lundi 29 février 2016

Bibliophilie : Le Bric-à-Brac de l'Amour d'Octave Uzanne (1879). Edition originale tirée à très petit nombre sur beau papier Whatman (50 ex.). Rare tirage de luxe en reliure de l'époque.


Octave UZANNE - Jules BARBEY D'AUREVILLY, préface.

LE BRIC-A-BRAC DE L'AMOUR par Octave Uzanne. Préface de Jules Barbey d'Aurevilly.

Paris, Edouard Rouveyre, 1879 [imprimerie Darantière, Dijon]

1 volume grand in-8 (28,7 x 19 cm) de XIV-178-(1)-(4) pages. Frontispice à l'eau-forte dessiné et gravé par Adolphe Lalauze.

Reliure demi-chagrin bleu-gris à larges coins, dos à nerfs, tête dorée, relié sur brochure à toutes marges, non rogné, sans les couvertures de brochage. Reliure de l'époque. Très bon état, légers frottements. Quelques piqûres de rousseurs sans gravité. Signature autographe de Barbey d'Aurevilly reproduite en fac-similé à la fin de la préface. Pour cet exemplaire de luxe le texte est imprimé en rouge et les ornements imprimés en bleu.



ÉDITION ORIGINALE.

TIRAGE A TRÈS PETIT NOMBRE (50 EXEMPLAIRES) EN DEUX COULEURS SUR BEAU PAPIER WHATMAN.

EXEMPLAIRES A TOUTES MARGES.



Le détail du tirage est le suivant : Tirage à petit nombre sur papier de Hollande (1.000 exemplaires selon Octave Uzanne lui-même). Il a été fait un tirage de luxe comme suit : 4 exemplaires imprimés sur parchemin, 6 exemplaires imprimés sur papier du Japon, 10 exemplaires imprimés sur papier de Chine, 30 exemplaires imprimés sur papier Whatman. Il a été également fait un tirage en deux couleurs (bleu flore et rouge minéral) à 50 exemplaires sur papier Whatman.

C’est le 5 décembre 1878 que sort des presses dijonnaises de l’imprimeur Darantière pour le compte d’Edouard Rouveyre, libraire et éditeur à Paris, un charmant petit volume intitulé le Bric-à-brac de l’amour (*) par Octave Uzanne, avec une préface de Jules Barbey d’Aurevilly. Il porte sur le titre la date de 1879. Cet ouvrage est orné d’un joli frontispice dessiné et gravé par Adolphe Lalauze. Il représente l’auteur en train de rêver le visage enroulé dans son bras gauche sur le dossier de son fauteuil, dans son cabinet, entouré d’angelots vire-voletant et jouant de la musique. Une plantureuse Vénus se trouve juste derrière lui. L’auteur rêve aux bénéfices et aux affres de l’amour, sans doute. Octave Uzanne a 27 ans. C’est la pleine sève du jeune homme aux appétits féroces de belles demoiselles qui s’exprime dans tout ce volume. Le 10 février de la même année avait paru son premier ouvrage de librairie Caprices d’un Bibliophile. Ce premier ouvrage ne s’aventurait pas encore sur les chemins de l’amour et des femmes qu’Uzanne empruntera tant et tant par la suite. Il donnera d’ailleurs à la suite du Bric-à-brac deux autres ouvrages dans la même veine le Calendrier de Vénus (1880) et les Surprises du Cœur (1881). Mais qui mieux qu’Uzanne pourrait parler de l’histoire de ce livre ? Voici ce qu'il écrit dans le catalogue de la vente d’une partie de sa bibliothèque en mars 1894 :



 « … Il y a quinze ans déjà ! le Bibliophile débutait à peine dans les lettres, et ce livre du Bric-à-Brac était pour l’époque d’une véritable audace. – J. Barbey d’Aurevilly venait de publier les Diaboliques qui firent si grand bruit ; il réclama et lut les épreuves du Bric-à-Brac, et quand l’auteur le vint voir, inquiet de son verdict, tremblant à l’idée des critiques féroces dont J. B. d’A. était si volontiers prodigue, il se vit accueilli avec transport par le Preux de Valognes, aussi emballé cette fois qu’il était réservé d’habitude. « Votre livre, Monsieur, m’enthousiasme – s’écria-t-il, et je le veux dire… que voulez-vous de moi Monsieur ? une préface … un article du lundi au Constitutionnel ? – parlez, je suis à vos ordres, et je ferai pour vous ce que je vous dois pour le délicat plaisir que m’a causé votre livre… » Et comme ravi et confus, l’auteur s’excusait timidement sur les imperfections de cette œuvre hâtive : « Ah çà ! criait le grand Maître, me prenez-vous pour un flagorneur… ? Mais, Monsieur, écoutez ceci : vous seriez mon pire ennemi, je vous détesterais à la mort que je vous devrais encore les hommages que je vous décerne, pour la rareté des sensations littéraires que vous m’avez procurées… - Vous êtes mon créancier… je n’ai pas fait trois préfaces dans ma vie…, et encore les ai-je faites ? – Voulez-vous de moi pour la curiosité du fait comme préfacier de votre livre truculant qui m’a tout empoigné et conquis… ? » Et ce fut ainsi, en sa pauvre chambre de la rue Rousselet qu’il magnifiait par ses causeries incomparables et ses mots à panache, que Barbey d’Aurevilly improvisa la préface du Bric-à-Brac dont il n’avait lu que les deux tiers. Il regrettait, plus tard, le livre étant paru, de n’avoir pu faire ressortir le moraliste qu’il découvrit – disait-il, - dans les dernières pages du livre, parmi les aphorismes et les épigrammes sur les femmes, mais rien ici-bas n’est parfait et telle qu’elle se présente, cette préface aura suffi à donner satisfaction aux seules ambitions littéraires qu’ait jamais manifestées le bibliophile-écrivain, jusqu’ici très solitaire, et fort indépendant avant tout. – L’auteur du Bric-à-Brac n’est ni décoré, ni désireux de l’être ; il n’aspire à aucune académie, se soucie des hommes au pouvoir comme un poisson d’une pomme et ne se sent sollicité que par la seule liberté de tout faire et de tout dire sans trembler. Il pense que les charges, ou les honneurs, quoi qu’on en dise, endomestiquent toujours un homme – et ne grandissent que ceux qui ont la modestie de se trouver petits et de croire à leur exhaussement par les médiocres piédestaux que leur offre la vanité humaine. Cette préface écrite en polychromie extraordinaire, semée de poudre d’or avec ses paraphes, ses initiales solides, ses fusées graphiques, est certainement le plus curieux manuscrit qu’on ait conservé de l’auteur de la Vieille Maîtresse. L’illustration de ce livre dans les marges n’est qu’à l’état d’amorce. Cet exemplaire vaut d’être complété par des aquarellistes de talent qui trouveront sur le whatman à gros grain un excellent terrain pour s’essayer à la plume, au crayon et au lavis. Une remarque curieuse au sujet de ce livre. La couverture du Bric-à-Brac de l’amour montre un des premiers essais de tirage en couleur par gillotage. Il y a quinze ans, c’était encore peu de chose, mais, l’auteur cherchait déjà des procédés nouveaux. On sait combien la chromotypographie a progressé depuis. »

"Que contient ce Bric-à-Brac de l’Amour ? Outre la Préface de Barbey d’Aurévilly citée plus haut, l’auteur commence par un avis Aux honnestes dames de Paris. Viennent ensuite sept textes sur les femmes et l’amour sous forme de courts récits. Ce sont Le crachoir – Du mourir en amour – Un curieux maléfice – Les pulsations de l’attente – Bric-à-Brac du sentiment – Le libertinage – Une femme qui saute. On trouve à la suite un Cupidoniana ou recueil de sentences, maximes et autres aphorismes bien sentis sur l’amour et les femmes. Le volume s’achève sur une Post-face ou A qui a lu." (Bertrand Hugonnard-Roche)

TRÈS BON EXEMPLAIRE DE CE RARE TIRAGE DE LUXE.

VENDU


dimanche 28 février 2016

Parades abolies de Pierre Mac Orlan illustrées par Roger Wild (1945-1948). Un des 240 exemplaires sur papier d'Auvergne. 13 eaux-fortes en couleurs. Superbe ouvrage illustré sur le monde forain, cirque, clown, Zingaris, etc.


Pierre MAC ORLAN - Roger WILD, illustrateur

PARADES ABOLIES. Impressions foraines de Pierre Mac Orland. Aquarelles de Roger Wild avec une note de l'illustrateur.

A Paris, Editions A. & P. Jarach, 1945 (1948)

1 volume in-folio (34,5 x 25,5 cm), en feuilles, sous couverture imprimée et emboîtage carton de l'éditeur. 51-(2) pages. 1 eau-forte en noir sur la page de titre, 1 très-belle eau-forte en couleurs pleine page (24,5 x 17 cm) en frontispice, 12 eaux-fortes en couleurs de tailles variées (bandeau, mi-page, vignette). Ornements monochromes dans le texte. Très bon état de l'ensemble. Rares rousseurs. Très belle impression. Superbes eaux-fortes d'un effet saisissant.



ÉDITION ORIGINALE.

TIRAGE LIMITÉ A 282 EXEMPLAIRES ET QUELQUES EXEMPLAIRES D'ARTISTE, TOUS SUR AUVERGNE.

CELUI-CI, UN DES 240 EXEMPLAIRES SUR PAPIER D'AUVERGNE AVEC L'ETAT DÉFINITIF DES EAUX-FORTES EN COULEURS DANS LE TEXTE.



La typographie de cet ouvrage a été réalisée par l'imprimerie La Ruche, rue Lalande, à Paris, dès 1944. Les illustrations, tirées par l'atelier de taille-douce de La Tradition, rue Chauvelot, à Malakoff, ont été mises en couleurs à la main par Edmond Vairel, rue du Louvre, à Paris, et achevées en avril 1948.


Roger Wild né à Lausanne en 1894 se lia avec Modigliani et Pascin. Son oeuvre reflète sa prédilection pour la faune des faubourgs et les forains. Gus Bofa écrit à son propos : "Il dévore ses modèles morts de peur et les restitue vivants." Cet admirateur de Toulouse Lautrec et Pascin dessine la faune des champs de foire et des cirques, quand il ne s'inspire pas de l'Espagne et de la tauromachie. On lui doit les illustrations, entre autres, de Parades abolies de Pierre Mac Orlan, ainsi que de nombreux portraits d'écrivains pour des journaux littéraires; portraits qui ont été réunis en trois albums, Visages contemporains, préfacés notamment par Léon-Paul Fargue et Paul Valéry.Il meurt en 1987. "La richesse de l'univers picaresque de l'artiste est moins faite de détails que d'une atmosphère transposée à miracle dans un style d'une précision presque hallucinée. (...) C'est la vie qui bouge; celle des passions, des idées, des sentiments, qu'il aime surprendre. Ses synthèses sont inimitables, définitives." Jean-Marc Campagne, Le Crapouillot, janvier 1959.

La roulotte poussait l'âne
Né près des Saintes-Maries.
Un tambour à la fenêtre
Se balançait tel une cage
Où tremblaient de très beaux bruits.
Roger Wild à la fenêtre
Maître Pierre et ses soucis
Fumaient la pipe des ancêtres
A la santé des Zingaris...

Pierre Mac Orlan, "Chanson d'adieu pour les parades abolies". (extrait)



SUPERBE LIVRE D'ARTISTE.

Prix : 500 euros



La Galerie des belles amours de Joseph Hémard (René Kieffer, 1935). Très beau livre illustré. 104 compositions en couleurs au pochoir. Très bel exemplaire.


Joseph HEMARD

LA GALERIE DES BELLES AMOURS. Illustrations en couleurs de l'auteur. Textes de l'illustrateur.

René Kieffer, Paris, 1935

1 volume petit in-4 (22,5 x 16,5 cm), broché, de 221-(2) pages. 104 compositions hors-texte 10,5 x 9 cm avec légende (belle page). Exemplaire à l'état proche du neuf.



ÉDITION ORIGINALE.

TIRAGE A 1.000 EXEMPLAIRES.

CELUI-CI, 1 DES 940 SUR VÉLIN DE CUVE.



Cette facétie historico-galante due au talent de l'illustrateur-auteur Joseph Hémard (1880-1961) est illustrée à profusion de 104 compositions humoristiques sur les amours des couples célèbres de l'histoire ancienne et moderne, réelle et mythologique. D'Adam et Eve en passant par Phèdre et Hippolyte, Sapho et Eunice, Oedipe et Jocaste, Tristant et Yseult, d'Artagnan et Milady, Napoléon et Joséphine, et pour finir, Cora Pearl et Napoléon III.



Chaque illustration est accompagnée en page de gauche d'un texte en vers, plus ou moins long, complètement apocryphe, irrévérencieux, décalé, burlesque et tournant les amours du couple cité en dérision. Le tout est à l'initiative de Joseph Hémard.



Ce très beau volume a été achevé d'imprimer le 25 mai 1935 chez André Steff pour le compte et sous la direction de René Kieffer (relieur-éditeur). Les coloris ont été exécutés (au pochoir) par Eugène Charpentier.



UN TRÈS BEAU LIVRE, HAUT EN COULEURS.

VENDU



vendredi 26 février 2016

Le Parfait chasseur, Traité général de toutes les chasses, par A. Desgraviers (1810). 12 planches hors-texte de traces et fumées d'animaux (cerf, chevreuil, sanglier, loup). Très bel exemplaire finement relié en plein chagrin.


Auguste DESGRAVIERS

LE PARFAIT CHASSEUR, TRAITÉ GÉNÉRAL DE TOUTES LES CHASSES, avec un appendice des meilleurs remèdes pour la guérison des accidents et des maladies de chevaux de chasse et des chiens courants ; et un vocabulaire général à l'usage des chasseurs. Par M. Auguste Desgraviers, ancien capitaine de Dragons, Chevalier de l'Ordre Royal et Militaire de St-Louis, Ecuyer et Commandant des Véneries de Monseigneur le Prince de Conti.

Paris, Demonville et Ferra aîné, 1810

1 volume in-8 (21 x 13,5 cm) de VIII-431 et 16 pages de partitions. 12 planches hors-texte (certaines dépliantes).

Reliure moderne plein chagrin lie de vin, dos à faux-nerfs orné, doublures et gardes de papier marbré, roulette dorée en encadrement intérieur des plats. Exemplaire non lavé. Etui bordé. Reliure en excellent état (dos très légèrement éclairci), intérieur en très bon état avec quelques rousseurs sans gravité. Papier légèrement teinté selon les cahiers. Légère mouillure marginale aux pages de partitions à la fin. Bien complet de toutes les planches gravées requises (empreintes de pas d'animaux, cerf, sanglier, loup, etc.).

NOUVELLE ÉDITION.



En réalité cinquième édition de ce grand classique de la chasse. Cette édition ne contient pas la dédicace au Prince de Conti (censurée) ni la préface de la première édition. On y trouve seulement l'Avant-propos sur 2 pages (pages v et vi). Le texte (introduction) commence à la page vii. La page 1 suit directement la page viii, ce qui est normal et montre un remaniement donnant lieu à modification dans la pagination.



La première édition de cet ouvrage, publiée sous le titre de L'Art du valet de limier, a paru chez Prault en 1784. La deuxième édition a été donnée en 1804 (Essai de vénerie, ou l'Art du valet de limier). La troisième édition date également de 1810 et a été publiée par le frère de l'auteur qui l'a désavouée. Le Parfait Chasseur, ou l'Art du valet de limier […]. S.l., 1810. 2e édition publiée par l'auteur, en réalité 4e édition. et enfin notre édition, Le Parfait Chasseur, traité général de toutes les chasses […]. Paris, Demonville & Ferra, 1810. 5e édition.

Références : Thiébaud, 269-270 ; Souhart, 137-138.



TRÈS BEL EXEMPLAIRE, FINEMENT RELIÉ PLEIN CUIR, DE CE CLASSIQUE QUI DOIT SE TROUVER DANS TOUTE BIBLIOTHÈQUE CONSACRÉE A L'ART CYNÉGÉTIQUE.

VENDU



jeudi 25 février 2016

Memoranda par Jules Barbey d'Aurevilly (1883). Tirage à petit nombre sur papier vergé de Hollande. Exemplaire de la bibliothèque Octave Uzanne truffé d'un bleu autographe du connétable des lettres. Portrait sur Japon ajouté.


Jules BARBEY D'AUREVILLY

MEMORANDA. Préface de Paul Bourget.

Paris, Ed. Rouveyre et Blond, 1883

1 volume in-12 (19,5 x 11,5 cm) de (3)-XXVII-152-(1) pages. Portrait de Barbey d'Aurevilly en frontispice gravé à l'eau-forte par Abot. Portrait en pied du même par Toussaint (eau-forte pure tirée sur Japon), ajouté. Bleu autographe de Barbey à Octave Uzanne (1884).

Cartonnage brael de toile fine décorée de l'époque signée Pierson (l'un des relieurs attitré d'Octave Uzanne à cette époque). Toile brunie et défraîchie. Solide. Intérieur très frais. Couvertures de brochage conservées.



NOUVELLE ÉDITION EN PARTIE ORIGINALE.

Edition originale de Memorandum de Port-Vendres et seconde impression du Memorandum imprimé à Caen en 1856.

TIRAGE A PETIT NOMBRE SUR PAPIER VERGÉ DE HOLLANDE.



Exemplaire qui ne porte pas l'ex libris d'Octave Uzanne et qui ne figure pas au catalogue de sa vente de mars 1894, mais exemplaire de la bibliothèque, cela ne fait aucun doute. Octave Uzanne possédait un exemplaire en reliure identique (même relieur, même toile, avec son premier ex libris artisanal). C'est Octave Uzanne qui a enrichi cet exemplaire d'un billet autographe (bleu) de Jules Barbey d'Aurevilly dans lequel celui-ci qui décale un dîner (voir photo). Octave Uzanne a par ailleurs ajouté un beau portrait en pied de l'auteur en tirage à l'eau-forte pure sur beau papier Japon.

Jules Barbey d'Aurevilly a accepté de préfacer le Bric-à-Brac de l'Amour d'Octave Uzanne publié en décembre 1878. « Votre livre, Monsieur, m’enthousiasme – s’écria-t-il, et je le veux dire… que voulez-vous de moi Monsieur ? une préface … un article du lundi au Constitutionnel ? – parlez, je suis à vos ordres, et je ferai pour vous ce que je vous dois pour le délicat plaisir que m’a causé votre livre… ». La carrière littéraire d'Octave Uzanne commençait sous de bons auspices. L'amitié durable entre les deux hommes donna lieu à une petite biographie publiée par Octave Uzanne en 1927.

BON EXEMPLAIRE AVEC BILLET AUTOGRAPHE DU CONNÉTABLE DES LETTRES.

VENDU



mercredi 24 février 2016

Bibliophilie rémoise. Le Premier Concile Provincial tenu à Reims en l'an 1583 (impression de Jean de Foigny, 1586). Reliure en veau de l'époque.


Hubert Morus MEURIER

LE PREMIER CONCILE PROVINCIAL TENU A RHEIMS, L'AN 1583. Par Monseigneur l'Illustrissime et Reverendissime Cardinal de Guyse, Archevesque Duc de Rheims, premier Pair de France, Légat né du Saint Siège Apostolique. Le tout corrigé et approuvé par notre Saint Père le Pape Grégoire XIII. Et mis en François par M. H. Meurier doyen et chanoine théologal de Rheims, et l'un des assistants audit concile.

A Rheims, Par Jean de Foigny, imprimeur de mondit Seigneur le Cardinal, à l'enseigne du Lionn, 1586.

1 volume petit in-8 (170 x 110 mm) de 8 feuillets non chiffrés (titre, épîtres), 138-(2) feuillets (soit 279 pages).

Reliure de l'époque plein veau brun, fer ombilic doré au centre des plats, fleurs de lys au dos, filets dorés en encadrement des plats, tranches dorées. Reliure avec d'anciennes traces de restaurations aux coiffes, mors fendus avec manque de cuir, petit manque de cuir sur un nerf et une coupe, lacets absents). Reliure décorative encore solide avec quelques petites restaurations à prévoir. Papier fort. Quelques salissures sans gravité à l'intérieur. Cahiers légèrement déréglés. Exemplaire réglé à l'encre rouge.

ÉDITION ORIGINALE.

Edition bilingue latin (page de gauche) et français (page de droite).


Ce concile s'était tenu en mai 1583 à l'initiation du cardinal Louis de Guise qui décide de suivre et appliquer les directives du concile de Trente (1545-1563) qui fixait la doctrine du catholicisme et limitait un certain nombre d'abus. On y trouve les chapitres suivants : Du service divin - Du bréviaire - Des fêtes - Des sorcelleries et autres maléfices contraires à la religion chrétienne - Des sacrements - Du baptême - De la pénitence - De la sainte eucharistie - De l'ordre - Du mariage - Des sépultures - Des séminaires - Du clergé - Des religieux et de leurs monastères - Des curés - Des chapitres et chanoines - Des évêques - Des simoniaques et confidentiaires - De l'usure - De la juridiction - De la visitation - etc.


Le chanoine Hubert Meurier (1535-1602), assistant lors de ce concile et compilateur du texte imprimé publié en 1586, était un infatigable orateur. Il profita de la prédication du jubilé de 1575 à Reims pour relayer la doctrine catholique réaffirmée à Trente. Meurier en 1535 à Amiens, fit ses études à l'université de Paris dont il devint docteur ; il enseigna la théologie au collège des Cholets. Protégé par les archevêques de Reims, il devint successivement chanoine du chapitre de cette ville, théologal (1570), doyen (1574), promoteur au concile provincial (1583), grand maître du collège des Bons-Enfants (1590). Ligueur acharné, il fut emprisonné par arrêt du Parlement, le 16 mars 1595. Libéré, il passa en Lorraine malgré les efforts de ses amis pour le retenir à Reims et vécut à Saint-Dié où il mourut chanoine et doyen le 10 mai 1602. Dans le cadre de la réforme catholique de l'archidiocèse rémois, entreprise par les cardinaux Charles de 1132 Lorraine et Louis de Guise, Meurier publie une Chrestienne et catholique exposition des saints et sacrez mystères de la messe… (3 vol. in-8°, Reims, 1584, 1586, 1598). Dans cet ouvrage comprenant quatre-vingt huit sermons, il veut donner un traité complet du sacrifice de la messe considéré comme le « vrai fondement de toute la communion chrétienne ». Il étudie chaque partie de la messe en se référant à l'enseignement du concile de Trente. Son traité constitue une pièce importante dans l'étude de la spiritualité eucharistique : il donne l'état de la théologie en France à la fin du 16e siècle et témoigne des premiers efforts tentés pour introduire les décrets conciliaires dans ce pays. Meurier formule des voeux en matière de pastorale : il demande un renouvellement de la prédication qu'il veut claire et en langue française. Il considère comme fondamentale la création de séminaires, dans lesquels il voit l'avenir de l'Église. On doit encore à Meurier, outre des discours de circonstance, la traduction du procès-verbal latin du concile de Reims rédigé par lui (Le premier concile provincial tenu à Reims, l'an 1583.., Reims, 1586), un Petit traité de l'antiquité, vrai usage et vertu tant des indulgences ecclésiastiques que des Agnus Dei (1587), un Traité de l'institution et vrai usage des processions (1584), trois sermons à l'occasion des processions blanches de Champagne (du 22 juillet au 25 octobre 1583), et le De sacris unctionibus (Paris, 1593) (source : Raymond Darricau, Article Meurier, Ed. Beauchesne, Tome 10, Col. 1131).


BELLE IMPRESSION RÉMOISE DU XVIe SIÈCLE.

VENDU


lundi 22 février 2016

La Salomé d'Oscar Wilde illustrée par Aubrey Beardsley. Rare édition française tirée à petit nombre en 1920. Rare tirage de tête sur Japon (35 exemplaires). Très bel exemplaire de ce magnifique ouvrage illustré.


Oscar WILDE - Aubrey BEARDSLEY, illustrateur

SALOMÉ. Drame en un Acte.

Paris, Edition à petit nombre réservée aux souscripteurs et non mise dans le commerce, 1920 [Corbière et Jugain, imprimeurs à Alençon, Novembre 1920]

1 volume grand in-8 (28,5 x 19,5 cm) de 84 pages, avec 12 bois gravés hors-texte, 1 titre illustré, 1 page de placement des gravures illustré, 1 essai de couverture illustrée, 1 cul-de-lampe tiré à part, soit 16 illustrations par Aubrey Beardsley. Complet.

Reliure demi-chagrin rouge sang, dos lisse titré en long. Couvertures violines conservées (les deux plats), avec étiquette de titrage imprimée pour le premier plat. Relié sur brochure, non rogné. Reliure à l'état proche du neuf, intérieur en excellent état. Très beau tirage des estampes d'Aubrey Beardsley.



NOUVELLE ÉDITION.

RARE EDITION FRANÇAISE PUBLIÉE A 285 EXEMPLAIRES POUR UN GROUPE D'AMATEURS.

CELUI-CI, 1 DES 35 EXEMPLAIRES SUR PAPIER JAPON.



Le détail du tirage est le suivant : 250 exemplaires sur vergé d'Arches et 35 exemplaires sur papier des manufactures impériales du Japon. Il a été tiré 5 exemplaires sur Japon non réservés aux collaborateurs.

Notre exemplaire porte le n°2. Numéroté au composteur. Ce numéro ne permet pas de savoir s'il s'agit d'un des 5 exemplaires de collaborateur ou bien l'un des 35 exemplaires sur Japon. Ce tirage sur Japon est si rare que nous n'avons pu trouver de point de comparaison.



La justification du tirage imprimée est très intéressante et précise : "Une partie de l'édition de Salomé publiée, en 1907, à 500 exemplaires, a été détruite, en 1910, par les inondations de la Seine. Cette nouvelle édition est destinée à la remplacer."

On peut lire par ailleurs imprimé au verso de la dédicace imprimée "A mon ami Pierre Louÿs" : "Cette édition de luxe a été publiée avec l'autorisation de M. Robert Ross, l'exécuteur des oeuvres d'Oscar Wilde et avec le consentement de ses éditeurs, MM. Methuen & Co (de Londres)."



Cette très belle édition, parfaitement imprimée, sur beau papier Japon en ce qui concerne notre exemplaire, présente la particularité d'avoir le titre illustré non censuré (on voit les attributs sexuels mâles du faune qui ont été chastement masqués pour les éditions précédentes). L'ange au bas du même feuillet de titre illustré est lui aussi pourvu de ses attributs sexuels masculins. La planche "Enter Herodias" est couverte, avec la feuille de vigne.



A propos du célèbre illustrateur de cet ouvrage, Aubrey Beardsley, mort à l'âge de 25 ans : "C'est un grand artiste anglais qui vient de s'éteindre, phtisique, à peine âgé de vingt-quatre ans, sous le soleil de Menton. Tout le clan de la nouvelle esthétique en Angleterre sentira cruellement le deuil qui le frappe. Aubrey-Beardsley fut un des plus prodigieux exemples de la prématurité d'art instinctif qu'il ait été permis d'enregistrer. A quinze ans, sans professeur, sans direction, il se révélait illustrateur de premier ordre. Son dessin net, vigoureux, précis, déroutait, inquiétait, passionnait par son extravagante originalité de conception et de facture les vétérans de l'art contemporain. On y retrouvait, avec un véritable malaise d'analyse, les styles grecs, persans, hindous, arabes, les visions du quinzième siècle, les grâces de notre dix-huitième, tout cela mêlé à des procédés vaguement tonkinois, à des reconstitutions de pantalonnades italiennes, à de somptueuses décorations dans le goût des premiers xylographes. A chacune de ses oeuvres nouvelles, tous les amateurs de Londres tombaient en émoi ; à Paris, Beardsley avait ses fidèles admirateurs et aussi ses élèves, ou plutôt ses plagiaires, à un âge où l'on tâte encore le chemin. Ses eaux-fortes et vignettes pour la (sic) Morte d'Arthur sont des chefs-d'oeuvre ; il y faisait revivre avec un maniérisme exquis le cycle de la table ronde ; ses dessins pour la Salomé d'Oscar Wilde, ceux de la revue The Savoye (sic) et du Yellow-Book ont été les points de départ de toute une nouvelle école de noir et blanc. C'est un véritable maître qui disparaît. Aubrey-Beardsley adorait Paris ; il était venu s'y fixer le dernier printemps sur le quai Voltaire, avant d'aller villégiaturer à Saint-Germain. Grand, maigre, diaphane, avec des yeux démesurés, des oreilles décollées, des cheveux rares, il était impressionnant à voir. - Au travers de sa chemise de lumière - comme disent les mages - on lisait la brièveté de sa destinée. Il aura du moins en sa précocité connu et peut-être apprécié tous les avantages des succès immédiats." Octave Uzanne, Visions de Notre Heure, Choses et Gens qui passent. Paris, H. Floury, (26 mars 1898) 1899.



Salomé est une tragédie d'Oscar Wilde dont la version originale de 1891 est en français. Une traduction en anglais a suivi trois ans plus tard. La pièce, en un acte, repose sur l'épisode biblique de Salomé, belle-fille du tétrarque de Galilée Hérode Antipas, qui, à la consternation de son beau-père, mais au grand plaisir de sa mère Hérodiade, demande qu'on lui apporte la tête de Iokanaan (Jean le Baptiste) sur un plateau d'argent comme récompense pour avoir exécuté la danse des sept voiles. Wilde écrivit cette pièce à Paris, où il s'était retiré après avoir achevé L'Éventail de Lady Windermere. Il la dédia à Pierre Louÿs, qui apporta quelques corrections au texte mais n'intervint que très peu. Séduite par le rôle-titre, Sarah Bernhardt décida de l'interpréter elle-même, et les répétitions commencèrent au Palace Theatre de Londres. Ces répétitions durent toutefois s'interrompre lorsque la censure du Lord Chamberlain eut interdit Salomé au motif qu'il était illégal de représenter sur scène des personnages bibliques. Indigné, Wilde envisagea de renoncer à sa nationalité britannique et de devenir français afin de ne plus avoir à subir de telles restrictions. Illustration d'Aubrey Beardsley pour Salomé : Iokanaan et Salomé Le texte de la pièce fut publié pour la première fois en français en 1893. Interrogé sur la raison pour laquelle il avait choisi d'écrire Salomé en français, Wilde cita le Flamand Maurice Maeterlinck comme un exemple de l'effet intéressant qui résulte quand un auteur écrit dans une langue qui n'est pas la sienne. La traduction en anglais parut en 1894 chez les éditeurs Elkin Mathews & John Lane, avec des illustrations dues à Aubrey Beardsley. Sur la page de dédicace, Wilde indique comme traducteur lord Alfred Douglas. En fait, Wilde s'était querellé avec lui au sujet de la traduction, peu satisfait de ce travail dont « le résultat fut décevant ». Il semble que le texte anglais soit l'œuvre de Wilde lui-même, qui s'est fondé sur ce qu'avait fait Lord Alfred Douglas. Ce fut à cette époque que s'ouvrit le procès au cours duquel s'opposèrent Wilde et le marquis de Queensberry, père d'Alfred Douglas, et à l'issue duquel, le 25 mai 1895, Wilde se vit condamné à deux ans de travaux forcés et emprisonné le soir même. La première de Salomé à Paris eut lieu en 1896 au théâtre de l'Œuvre ; des lithographies de Toulouse-Lautrec en illustraient le programme. Wilde était alors incarcéré à la geôle de Reading. L'interdiction du Lord Chamberlain ne fut pas levée avant presque quarante ans. La pièce fut cependant montée, de façon privée, dès 1905 avec une mise en scène de Florence Farr, ainsi qu'en 1906 à la Literary Theatre Society de King's Hall, Covent Garden. Salomé fut produite en Angleterre pour la première fois au Savoy Theatre le 5 octobre 1931. (source : Wikipédia)



Beaucoup voient en la Salomé de Wilde illustrée par Aubrey Beardsley l'un des premiers essais dans l'Art Nouveau. Son art, jugé grotesque et décadent par la bonne société de son époque, a plus tard été vu comme une critique de l'hypocrisie de la société victorienne.

TRÈS BEL EXEMPLAIRE DU TRÈS RARE TIRAGE DE LUXE SUR PAPIER DU JAPON.

Prix : 1.800 euros



jeudi 11 février 2016

L'Autre Monde ou les Etats et Empires du Soleil et de la Lune, Histoire des Oiseaux, par Cyrano de Bergerac. Superbe édition bibliophilique illustrée par Maurice de Becque (1944). 1 des 50 ex. de collaborateurs.


CYRANO DE BERGERAC - Maurice DE BECQUE, illustrateur

L'AUTRE MONDE. Les Etats et Empires de la Lune. Les Etats et Empires du Soleil. Histoire des Oiseaux. Illustrations à l'eau-forte de Maurice de Becque.

Editions des Moulins d'Auvergne, Clermont-Ferrand, 1944 (Imprimerie X. Perroux et Fils à Mâcon)

1 volume in-4 (24 x 19 cm), en feuilles, sous couverture rempliée imprimée et emboîtage toile de l'éditeur. Excellent état, proche du neuf.

ÉDITION BIBLIOPHILIQUE.

TIRAGE A 400 EXEMPLAIRES.

CELUI-CI, 1 DES 50 EXEMPLAIRES HORS-COMMERCE AVEC SUITE EN BISTRE, RÉSERVÉS AUX COLLABORATEURS.



Tous les exemplaires ainsi que les suites sont tirés sur papier d'Auvergne pur fil, fait à la main, comme au moyen âge.

Texte établi par P. Bondois, archiviste paléographe au Département des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale. Préface d'Emile Magne. Quinze illustrations à l'eau-forte, dessinées et gravées par Maurice de Becque.

Très belle édition bibliophilique illustrée (posthume) avec une grande finesse et l'esprit qui sied à Cyrano par Maurice de Becque (1878-1938). Edition publiée 6 ans après le décès de l'illustrateur.



Trop éclipsé par l'excellent Cyrano d'Edmond Rostand, le véritable Cyrano de Bergerac existe bel et bien et a laissé des textes d'une philosophie majeure. Les Etats et Empires du Soleil et de la Lune (parus pour la première fois en 1657. Certains commentateurs, dont Madeleine Alcover, considèrent les deux Voyages comme les deux volets d'un même projet romanesque, intitulé L'Autre monde. L'œuvre raconterait les voyages d'un même personnage, Je sur la Lune, et Dyrcona sur le Soleil (Dyrcona étant l'anagramme de D(e) Cyrano). La structure de chacune des deux parties est assez similaire : sur la Lune comme sur le Soleil, le narrateur rencontre différentes personnes avec lesquelles il aborde toutes sortes de sujets, et subit un procès dont une intervention extérieure le sauve. Cette œuvre est considérée comme un des premiers romans de science-fiction. L'auteur y décrit ses voyages dans la Lune et le Soleil et rend compte des observations qu’il a pu y faire de sociétés indigènes, dont le mode de vie est parfois totalement différent de celui des terriens, voire choquant, et parfois au contraire identique, ce qui lui permet d’en dénoncer indirectement les limites. Ces voyages imaginaires sont avant tout prétextes à exprimer une philosophie matérialiste. Le voyage de Je-Dyrcona est un voyage initiatique, il se qualifie lui même comme une « personne qui n'avait risqué les périls d'un si grand voyage que pour apprendre ». Ce dernier ne cesse de questionner tous ceux qu'ils rencontrent pour s'instruire sur leurs mœurs, leurs sciences, leur philosophie … Cependant, à l'inverse du roman d'apprentissage classique, Je-Dyrcona ne va pas découvrir des vérités, et bien au contraire, ce qu'il tenait pour vrai va être détruit. En effet, chacun de ses interlocuteurs énonce des vérités qui seront par la suite détruites par un autre interlocuteur. Il s'agit donc bien plus d'un roman épistémologique. On peut y voir une sorte de mise en garde contre la Vérité, rappelant la relativité de toute connaissance et de tout savoir (d'autant plus vrai à l'époque) ; ce qui donne toute sa place à cette œuvre dans le mouvement du libertinage intellectuel du xviie siècle. L'Histoire des Oiseaux est quant à elle extraite des Empires de la Lune. Cet épisode ou « histoire » des Oiseaux natifs du Soleil expose en effet les marques d’un système politique et sociétal assez original, car tout à fait opposé, ou presque, à celui des humains. 

SUPERBE EXEMPLAIRE.

Prix : 650 euros



mardi 9 février 2016

Bibliophilie - Les Oeuvres diverses du Sieur Nicolas Boileau-Despreaux (1685). Superbe exemplaire relié en maroquin signé Hardy de la quatrième édition collective, en partie originale.


Nicolas BOILEAU DESPREAUX

ŒUVRES DIVERSES DU SIEUR D * * * AVEC UN TRAITÉ DU SUBLIME ET DU MERVEILLEUX DANS LE DISCOURS, traduit du grec de Longin. Nouvelle édition revue et augmentée.

A Paris, chez Claude Barbin, 1685

2 tomes en 1 volume petit in-8 (167 x 94 mm - Hauteur des marges : 163 mm), de [6 ff. n. ch.]-298-[7 ff. n. ch. de table]- 1 p. d'extrait du privilège (décembre 1683), 190 pp. ch. et 4 ff. n. ch. de table. 5 figues hors-texte d'après Landry et Paillet, gravées par Vallet.

Reliure plein maroquin rouge vermillon, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, tranches dorées sur marbrure, triple-filet doré en encadrement des plats, jeu de roulettes et filets dorés en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne (reliure du milieu du XIXe siècle signée HARDY). Exemplaire lavé et réencollé au moment de la reliure. Parfait exemplaire, d'une fraîcheur remarquable.

QUATRIÈME ÉDITION COLLECTIVE, EN PARTIE ORIGINALE.



Edition en partie originale des Oeuvres poétiques de Boileau, contenant cinq épigrammes de plus que les précédentes ainsi que le Remerciement à l'Académie Française. Ce volume contient les Satires (Satires I à IX, ainsi que le Discours sur la Satire), les Epîtres (Epîtres I à IX, ainsi que la Lettre à Monseigneur le Duc de Vivonne sur son entrée dans La Fare de Messine, l'Art poétique en vers (Chants I à IV), Le Lutrin, Poème héroïque (Chants I à VI), les Epigrammes, le Traité du Sublime et du Merveilleux dans le Discours traduit du grec de Longin, et enfin, les Remarques sur ce Discours.

Notre exemplaire est un des rares exemplaires qui portent l'adresse du libraire Claude Barbin. Boileau avait cédé sont privilège au libraire Denis Thierry qui lui-même a dû partager des exemplaires avec le libraire Claude Barbin.



Nicolas Boileau était le quinzième enfant de Gilles Boileau, greffier de la Grand' Chambre du Parlement de Paris, Nicolas Boileau est, dès son plus jeune âge, destiné au droit. Il a deux frères : Gilles Boileau et Jacques Boileau. Nicolas Boileau est d'abord un enfant de constitution fragile qui doit se faire opérer de la taille à l'âge de onze ans. Il commence ses études au collège d'Harcourt. Ce n'est qu'en troisième, après avoir rejoint le collège de Beauvais pour étudier le droit, qu'il se fait remarquer par sa passion pour la lecture des grands poètes de l'Antiquité. Boileau, aidé de sa famille, a probablement forgé de toutes pièces une généalogie qui lui accordait un titre de noblesse et qu'il faisait remonter jusqu'au xive siècle, à Jean Boileau, un notaire royal anobli par Charles V. Nicolas Boileau revendiquait un blason dont les armes étaient « de gueules à un chevron d'argent accompagné de trois molettes d'or ». Cependant, rien dans la condition de Boileau ne laisse à penser qu'il ait pu avoir de véritables titres nobiliaires. Les premiers écrits importants de Boileau sont les Satires (composées à partir de 1657 et publiées à partir de 1666), inspirées des Satires d'Horace et de Juvénal. Il y attaque ceux de ses contemporains qu'il estime de mauvais goût, comme Jean Chapelain, Philippe Quinault ou encore Georges de Scudéry. Au contraire, il est un admirateur de Molière et, plus tard, de La Fontaine et de Jean Racine. Sa première satire paraît dans un temps où, malgré les succès de Pierre Corneille et de Molière, Jean Chapelain est encore la principale autorité en littérature. Les sept premières satires, qui paraissent en 1666, obtiennent un succès considérable qu'accroit encore la haine maladroite des auteurs que le jeune poète avait critiqués. Il leur répond dans une nouvelle satire, la neuvième, où se trouvent réunies élégance du style et plaisanterie piquante. Toutes ses Satires sont violemment attaquées par l'abbé Charles Cotin qui lui reproche son manque de tact et de diplomatie face aux autres poètes. Inversement l'abbé Cotin fait partie des cibles les plus fréquentes des Satires. La douzième satire, Sur l’Équivoque, a été interdite par Louis XIV sur l'intervention du père Le Tellier, confesseur du roi, malgré les démarches contraires du duc de Noailles. Elle circula cependant, après avoir été imprimée clandestinement sur instruction de l'abbé Boileau qui se vengeait ainsi des Jésuites, en même temps que pour venger son frère. Parvenu à l'âge de la maturité, il compose ses Épîtres, parues de 1669 à 1695 dans un style peut-être plus mûr et plus serein. Parallèlement, il traduit en 1674 le Traité du sublime du pseudo-Longin. Il commence la même année son Art poétique ainsi que Le Lutrin, œuvre entreprise sur un défi du président de Lamoignon où Boileau fait référence à Accurse. Il définit les différents genres avec précision, et donne les règles du beau en même temps qu'il en offre le modèle. Il est au xviie siècle l'un des principaux théoriciens de l'esthétique classique en littérature, ce qui lui vaudra plus tard le surnom de « législateur du Parnasse ». Il est l'un des chefs de file du clan des Anciens dans la querelle des Anciens et des Modernes, une polémique littéraire et artistique qui agite l'Académie française à la fin du xviie siècle, et qui oppose deux courants antagonistes sur leurs conceptions culturelles. Comme poète, Boileau entreprend de définir le goût, et cherche à fixer d'une manière claire et précise les lois et les ressources de la poésie classique. Prenant modèle auprès des grands poètes de l'Antiquité, qu'il défend et qu'il admire, il travaille avec une lente rigueur et cherche à ne pas être injuste dans ses satires. Malgré la prévention des philosophes du XVIIIe siècle, Boileau est aujourd'hui encore souvent pris comme référence scolaire pour la justesse, la solidité et le goût, l'art de conserver à chaque genre la couleur qui lui est propre, l'objectivité dans ses tableaux comme dans ses jugements, l'art de faire valoir les mots par leur arrangement, de relever les petits détails, d'agrandir son sujet, d'enchâsser des pensées fortes et énergiques dans des vers harmonieux mais toujours dominés par la raison. Mme de Sévigné dit de lui qu’il était « tendre en prose et cruel en vers. » (source : Wikipédia).

"Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément."

(Chant I de l'Art poétique, extrait)

Provenance : aucune marque d'appartenance.

Références : Rochebilière, 508 ; Tchémerzine II, 274. On lit dans la notice bibliographique de l'édition de Paris, Philippe, 1837 : "Des commentateurs ont nié l'existence de cette édition ; d'autres l'ont citée quelquefois, mais la plupart d'entre eux sans l'avoir vue." (n°48, note).

SUPERBE EXEMPLAIRE.

VENDU