lundi 23 novembre 2015

Bibliophilie & Symbolisme. L'Art et l'Idée, frontispice de Carlos Schwabe en 2 états (1892). Tirage de luxe sur Japon (30 exemplaires).


Carlos SCHWABE (illustrateur) - Paul AVRIL (graveur) - Octave Uzanne (directeur-rédacteur en chef)

L'ART ET L’IDÉE. Revue contemporaine du dilettantisme littéraire et de la curiosité, publiée par Octave Uzanne.

[Paris, Ancienne Maison Quantin, Janvier 1892]

1 fascicule grand in-8 (25,5 x 16,5 cm), broché, couverture imprimée, 80-(8) pages. Frontispice à l'aquatinte par Paul Avril d'après Carlos Schwabe, ici en 2 états. Couverture en 2 états. Excellent état, dos du brochage partiellement fendu.

TIRAGE DE LUXE A 30 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DU JAPON.

Cette revue était livrée mensuellement aux souscripteurs (abonnés). Le détail du tirage est le suivant : 1.000 ex. sur papier vélin (exemplaires ordinaires qui ont pour ainsi dire tous très mal vieilli, papier bruni devenu cassant) ; 600 ex. sur papier vergé des Vosges pour les abonnés ; 60 ex. de luxe dont 30 Japon, 15 Chine et 15 Whatman. Les 60 ex. de luxe sont les seuls à être enrichis d'estampes supplémentaires.

Comme pour tout ouvrage en livraisons, la page de titre générale sous laquelle se réunissaient les 6 livraisons formant le premier semestre (sur deux) de cette revue, n'est ici pas présente (elle était fournie aux abonnés en fin d'abonnement, avant de passer les exemplaires au brochage ou à la reliure). De même la numérotation ne s'y trouve pas, ce qui est normal.

PREMIÈRE LIVRAISON.

Cette revue compte 12 livraisons au total, soit l'année 1892 seulement.

Ce fascicule contient ainsi :

- 1 tirage en noir de la couverture.
- 1 épreuve de l'aquatinte définitive du frontispice de Carlos Schwabe, gravé par Paul Avril (tirage en bleu-vert sur papier Japon feutre).
- 1 épreuve du trait avant la teinte du frontispice de Carlos Schwabe, gravé par Paul Avril (tirage en noir sur papier Japon ancien vergé).

Ce fascicule contient plusieurs textes intéressants : Présentation par Octave Uzanne - Sensations d'art et Expressions d'idées par Octave Uzanne - Le petit théâtre des marionnettes et le poète Maurice Bouchor par Amédée Pigeon - Les Magazines illustrés d'Europe et d'Amérique par Henry Nogressau - La bibliographie à trois degrés par Bernard-Henri Gausseron - Les lendemains d'étrennes par Gérard d'Orgy (Octave Uzanne) - Ceux de demain, la génération littéraire qui monte, les jeunes et les revues, par Pierre Valin - Les Idées du jour et les Echos d'Art par Octave Uzanne - L'Art et la Littérature à l'étranger par Louis de Fliasac - Notre Télégnoste par Octave Uzanne.

Cette revue d'art et d'idées est sans doute l'une des plus belles aventures éditoriales portées à bout de bras par Octave Uzanne presque exclusivement seul pour la rédaction et le choix des artistes rassemblés. Cette revue est empreinte de symbolisme, l'Art nouveau et les idées neuves y fusent presque à chaque page. Ce n'est plus seulement la bibliophilie, l'amour des beaux livres qui animent ici Octave Uzanne ; c'est le dilettante esthète, amoureux d'art dans toute sa globalité

Carlos Schwabe (1866-1926), autodidacte doué d'une sensibilité névrotique, il ne connaît aucune formation académique à l'exception de l’École des arts industriels de Genève où il apprend à dessiner les plantes et à aiguiser son sens du décor, sous la houlette de Mittey. Visionnaire, mystique et éminemment solitaire, il est rapidement mêlé aux cercles parisiens les plus actifs et devient l'un des plus brillants auxiliaires du « Sâr » Peladan. Il réalise la première affiche du Salon de la Rose-Croix, reproduite dans Les maîtres de l'affiche (1895-1900). Son art du dessin et son idéalisme lui valent de devenir un illustrateur renommé : Stéphane Mallarmé, Albert Samain, Charles Baudelaire, Émile Zola dont il orne Le Rêve, Maurice Maeterlinck, José-Maria de Heredia, Pierre Louÿs, Catulle Mendès,Félicité de Lamennais, Edmond Haraucourt, Olive Schreiner, Charles Desfontaines (pseudonyme du baron Henri de Rothschild) etc. Sa conception originale de l'art de l'illustration est considérée comme une étape majeure dans l'évolution de cette discipline. Il expose à partir de 1891 au Salon de la Société nationale des beaux-arts, au Salon de la Rose-Croix en 1892 et au Salon d'automne. Il expose également à la Sécession de Munich en 1893 et dans divers Salons en Belgique ainsi qu'à Genève et à Zurich, et chez le marchand Siegfried Bing. On lui décerne une médaille d'or à l'Exposition universelle de 1900 à Paris et il reçoit les insignes de chevalier de la Légion d'honneur en 1901.Il a diverses expositions personnelles : à la Galerie des artistes modernes en 1903, la Galerie Moos à Genève en 1920 et, posthume, à la Galerie Georges Petit à Paris en 1927. Membre de l’« Union pour l'action morale », proche du philosophe Gabriel Séailles et de Mathias Morhardt (fondateur de la Ligue des Droits de l'homme), il est un dreyfusard engagé bien que n'étant pas juif. Il fréquente aussi les milieux occultistes et des personnalités comme Jules Bois et Édouard Schuré. Carlos Schwabe est aussi un mélomane et proche des milieux musicaux (Vincent d'Indy, Camille Erlanger) ; il est le meilleur ami du compositeur Guillaume Lekeu auquel il rend hommage après sa mort précoce à l'âge de 24 ans en 1894. La perfection de son graphisme le situe comme un précurseur de l'Art nouveau, et comme l'un des symbolistes les plus personnels, ayant des préoccupations religieuses et sociales mais aussi un certain panthéisme dû à ses origines germaniques qui complètent le portrait d'un artiste possédé par son idéal. On a comparé la pureté de son dessin, en particulier durant les années 1890, à Albrecht Dürer ou à Martin Schongauer. Avant 1900, son art, empreint d'un certain primitivisme, se caractérise par un trait anguleux et des visions symboliques compliquées, d'une grande perfection de facture. Après 1900, son art gagne en souplesse et devient plus charnel. Bien qu'évoluant vers un style moins marqué par le symbolisme, l'œuvre de Schwabe livre encore des images fortes comme La Vague (Genève, musée d'Art et d'Histoire) et ses études préparatoires qui allient vision hystérique, références à l'opéra et sentiment de révolte sociale. Il faut encore citer Le Faune (1923), dans lequel l'artiste produit un autoportrait symbolique non exempt de mélancolie. (source : Wikipédia). 

SUPERBE ÉTAT DES 2 TRÈS RARES TIRAGES DE LUXE DE LA TRÈS  BELLE COMPOSITION SYMBOLISTE DE CARLOS SCHWABE.

VENDU