mardi 19 avril 2016

Bibliophilie : Les Oeuvres de Lucien de Samosate traduites en français par Nicolas Perrot d'Ablancourt (1664). Précieux exemplaire en maroquin doublé de Boyet. Superbe exemplaire.


LUCIEN DE SAMOSATE - Nicolas PERROT D'ABLANCOURT, traducteur

LUCIEN de la traduction de N. Perrot Sr. d'Ablancourt. Première et seconde partie. Nouvelle édition revue et corrigée.

Paris, Louis Billaine, 1664

2 volumes in-12 (15,7 x 9,2 cm - Hauteur des marges : 151 mm.), premier volume : 12 feuillets non chiffrés y compris le frontispice gravé à l'eau-forte par L. C., la page de titre, l'épître à Monsieur Conrart et la table ; 550 pages et 13 feuillets non chiffrés de table et extrait du privilège ; second volume : 4 feuillets non chiffrés comprenant la page de titre, la table et un extrait du catalogue du libraire, 603-(1) pages et 16 feuillets non chiffrés de table des matières. Collationné complet.

Reliure de la seconde moitié du XVIIe siècle maroquin rouge doublé de maroquin rouge, dos à nerfs richement ornés aux petits fers dorés (palmettes et fers pointillés), triple-filet doré en encadrement extérieur des plats, petites fleurs de lys en écoinçons, roulette dorée sur les coupes, doublures du même maroquin rouge soulignée par un encadrement de filets et roulettes dorées (fleurs de lys et dents de rat), gardes de papier blanc, tranches dorées sur marbrure, tranchefiles bicolores avec fil d'argent mélangé. Exemplaire réglé à l'encre rouge. Fines reliures de maroquin doublé attribuables à Luc-Antoine Boyet. Petite tache marron dans la marge intérieure basse de quelques feuillets au début du premier volume, sans aucune gravité (tache présente sur ces feuillets avant reliure).



L'étude des fers de la reliure indiquerait une reliure exécutée vers 1690, soit quelques années après son début d'activité en tant que relieur. Il fut nommé relieur de la Bibliothèque du Roi Louis XIV en 1698. Il est mort en 1733. Selon Roger Devauchelle, « ce qui est notable chez cet ouvrier hors ligne, c’est la perfection du corps d’ouvrage, qui dépasse en solidité tout ce qui a été fait jusqu’à lui ». En un mot, lorsqu'un bibliophile a une reliure de Boyet entre les mains il le sent, il le sait. C'est bien le cas ici. La finesse et la beauté du maroquin employé, la qualité de la dorure, le fini en tout, laisse peu de place au doute. Le summum de son art résidait dans l'exécution de fines reliures doublées de maroquin, comme celle-ci.



Cette jolie édition de Lucien (Samosate, Syrie, v. 120 - ap. 180) , la première traduction de cet auteur antique en français, est imprimée sur un beau papier fin. On y trouve bien sur les Dialogues des Courtisanes et l’Âne, ainsi que la plupart des textes et autres dialogues du satiriste : Le Songe de Lucien, L'Alcyon ou la Métamorphose, Dialogues des Dieux, Dialogues des Morts, La Nécromancie, Les Sectes des Philosophes à l'encan, l'Histoire Véritable, l'Eunuque, Les Amours, Le Menteur, Bacchus, l'Hercule Gaulois, Dialogues des Lettres de l'Alphabet, etc. Et bien évidemment ce savoureux petit texte que tout vrai bibliophile devrait avoir lu au moins une fois dans sa vie d'amateur  : Contre un Ignorant qui faisait une Bibliothèque. Son Histoire véritable, où le personnage voyage sur la Lune, est parfois considérée comme une des premières œuvres de science-fiction, même si c'est plutôt un conte facétieux et qu'il n'y a aucune référence scientifique. Il influença l’Histoire comique des États et Empires de la Lune de Cyrano de Bergerac, et le Micromégas de Voltaire. Au XVIIIe siècle, les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift s'inscrivent dans la continuité générale des voyages extraordinaires que les Histoires vraies ont contribué à initier. Mais seul le voyage dans l'île volante de Laputa, au livre III, pourrait constituer un emprunt direct au récit de Lucien. Montesquieu écrivit, dans les années 1730, un manuscrit appelé Histoire Véritable où il imite Lucien. L'influence de l'Oeuvre de Lucien sur la pensée critique et philosophique moderne est considérable.

Le Lucien de Perrot d'Ablancourt (1606-1664), est une de ses belles infidèles (Perrot d'Ablancourt était plus attaché à l’élégance et à la beauté du rendu du texte traduit qu’à la fidélité et au sens littéral du texte originel.). Il a paru pour la première fois en 1654. De cette édition portative et compacte de 1664 on trouve des exemplaires portant indifféremment l'adresse de Louis Billaine ou Thomas Jolly. On trouve à la fin de chaque volume d'abondantes remarques et notes érudites sur toutes les œuvres traduites par Perrot d'Ablancourt.

Provenance : étonnamment aucune marque d'appartenance. Exemplaire présent au catalogue de la librairie Lardanchet, cat. n°60, n°136, année 1967 (3.500 francs).

PRÉCIEUX EXEMPLAIRE EN MAROQUIN DOUBLÉ DE BOYET.

VENDU