vendredi 13 novembre 2015

La Décadence Latine. Ethopée III. L'initiation sentimentale, par Joséphin Sâr Péladan (1887). Exemplaire de dédicace offert à Octave Uzanne. Frontispice de Félicien Rops.




Joséphin PÉLADAN

La Décadence Latine. Ethopée III. L'initiation sentimentale.

Paris, Edinger, 1887

1 volume in-18 (19 x 12 cm), IV-343-(3) pages. Frontispice en héliogravure par Félicien Rops. Couverture illustrée en couleurs. Tirage ordinaire.

Reliure de l'époque demi-toile rouge à la bradel. Bon état.

ÉDITION ORIGINALE



Envoi autographe du SAR Péladan à Octave Uzanne : "A Octave Uzanne, en très vive sympathie & profonde estime esthétique. Joséphin Péladan".

Exemplaire vendu broché à la vente Uzanne de mars 1894, relié quelques temps plus tard (mais sans doute assez rapidement).

Octave Uzanne écrit en commentaire de son catalogue (il y vend plusieurs ouvrages du Sâr) : "Exemplaires avec envois autographes du Sâr, à l'encre verte, d'allure originale et kabbalistique. Les romans de Péladan, frontispicés par de véritables artistes (Félicien Rops pour ce volume), resteront marqués d'originalité et seront longtemps sympathiques aux néo-bibliophiles. Quoi qu'on puisse penser du Sâr et de son esthétique, son talent d'écrivain reste indéniable et ses fictions sont toujours  nobles, élevées, dégagées des bassesses et des ordures naturalistes. Au milieu de son œuvre évidemment trop touffue, des pages superbes apparaissent, des conceptions grandioses se dégagent. Parfois la phrase du mage atteint au mystère et s'égare dans un impénétrable occultisme, mais elle ne traîne jamais, il faut le dire, dans la fange ou la vulgarité. La postérité sera clémente à ce laborieux. Elle oubliera les excentricités de l'homme pour ne se souvenir que de l’œuvre vaillamment accomplie dans la constante recherche du rare et du beau, toujours au dessus du banal. Le cri de guerre du Sâr : Ohé ! les races latines ! n'a rien en soi de si fol. - Ces pauvres races sont bien vieillottes, bien exténuées, bien calamiteuses sur le fumier des âges où elles expirent avec l'orgueil des vieilles coquettes qui prétendent ne jamais déchoir."

L'initiation sentimentale est le titre du troisième volume de La décadence latine, un vaste cycle romanesque ou sorte de traité des passions auquel l'écrivain français Joséphin Péladan (1859-1918) consacra toute son existence. Le personnage central, Nebo, une des multiples incarnations de Péladan, enseigne à sa jeune élève Paule de Riazan comment connaître un amour pur et idéal. Pour ce faire, il stigmatise l'hypocrisie bourgeoise, le désordre qu'engendrent le romanesque et le dérèglement des passions. Rops réalise au cours de sa carrière de nombreuses illustrations de livres, le plus fréquemment ceux d'auteurs appartenant à l'avant-garde belge ou française. Pour le frontispice de L'initiation sentimentale, il réalise cette image provocatrice qui synthétise le contenu du roman. L'étrange Cupidon macabre qui se dresse devant l'arbre du Bien et du Mal résume les différents maux dénoncés par le personnage de Nebo. La confusion entre le petit dieu de l'amour et la mort chasseresse, les fesses dénudées qui chez Rops évoquent l'hypocrisie, l'allusion à la perversion féminine sont autant de transpositions visuelles du texte romanesque. Mais au-là de la simple illustration, le dessin de Rops constitue également une critique acerbe et amère de la société. Il se révèle ainsi comme un maître dans l'art très symboliste de la suggestion. (Musée d'Orsay, notice sur le frontispice de Félicien Rops). 

TRÈS BON EXEMPLAIRE DE DÉDICACE.

VENDU