compte rendu de la maison Leclaire, de Paris.

Bruxelles, Méline, Cans et Cie, Livourne, même maison, Leipzig, Méline, 1848

1 volume in-12 (15,2 x 10,6 cm) de 283 pages.

Reliure de l'époque demi-basane verte, dosse lisse, titre et roulettes dorées, coins de parchemin. Bel état de conservation. Intérieur très frais sur beau papier vélin sans rousseurs. Papier des plats légèrement frotté. Petit manque de papier à l'angle de la garde blanche (fin de volume).

Nouvelle édition pirate belge peu commune.

"C'est à vous, riches, que ce livre s'adresse, puisqu'il y est question des pauvres. Car leur cause est la vôtre. Dernièrement, au milieu de nous, dans Paris, au bruit des réjouissances voisines, un pauvre enfant est mort gelé, derrière une guérite. Le fait a été publié comme un simple accident : il n'a étonné personne." (Introduction, janvier 1845).



Cet ouvrage fondamental pour l'histoire sociale française au XIXe siècle a été publié pour la première fois en 1839. "L'un des livres "socialistes" les plus lus par les ouvriers français. La critique que fait Louis Blanc de la concurrence est directement inspirée de Fourier." (Droz, Histoire générale du socialisme I, 384). "La concurrence [est] néfaste pour les ouvriers car elle entraîne la baisse des salaires et développe l'emploi des machines, qui privent les ouvriers de travail, [elle est] néfaste aussi pour la bourgeoisie car elle conduit au monopole et prépare la disparition de la moyenne propriété ("la concurrence tue la concurrence"). Pour remédier à ce désordre, il faut établir un régime d'associations, mais organisé par l'État qui, régulateur de la production, fera disparaître la concurrence en fournissant aux prolétaires les instruments de travail par la création d'"ateliers sociaux", avec des salaires égaux et des chefs élus. Les capitaux seront fournis par l'État ou par des capitalistes qui ne recevront qu'un intérêt peu élevé et ne seront pas admis à entrer comme travailleurs dans cette coopérative de production. Les bénéfices seront divisés en trois parties : l'une sera ajoutée aux salaires et assurera la participation directe des ouvriers aux bénéfices ; l'autre alimentera un fonds d'assurance pour les infirmes, les malades et les vieillards ; la dernière sera consacrée aux investissements." (Mourre, Dictionnaire encyclopédique d'histoire, p. 574).



Cette cinquième édition (ici dans sa version piratée par l'éditeur belge Méline et Cans) paraît juste au moment de la révolution de 1848.

"[...] S'il n'y avait que des douleurs exceptionnelles et solitaires à soulager, la charité y suffirait peut-être. Mais le mal a des causes aussi générales que profondes ; et c'est par milliers qu'on les compte, ceux qui, parmi nous, sont en peine de leur vêtement, de leur nourriture et de leur gîte. Comment cela est-il possible ? Pourquoi, au sein d'une civilisation tant vantée, cet abaissement tragique et cette longue agonie de la moitié des humains ? Le problème est obscur. Il est terrible. Il a provoqué des révoltes qui ont ensanglanté la terre sans l'affranchir. Il a usé des générations de penseurs. Il a épuisé des dévouements d'une majesté toute divine. Voilà deux mille ans déjà que des nations entières s'agenouillent devant un gibet, adorant dans celui qui voulut y mourir, le sauveur des hommes. Et pourtant, que d'esclaves encore ! Que de lépreux dans le monde moral ! Que d'infortunés dans le monde visible et sensible !Que d'iniquités triomphantes ! Que de tyrannies savourant à leur aise les scandales de leur impunité ! Le rédempteur est venu ; mais la rédemption,quand viendra-t-elle ? Le découragement, toutefois, est impossible,puisque la loi du progrès est manifeste. Si la durée appartient au mal, elle appartient aussi, et bien plus, encore à cette protestation de la conscience humaine qui le flétrit et le combat, protestation variée dans ses formes,immuable dans son principe, protestation immense, universelle, infatigable, invincible. [...]" (introduction).



Élégant exemplaire en condition d'époque.

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