lundi 29 février 2016

Bibliophilie : Le Bric-à-Brac de l'Amour d'Octave Uzanne (1879). Edition originale tirée à très petit nombre sur beau papier Whatman (50 ex.). Rare tirage de luxe en reliure de l'époque.


Octave UZANNE - Jules BARBEY D'AUREVILLY, préface.

LE BRIC-A-BRAC DE L'AMOUR par Octave Uzanne. Préface de Jules Barbey d'Aurevilly.

Paris, Edouard Rouveyre, 1879 [imprimerie Darantière, Dijon]

1 volume grand in-8 (28,7 x 19 cm) de XIV-178-(1)-(4) pages. Frontispice à l'eau-forte dessiné et gravé par Adolphe Lalauze.

Reliure demi-chagrin bleu-gris à larges coins, dos à nerfs, tête dorée, relié sur brochure à toutes marges, non rogné, sans les couvertures de brochage. Reliure de l'époque. Très bon état, légers frottements. Quelques piqûres de rousseurs sans gravité. Signature autographe de Barbey d'Aurevilly reproduite en fac-similé à la fin de la préface. Pour cet exemplaire de luxe le texte est imprimé en rouge et les ornements imprimés en bleu.



ÉDITION ORIGINALE.

TIRAGE A TRÈS PETIT NOMBRE (50 EXEMPLAIRES) EN DEUX COULEURS SUR BEAU PAPIER WHATMAN.

EXEMPLAIRES A TOUTES MARGES.



Le détail du tirage est le suivant : Tirage à petit nombre sur papier de Hollande (1.000 exemplaires selon Octave Uzanne lui-même). Il a été fait un tirage de luxe comme suit : 4 exemplaires imprimés sur parchemin, 6 exemplaires imprimés sur papier du Japon, 10 exemplaires imprimés sur papier de Chine, 30 exemplaires imprimés sur papier Whatman. Il a été également fait un tirage en deux couleurs (bleu flore et rouge minéral) à 50 exemplaires sur papier Whatman.

C’est le 5 décembre 1878 que sort des presses dijonnaises de l’imprimeur Darantière pour le compte d’Edouard Rouveyre, libraire et éditeur à Paris, un charmant petit volume intitulé le Bric-à-brac de l’amour (*) par Octave Uzanne, avec une préface de Jules Barbey d’Aurevilly. Il porte sur le titre la date de 1879. Cet ouvrage est orné d’un joli frontispice dessiné et gravé par Adolphe Lalauze. Il représente l’auteur en train de rêver le visage enroulé dans son bras gauche sur le dossier de son fauteuil, dans son cabinet, entouré d’angelots vire-voletant et jouant de la musique. Une plantureuse Vénus se trouve juste derrière lui. L’auteur rêve aux bénéfices et aux affres de l’amour, sans doute. Octave Uzanne a 27 ans. C’est la pleine sève du jeune homme aux appétits féroces de belles demoiselles qui s’exprime dans tout ce volume. Le 10 février de la même année avait paru son premier ouvrage de librairie Caprices d’un Bibliophile. Ce premier ouvrage ne s’aventurait pas encore sur les chemins de l’amour et des femmes qu’Uzanne empruntera tant et tant par la suite. Il donnera d’ailleurs à la suite du Bric-à-brac deux autres ouvrages dans la même veine le Calendrier de Vénus (1880) et les Surprises du Cœur (1881). Mais qui mieux qu’Uzanne pourrait parler de l’histoire de ce livre ? Voici ce qu'il écrit dans le catalogue de la vente d’une partie de sa bibliothèque en mars 1894 :



 « … Il y a quinze ans déjà ! le Bibliophile débutait à peine dans les lettres, et ce livre du Bric-à-Brac était pour l’époque d’une véritable audace. – J. Barbey d’Aurevilly venait de publier les Diaboliques qui firent si grand bruit ; il réclama et lut les épreuves du Bric-à-Brac, et quand l’auteur le vint voir, inquiet de son verdict, tremblant à l’idée des critiques féroces dont J. B. d’A. était si volontiers prodigue, il se vit accueilli avec transport par le Preux de Valognes, aussi emballé cette fois qu’il était réservé d’habitude. « Votre livre, Monsieur, m’enthousiasme – s’écria-t-il, et je le veux dire… que voulez-vous de moi Monsieur ? une préface … un article du lundi au Constitutionnel ? – parlez, je suis à vos ordres, et je ferai pour vous ce que je vous dois pour le délicat plaisir que m’a causé votre livre… » Et comme ravi et confus, l’auteur s’excusait timidement sur les imperfections de cette œuvre hâtive : « Ah çà ! criait le grand Maître, me prenez-vous pour un flagorneur… ? Mais, Monsieur, écoutez ceci : vous seriez mon pire ennemi, je vous détesterais à la mort que je vous devrais encore les hommages que je vous décerne, pour la rareté des sensations littéraires que vous m’avez procurées… - Vous êtes mon créancier… je n’ai pas fait trois préfaces dans ma vie…, et encore les ai-je faites ? – Voulez-vous de moi pour la curiosité du fait comme préfacier de votre livre truculant qui m’a tout empoigné et conquis… ? » Et ce fut ainsi, en sa pauvre chambre de la rue Rousselet qu’il magnifiait par ses causeries incomparables et ses mots à panache, que Barbey d’Aurevilly improvisa la préface du Bric-à-Brac dont il n’avait lu que les deux tiers. Il regrettait, plus tard, le livre étant paru, de n’avoir pu faire ressortir le moraliste qu’il découvrit – disait-il, - dans les dernières pages du livre, parmi les aphorismes et les épigrammes sur les femmes, mais rien ici-bas n’est parfait et telle qu’elle se présente, cette préface aura suffi à donner satisfaction aux seules ambitions littéraires qu’ait jamais manifestées le bibliophile-écrivain, jusqu’ici très solitaire, et fort indépendant avant tout. – L’auteur du Bric-à-Brac n’est ni décoré, ni désireux de l’être ; il n’aspire à aucune académie, se soucie des hommes au pouvoir comme un poisson d’une pomme et ne se sent sollicité que par la seule liberté de tout faire et de tout dire sans trembler. Il pense que les charges, ou les honneurs, quoi qu’on en dise, endomestiquent toujours un homme – et ne grandissent que ceux qui ont la modestie de se trouver petits et de croire à leur exhaussement par les médiocres piédestaux que leur offre la vanité humaine. Cette préface écrite en polychromie extraordinaire, semée de poudre d’or avec ses paraphes, ses initiales solides, ses fusées graphiques, est certainement le plus curieux manuscrit qu’on ait conservé de l’auteur de la Vieille Maîtresse. L’illustration de ce livre dans les marges n’est qu’à l’état d’amorce. Cet exemplaire vaut d’être complété par des aquarellistes de talent qui trouveront sur le whatman à gros grain un excellent terrain pour s’essayer à la plume, au crayon et au lavis. Une remarque curieuse au sujet de ce livre. La couverture du Bric-à-Brac de l’amour montre un des premiers essais de tirage en couleur par gillotage. Il y a quinze ans, c’était encore peu de chose, mais, l’auteur cherchait déjà des procédés nouveaux. On sait combien la chromotypographie a progressé depuis. »

"Que contient ce Bric-à-Brac de l’Amour ? Outre la Préface de Barbey d’Aurévilly citée plus haut, l’auteur commence par un avis Aux honnestes dames de Paris. Viennent ensuite sept textes sur les femmes et l’amour sous forme de courts récits. Ce sont Le crachoir – Du mourir en amour – Un curieux maléfice – Les pulsations de l’attente – Bric-à-Brac du sentiment – Le libertinage – Une femme qui saute. On trouve à la suite un Cupidoniana ou recueil de sentences, maximes et autres aphorismes bien sentis sur l’amour et les femmes. Le volume s’achève sur une Post-face ou A qui a lu." (Bertrand Hugonnard-Roche)

TRÈS BON EXEMPLAIRE DE CE RARE TIRAGE DE LUXE.

VENDU